A QUAND LA FIN DE LA DICTATURE DES ETHNIES AU BURUNDI?

 Burundi news, le 07/11/2015

Une ethnie, une religion, une région n' a jamais pris le pouvoir. Ce sont des individus avides du pouvoir et incapables de l'assumer qui se revendiquent d'une ethnie, région ou religion pour arriver au pouvoir et le confisquer. Ce sont ces mêmes gens qui maltraitent le peuple. Ils vont même à rendre esclaves les gens de leurs ethnies, régions ou religions. Au nom de la communauté, celui qui est au pouvoir revendique le droit de tuer l'autre. Il va jusqu'à revendiquer la liberté de tuer les leurs puisqu'ils s'estiment les représenter, les posséder jusqu'à leur existence.

Une ethnie , une région ou une religion est incapable d'assumer le pouvoir. De ce fait, elle ne peut pas diriger ou assumer les méfaits de celui qui est au pouvoir.

Au Burundi, on nous a parlé des tutsi qui étaient  au pouvoir, des hutu au pouvoir, des gens de Bururi au pouvoir, des gens de Ngozi au pouvoir. A part une petite clique autour du Président, combien de tutsi ont bénéficié des avantages du pouvoir, combien de hutu ont bénéficié des avantages du pouvoir quand un hutu présidait le Burundi, combien des gens du Sud en ont bénéficié? Pourtant, on sait très bien que des hutu ont été exclus des sphères du pouvoir à un certain moment de l'histoire. On sait que des gens ont été exclus du fait qu'ils sont tutsi pour certains postes sous la direction d'un hutu. La machine divisionniste se met derrière une  couverture ethnique, régionale ou religieuse pour exclure les autres. Après avoir exclu les autres, la même machine exclut les siens jusqu'à garder quelques individus. Pour cacher son caractère divisionniste, elle trouve son Butelezi, un membre de la communauté exclue pour l'afficher. On se rappelle comment les hutu étaient affichés pendant la campagne de Buyoya en 1993 alors qu'ils était moins de 25 % dans le gouvernement avant le fameux gouvernement d'unité nationale. On a aujourd'hui un tutsi comme Jean- Jacques Nyenimigabo qui a pour rôle de chanter les louanges à Nkurunziza. Il y a quelques tutsi de l'Uprona de Concilie qui sont là pour amuser la galerie.

Un pouvoir d'un tutsi, un échec pour le peuple

De 1966 à 1993, il y a eu des pouvoirs des militaires tutsi. Ils n'ont pas dirigé pour les tutsi même si dans l'exclusion des hutu, certains y voyaient une dictature tutsi. Ces pouvoirs ont tué des centaines de milliers de hutu. Ils ont exclu des postes importants des milliers de hutu. Le pouvoir d'un tutsi a été aussi un échec pour les tutsi car il n'a pas mis en place un système pour rassurer et les hutu et les tutsi.

A part les questions liées à la sécurité souvent purement psychologique, l'ethnie devient un gouffre. Même cette sécurité se conçoit contre les autres. C'est en voulant protéger qu'on met en danger ceux qui étaient sensés être protégés par ce pouvoir. C'est le paradoxe sécuritaire.

Un pouvoir d'un hutu, un danger pour tous

Le Président Ndadaye a été le meilleur des Présidents burundais. Malheureusement, il n'a pas duré longtemps. Il a été le meilleur des Hutu et des Tutsi. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, Ndadaye allait être un Président burundais et non un Président hutu comme Nkurunziza le revendique ou d'autres qui ont revendiqué par les pratiques des Présidences tutsi. Lors d'une conversation privée du Président Ndadaye avec quelques ministres, il expliquait à ses ministres hutu qui étaient dans une famille dans un cadre privé, qu'il n' y a pas des intérêts des hutu et qu'il y a seulement les intérêts du Burundi et c'est quand les intérêts de tous les Burundais sont défendus que les intérêts des hutu et des tutsi sont protégés.

Beaucoup de hutu pensaient qu'un pouvoir d'un hutu les protégerait. Or, depuis 2005, un pouvoir dirigé par un hutu n'a fait que tuer les hutu. Je me rappelle d'un membre du pouvoir qui m'a dit de ne plus écrire sur les massacres des hutu par le pouvoir de Nkurunziza car, disait-il " Nous massacrons les hutu, où est ton problème?" J'ai répondu qu'ils massacrent avant tout des Burundais. On est Burundais avant d'être hutu ou tutsi car les hutu et les tutsi existent au Rwanda et au Congo. Le pouvoir d'un hutu massacre aussi les tutsi pour monter qu'il équilibre. En réalité, le pouvoir d'un hutu a échoué comme celui d'un tutsi.

Nous voulons un pouvoir d'un Burundais

La dictature ethnique nous empoisonne, nous emprisonne. Ici ou là, on dit que le Président de la République doit être un hutu. De quel droit? Rien n'est ni dans les Accords d'Arusha ou dans la constitution. Est-ce que les citoyens de Bujumbura rural préfèrent un hutu Nkurunziza ou un tutsi qui peut les sécuriser? N'ont -ils pas compris que Nkurunziza a tué dans Bujumbura rural plus que Buyoya? Au nom de quel principe, le combat des idées devient-il  le combat ethnique? Est-ce que le patriotisme a une ethnie? Pourquoi le meilleur de nous tous, celui capable de ramener la paix, la croissance économique ne peut-il pas être un tutsi ou ganwa ou un twa? Sommes-nous déjà dans une dictature de nos cerveaux? Un Hutu peut diriger le Burundi comme un Tutsi.

Les Américains sont dirigés par un Président noir. Il n'est pas le pire. Et pourtant, les noirs américains constituent une troisième catégorie par la démographie derrière les blancs et les hispaniques. Un président hutu au Burundi peut être pire que les autres. Nkurunziza est le pire des Présidents que le Burundi a connus.

La dictature ethnique est aussi dans les mémoires des Burundais. On entend souvent dire que tel tutsi ou twa ne peut pas diriger le Burundi car il n'est pas hutu. Souvent, il y a aussi un complexe d'infériorité qui s'installe. Les idées de développement du pays priment sur les idées ethnistes qui n'ont même pas de place. Le peuple l'a démontré lors des manifestations unitaires contre le 3 è mandat. La médiocrité du système actuelle tient à ce poison ethnique. Ce poison empêche les talents à s'exprimer. On accède aux postes décisionnaires du pays pour des raisons autre que compétences.

C'est le Président Kagame qui disait qu'il avait été à Arusha et qu'il avait rencontré des Hutu et des Tutsi mais qu'il n' a pas rencontré des Burundais. Nous aussi, nous avons besoin d'un Président burundais. Qu'il soit du Nord, du Sud, Hutu ou Tutsi, musulman ou catholique mais qu'il soit patriote et qu'il pense au développement pacifique du Burundi  et à la démocratie. Quant à ceux qui vendent leur soi disant hutité pour accaparer le pouvoir au nom des citoyens qui n' ont mandaté personne sont des charlatans. La preuve, c'est Nkurunziza.