UN MONTAGE CONTRE UN ETUDIANT A L'UNIVERSITE DU BURUNDI

 Par Gratien Rukindikiza

Les montages grotesques ne manquent pas. Le 25 janvier 2012, un étudiant du nom de Pacifique Ndayisaba a été arrêté par des agents des services de renseignement et a frôlé la mort. Il a été sauvé par le fait que l'enlèvement a été connu et la Documentation craignait une révolte à l'université.

Est-ce que c'était la première fois qu'il soit inquiété par la Documentation? 

Au mois de décembre 2010, l'étudiant Pacifique Ndayisaba est intervenu pour sauver un étudiant tabassé par deux individus. Ce jour, il venait de signer le début de ses déboires avec la Documentation. Les deux agresseurs étaient en réalité des agents des services de renseignement. Au moment de la bagarre, ces agents ont sorti un pistolet. Celui qui était agressé au départ a pu s'échapper et a crié au secours. Les étudiants sont venus nombreux et les agents de la Documentation ont quitté rapidement les lieux mais en promettant à Pacifique Ndayisaba une  suite peu enviable. Quelques jours après, Pacifique Ndayisaba a été convoqué par Eric Kiramirana, directeur adjoint de la Régie chargé de la Sécurité.  Ce responsable de la Régie a lancé des avertissements à l'endroit de Pacifique Ndayisaba, l'accusant d'avoir agressé les policiers. Or, ces agents étaient en civil et Pacifique Ndayisaba n'intervenait que pour empêcher les deux hommes d'agresser un autre étudiant.

En janvier 2011, la régie universitaire a coupé la bourse de Pacifique Ndayisaba sans aucun motif. En avril 2011, une chambre à l'université lui a été refusée.

Le 25 mars 2011, 6 policiers ont arrêté Pacifique Ndayisaba et l'ont conduit à la Documentation. Il a trouvé celui qu'il avait sauvé en mauvais état après plusieurs jours de torture. Pacifique Ndayisaba a été accusé de diriger une section du FNL à l'université. Il était accusé d'avoir apporté des armes dans l'université. Une semaine après, il a été libéré. Par ailleurs, il continuait à être filé.

Un sachet de cartouches déposé chez lui par les services de renseignement

Pacifique Ndayisaba a eu un cadeau déposé par les services. Des cartouches emballées dans un sachet  ont été déposées chez lui en son absence. Quang il a vu ce paquet, il est allé déposer le colis à l'Aprodh. Il a été saisir la justice en compagnie d'un membre de l'Apodh et un avocat. La demande n'a pas eu de suite. Cela n'a pas empêché Jean Claude Ndayikengurukiye, directeur adjoint de la Régie universitaire chargé de la sécurité de le convoquer le vendredi le 20 janvier 2012.  Il lui a été demandé d'écrire une lettre où il devait reconnaître des faits non posés. En tant que juriste, Pacifique Ndayisaba a refusé et il a promis une réponse verbale. Or, la Régie voulait une lettre écrite au plus tard lundi 23 janvier 2012. La Régie travaille main dans la main avec les services de renseignement. Ayant refusé de signer une lettre d'excuse pour des erreurs non commise, Pacifique Ndayisaba a reçu la sentence des services de renseignement. Cette sentence est connue. La mort.

Pacifique Ndayisaba a été arrêté dans la rue le 25 janvier 2012, soit deux jours après avoir dépassé le délai fixé pour la signature de cette fameuse à la Régie. Il a été conduit au bar nommé Saga Rukoko. Ce bar est devenu une prison officieuse de la Documentation spécialisée dans la torture et les assassinats. cet étudiant devait accuser Mbonimpa, François Nayomya d'avoir fourni des armes et distribué de l'argent à l'université. Dans ce bar de Saga Rukoko, une liste de 41 étudiants proches de l'ADC Ikibiri lui a été soumise pour approbation et acceptation de participation à des actes de rébellion au sein de l'université. Après un moment de torture, un coup de fil aux tortionnaires a mis fin au calvaire. L'enlèvement était connu et il fallait éviter de l'assassiner. Il a été conduit au pont Ntahangwa et laissé sans aide.

Pacifique a été conduit à l'hôpital Roi Kahled où il continuait à être suivi par les gens de la Documentation, y compris ceux qui l'avaient torturé. Il a pu déjouer leur prudence et a quitté l'hôpital. Il se trouverait aujourd'hui dans un endroit tenu secret.

Où allons -nous?

Plusieurs Burundais se posent la question. Pourtant ils ont la réponse. Prenons un cas d'un chien qui devient enragé dans un village. Il mord une personne et cette dernière meurt, une deuxième, une troisième. Au lieu de s'organiser pour tuer le chien, les habitants préfèrent se cacher et sortir la journée en regardant dans tous les coins. Le chien continue à tuer et les villageois refusant de se mettre ensemble pour le tuer. Si les villageois continuent à refuser d'unir leur force pour se défendre, le chien pourra même défoncer les portes et mordre les gens terrés dans leurs maisons. Moralité, quand Pacifique a été enlevé, les étudiants n'ont rien fait. Quand deux étudiants ont été tués par la police, les étudiants n'ont rien fait. Aujourd'hui, quel est l'étudiant qui est en sécurité? Celui qui a adhéré aux Imbonerakure.

La Documentation tue dans ses bureaux. Elle tue dans la rue. Que faire. Aux Burundais de répondre. 72 a commencé par des enlèvements sans un mot. La suite on la connaît. Les pouvoirs se ressemblent.