ET SI L'EUROPE SE TROMPAIT DE SOLUTIONS A LA CRISE!

Burundi news, le 22/04/2012

Par Gratien Rukindikiza

 Votre site a déjà publié quelques articles sur la crise européenne. Cette crise est loin d'être terminée. Elle ne fait que commencer et se répandra comme le cancer dans le corps si les bonnes mesures ne sont pas prises. La crise de la dette publique  n'est pas née de la crise des subprimes contrairement à ce qui est dit car les banques ont remboursé tout l'argent qui leur a été prêté. La crise européenne a des bases dans la structure et non dans la conjoncture. Ce n'est pas un évènement nouveau qui a secoué l'Europe.

Le constat

Les économistes européens peuvent chercher de midi à 14 heures, ils ne trouveront pas de solutions tant qu'ils continueront à préconiser l'austérité. Ils devraient surtout apprendre l'histoire avant de se mettre à rédiger leurs papiers. La crise de 1929 nous a appris qu'une crise économique, qu'elle soit une crise de dette publique ou privée, ne se règle que par la croissance. Le New Deal du Président Roosevelt a sauvé l'Amérique. Si le New Deal n'avait pas préconisé les bonnes méthodes, les Etats Unis n'auraient pas eu les moyens pour financer la guerre contre Hitler en Europe en 1940.

La Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande subissent actuellement les attaques des spéculateurs financiers. Ces financiers amassent beaucoup d'argent sur le dos des peuples. Parce que ces Etats sont affaiblis par le remboursement de la dette, ces financiers augmentent les taux pour les nouveaux prêts destinés en réalité à rembourser la dette car elle constitue le grand poste du budget. Pour pouvoir remplir les conditions exigées pour les nouveaux prêts, ces pays sont contraints d'adopter les mesures d'austérité sans précédent. Jamais les Européens n'avaient été acculés à ce point. Ces mesures ont été appliquées à l'Afrique par la banque mondiale et le FMI dans les années 1980. Certains peuples ont manifesté violement. Malgré ces mesures d'austérité, l'Afrique a continué sa plongée  dans la pauvreté. Ces mesures portaient le nom de "Politique d'ajustement structurel".

L'Europe est au stade d'ajustement structurel mais le terme utilisé pour l'Afrique ne serait pas bien apprécié en Europe. Ce sont des mesures de restrictions budgétaires; soit la politique d'austérité. Cette politique se résume à une situation comparable à un affamé. Les prêteurs de semences demandent aux paysans affamés de rembourser la moitié des récoltes alors qu'ils mangeaient déjà une fois la journée. S'ils remboursent, ils ne pourront  manger qu'une fois les deux jours. Ainsi, ils n'auront pas la force de travailler la terre pour produire ce qu'ils mangeront la saison suivante. C'est la famine annoncée et les plus faibles mourront. Ils ne pourront même pas rembourser les semences. Pour se sauver, soit ils décident de fuir la zone; soit les prêteurs acceptent de réduire la part à rembourser. C'est exactement la situation de plusieurs pays européens.

Il manque la croissance à l'Europe

Ce n'est pas la crise qui fait du mal à l'Europe. C'est l'absence des mesures de relance économique qui précipite l'Europe dans un gouffre financier. Pour pouvoir rembourser les prêts, les Etats européens doivent renouer avec la croissance. Si la croissance n'est pas au rendez-vous, ces mesures d'austérité ne sont que des punitions contre les peuples qui n'ont même pas profité de cette mauvaise gestion.

La croissance européenne passe nécessairement par le changement du traité de Lisbonne  sur les déficits. Tant que le volet de la croissance réclamé par le candidat socialiste Hollande n'est pas intégré, l'Europe serait comme un homme qui se mettrait la corde au cou et qui monterait sur l'échafaud.

Les mesures suivantes sont indispensables : La baisse des taux d'intérêt de la BCE pour arriver à 0.50 %, les prêts aux Etats directement ou en passant par les banques publiques, les grands travaux pour relancer l'économie, le financement des PME rentables mais en manque de trésorerie, l'assouplissement de la politique anti inflationniste de la BCE et la protection douanière de la zone euro.

En prêtant aux Etats à 0.50 ou 1 %, les pays touchés de la zone euro pourront sortir de leur situation. Le poids de la dette baisserait. La BCE rachèterait les dettes des pays tout en payant au prix du marché non spéculatif. Les grands travaux rendraient d'abord la confiance dans les peuples, créeraient des emplois et du pouvoir d'achat. Il va de soi qu'il faudra prévoir une petite inflation associée à cette relance. Il ne serait pas préférable de lutter contre cette inflation en cette période de reprise car cette lutte ne ferait que casser la croissance. Plusieurs PME sont en train de mettre la clé sur la porte. Certaines le font, non pas parce qu'elles ne sont pas rentables mais parce que les banques ne leur prêtent plus de l'argent. Le gros de l'argent est affecté à la spéculation. Une banque publique prêterait à ces PME. La zone euro a besoin d'une certaine protection. Les Américains taxent chers les importations et demandent aux industriels désirant vendre aux Etats Unis de produire aux Etats Unis. C'est ainsi que Toyota produit les voitures Toyota vendues aux Etats Unis. Toyota crée des emplois pour les Américains. Pourquoi l'Europe ne le ferait pas?

Ces mesures s'imposent à l'Europe. Les dirigeants européens qui veulent passer par d'autres chemins de l'austérité devraient se rappeler de la gestion de la crise de 1929 et ses conséquences. La rigidité allemande ne doit pas conduire les autres pays au suicide. L'Allemagne vit de ses exportations en Europe. Tôt ou tard cette politique d'austérité que le gouvernement allemand impose aux peuples ne sera que néfaste pour le peuple allemand aussi. La baisse de la consommation en Europe entraînera aussi celle de la production industrielle en Allemagne. Ce que les dirigeants ne feront pas en Europe pour relancer l'économie, les peuples risquent de se révolter violement. En démocratie, le peuple a le dernier mot. La liberté de choix peut conduire à des votes extrêmes, rendant dangereux l'avenir de l'Europe.