William SAHINGUVU                                                                             Butare, 20/05/2007

Université Nationale du Rwanda

Faculté des Sciences Appliquées

Département de Computer Science

e-Mail: sahinguvu@yahoo.com

Web: www.e-nguvu.com

Tel. +250 08469063

 


 

Plaidoyer pour l'Évolution du Burundi vers la Société de l' Information et du Savoir

1         Introduction

Actuellement, le monde évolue à une vitesse spectaculaire. Cette évolution rapide est due, essentiellement, à l’importance de l’information, des normes et des technologies qui sont liées à sa production, sa circulation, sa publication et sa dissémination. Ces Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication - NTIC couvrent aussi bien les domaines: i)des télécommunications(c-à-d la téléphonie avec infrastructures réseaux, ses téléphones, ses systèmes, son contenu sous forme vocale, texte et vidéo), ii)de l’information (c-à-d l'informatique avec ses ordinateurs, ses systèmes informatiques, ses contenus informationnels multimédia etc..) que celles iii)de la communication.

Avec ses infrastructures et équipements de traitements et de communication complexes, les NTIC convergent pour former un tout multimédia interactif fonctionnant en synergie sur le réseau global via les réseaux de télécommunications, en utilisant les systèmes informatiques, l'Internet, le Web mais aussi la téléphonie, la radio, la TV etc.

La synergie sur le réseau fournit les moyens indispensables à la création de contenus informationnel publiques riches[1]. Le contenu des NTIC est à la base des changements de la société et de son évolution dans ses interrelations conduisant, ainsi, à la naissance de la société de l’information, du savoir et de la connaissance.

2         Les NTIC: pas un luxe, pas une panacée des élites mais un outil de base indispensable

Au 21ième siècle, l'appropriation et l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) ne devrait plus être perçue, par les acteurs dans le monde et particulièrement au Burundi, comme un luxe et encore moins une panacée des élites. C'est plutôt un besoin primaire: un outil de base indispensable, un catalyseur de créativité, de l'innovation et de la compétitivité, un moyen et une nécessité pour: créer une valeur ajoutée, accroître la productivité, accroître l'efficience et l'efficacité et réduire la pauvreté en créant un environnement propice pour une bonne gouvernance, une bonne éducation, bref un épanouissement complet dans tous les secteurs de la vie(social, économique, éducation, santé, recherche, culture et politique etc..). Les NTIC ne doivent pas être une fin en soi mais une priorité pour un développement intégral du pays.

L’appropriation, l'adoption et l’utilisation des technologies de l’information et de communication (TIC) comme secteur socio-économique n’a pas, cependant, pour vocation de se substituer aux autres activités et secteurs de la vie nationale. Elle a plutôt pour objectif de faciliter le travail des acteurs et d’apporter une impulsion qualitative.

3         Appropriation des NTIC pour un développement intégral

Les NTIC visent, en effet, à faciliter: i)l'acquisition, le traitement et la diffusion de données et de l'information, ii) l’accès rapide, libre et global 24h/24h aux services de qualité, iii)l’échange et le partage de données et des connaissances iv)la créativité et l'innovation v)la conduite des affaires par l'amélioration de la visibilité et de la compétitivité globale et à moindre coûts dans tous les secteurs de la vie. L’objet comme aussi le support de l’activité socio-économique et des échanges sont matérialisés par les flux d'échange de données, d’informations et des savoirs facilité par une infrastructure d'accès ouvert.

De part ses facultés d'innovation, de créativité, d'ouverture globale au monde etc., les NTIC peuvent constituer un des secteurs porteurs d'espoir pour les jeunes Burundais qui cherchent, désespérément, de l'emploi. Ils peuvent générer eux même leur propre emploi dans le secteur des technologies mais aussi des services. Ces deux secteurs offrent, en effet, beaucoup d'opportunités d'emplois et sont des moteurs de l'économie dans la société de la connaissance et du net.

3.1        Analyse des causes de l'inertie dans l'adoption des NTIC comme moteur de développement au Burundi

Bien que les infrastructures de connection, de traitement et d'échange d'information ne soient pas bien développées au Burundi et que l'accessibilité et la disponibilité des équipements et autres infrastructures soient les raisons le plus souvent évoquées comme les causes du faible développement du secteur des TIC, on peut néanmoins, constater que l'adoption et l'usage des NTIC n'est ni un problème technique (c à d celui du renforcement des capacités techniques par l’acquisition d’infrastructures et la consommation d’outils technologiques), ni financier mais culturel, organisationnel et de volonté politique.

L'adoption et l'usage des NTIC au Burundi est un problème culturel dans ce sens que les NTIC bouleversent les modes de vie (comme l'attachement à sa terre, transmission orale de l'information, l' éducation selon le modèle traditionnelle - le papier, la craie et le tableau noir etc…), les normes pré-établies et créent d'autres nouvelles normes socio-économiques.

Désormais, les NTIC apparaissent non pas, seulement, comme un instrument de travail mais aussi comme un mode de vie dans un monde virtuel mais avec des dimensions réelles, une source d'ouverture au monde. Bref, une nouvelle façon de penser et de vivre, un autre style de vie auquel il faut s'adapter.

La peur des changements, l’ignorance de l'étendue(soyez positif s’il vous plait !) des champs d’application des TIC et la perception négative de l' "envahissante technologie"(exemple: voir le poids accordée à l'influence des NTIC sur la culture et autres variables sociales dans la matrice des influences[2] du document de la vision 2025 pour le Burundi), la difficulté de s'adapter à de nouvelles mentalités et à de nouveaux modes de vie conduisent souvent à une inertie.

Cependant, on n'arrête pas l'histoire comme aussi la technologie. Plus tôt on s'embarque dans le train, plus tôt on façonne l'histoire alors que les retardataires sont occupés à l'écrire l'histoire. Il faut alors s'organiser.

S'organiser car l'adoption et l'usage des NTIC au Burundi est aussi un problème organisationnel dans la mesure où l'adoption des NTIC propose et impose souvent une restructuration (re-engineering) des systèmes socio-économiques existants et l’adoption d’un mode de vie qui dépend de plus en plus de ces technologies. Et ce nouveau mode de vie doit être façonné par les pouvoirs publics, donc un certain degré de volonté politique dans la définition des priorités. 

L'adoption et l'usage des NTIC au Burundi est aussi un problème de volonté politique parce que, pour éclore et se développer, un environnement propice au développement des NTIC doit être crée dans le ciel Burundais.

Les premières mesures[3] ont été déjà annoncées et des financements des NTIC au Burundi(un don de 18-20 millions de $ US de la banque mondiale) ont été octroyés[4] mais il reste, tout de même, leur mise en application car elles n'ont pas encore été suivi d'effets sur le terrain.

Avec ces fonds, les pouvoirs publics doivent jouer, à cet effet, leur rôle de catalyseur en proposant aussi de nouvelles initiatives pour promouvoir et renforcer le processus de prise de conscience de l’importance de l'utilisation des NTIC dans le développement des individus, des entreprises, de la société civile, de l'éducation, de la recherche et même des institutions de l’État.

Le succès des politiques gouvernementales dépendra, en effet, de la capacité des acteurs à faire usage d'outils moteurs de la performance et du développement  et qui créent ainsi un nouveau rapport économique, éducationnel, politique et culturel.

3.2        Appropriation des NTIC et l'évolution vers une société de l'information

L'environnement de la société de l’information repose, en effet, sur une économie caractérisée par l'usage des technologies pour produire des services de qualité.

Les NTIC sont, à cet effet, de puissants outils et catalyseurs de: créativité, initiative, innovation, interactivité, transparence, compétitivité, flexibilité, réactivité, gouvernance, productivité, contrôle, croissance, qualité tant au niveau locale que globale.

Les slogans de type "le pauvre ne mangera pas la technologie", les "priorités ne sont pas là" ne devraient pas masquer la réalité sur l'importance de ces outils comme des "enablers" ou "facilitateurs" de la réduction de la pauvreté et du développement et devraient céder la place à de nouvelles slogans qui font la promotion des «outils de la performance».

 

4        Le Burundi à l'ère de la société de l'information

 

 

Dans notre pays le système socio-économique existant repose essentiellement sur l’agriculture avec 90% de la population qui vie de cette dernière. L' exiguïté des terres, le poids et le comportement culturel d'attachement à sa terre contraint les propriétaires, même ceux qui ont de vastes terrains, à une agriculture de subsistance. La mécanisation est presque inexistante dans le secteur.

Cependant, au Burundi comme ailleurs, le bien-être socio-économique de la population demande l'élaboration et la mise en œuvre des stratégies et des plans d’action susceptibles de favoriser la performance et l’efficience pour le développement.

Ces derniers doivent jeter les bases d'un développement durable par la modernisation des infrastructures et des autres moyens de production, d'éducation, de bonne gouvernance, de transparence, de performance dans les échanges et dans la prise de décisions afin de créer un environnement propice au développement durable et intégral. Il y a là une nécessité de faire des choix: stratégiques et opérationnelles, des priorités qui permettraient de créer et de promouvoir cet environnement.

Ces stratégies devraient, ainsi, apporter une réponse aux problèmes d'enclavement, de faible industrialisation, de la faible et impossible mécanisation de l'agriculture et d' exiguïté des terres en transformant les handicaps démographiques du développement du pays en des atouts.

Relever ces défis ne sera possible qu'en transformant le pays et sa population en un foyer de savoirs et de connaissances capable d'être compétitif avec une valeur ajoutée sur le marché global.

Les pouvoirs publics devraient être, à cet effet, les promoteurs et le moteur de cette impulsion qualitative de la société Burundaise et l'usage des NTIC peut être un des moyens pour y parvenir rapidement car ces plans ont été déjà élaborée[5]. Ils peuvent être cependant amendés sur l'un ou l'autre point.

Les plans stratégiques et d’actions du gouvernement ne semblent pas, en effet, donner l’importance et le poids qu’il faut à ces nouveaux outils moteurs de développement[6].

Le faible niveau d’utilisation des technologies avancées et spécialement les NTIC fait que le travail reste difficile et peu performant et partant moins compétitif car l’accès aux ressources, la vitesse de traitement, la qualité des produits/services et de diffusion/dissémination des connaissances restent limitées et souvent médiocres malgré l'effort des concernées.

4.1        Développement de capacités en ressources humaines

L’éducation de la population est la clé de la réussite et une éducation répondant aux besoins constitue la plus grande richesse de chaque nation. Au Burundi le système éducatif classique ne répond plus aux attentes et besoins du marché tant locale que régional. En effet, les marchés actuel exigent une alphabétisation technologique que le système éducatif burundais n'offre plus. L'alphabétisation technologique consiste à donner une éducation et une formation de base en terme  de maniement et d'utilisation de l'ordinateur et des applications de base comme Word, Excel, Internet etc.. 

Pour réussir les défis de développement, l’alphabétisation technologique devrait être une priorité et même obligatoire aussi bien pour les adultes (dans les universités, les centres de formation professionnelle) que chez les jeunes dans les écoles primaires et/ou secondaires au même titre que l'alphabétisation linguistique que nous connaissons actuellement pour Swahili et l' Anglais.

Il est difficile, en effet, de comprendre qu'au 21ième siècle, l’unique université publique du pays n'a ni d'options, ni de départements et encore moins de facultés d'informatique dans ses structures.

Dans le secteur éducatif, la faible utilisation des technologies, la faible mise en valeur de la matière grise existante (avec la fuite de cerveaux) combinée avec un encadrement défaillant de ces dernières décennies, dues en grande partie à la guerre, ont conduit à la chute de la qualité de l'enseignement à tous les niveaux.

Il y a donc une nécessite de re-dynamisation et de re-modélisation du système éducatif existant. Cette re-modélisation de modernisation peut se matérialiser par l’introduction et la promotion, dans le système éducatif, de la formation par l'usage des technologies et spécialement des NTIC afin de faciliter l'appropriation des connaissances et du savoir.

L' appropriation du savoir et des connaissances par la technologie permettra, en effet, la réduction de la fracture numérique et pourra constituer une des clés pour que le Burundi puisse véritablement profiter de la mondialisation et s’intégrer dans l’économie du savoir avec des services compétitifs et de qualité.

4.2        Développement des capacités institutionnelles

L'État doit jouer un grand rôle dans la création d'un environnement propice en mettant en place une régulation claire qui permet l'intégration, l'accès, la dissémination des services publics. Un environnement propice facilitera la performance, la transparence et la bonne gouvernance de la chose publique et des ressources socio-économiques du pays. Ainsi, l'usage des NTIC pour le e-Gouvernement, le e-Gouvernance, e-Administration, e-Démocratie avec la participation active des citoyens pourra être implémenté pour améliorer la qualité des services dans la gouvernance démocratique. Ce qui permet d'améliorer aussi la relation Gouvernement - Citoyen.

Vue que l'introduction des NTIC facilite le travail des pouvoir publics, ces derniers devraient, ainsi, focaliser les énergies et les investissements à moyen et à long terme sur le secteur de la science et des technologies. L'investissement dans ces secteurs et l'accès ouvert à la connaissance permettent, en effet, de promouvoir et favoriser les domaines pouvant contribuer dans la création de l'emploi, la dissémination libre de savoir et l’évolution du pays vers une économie de services avec une part très visible du secteur privée.

En analysant les différents plans et les différentes interventions du gouvernement[7], on peut néanmoins remarquer une certaine incohérence de politique en matière de la promotion des NTIC au service du développement. Alors que des exonérations et autres facilitées fiscales[8] dans le secteur des NTIC sont annoncées, force est de constater que "c(s)es vœux", combien louables et pertinents ne sont pas suivi d'effets et mis en application. De plus cette politique de promotion des TIC affichée par le Président n'est pas reflété clairement dans les plans d'actions et stratégiques de développement du pays élaborées[9],[10] par le gouvernement. Pourtant des études bien documentées ont été faites, des rapports avec des conclusions et des recommandations pertinentes ont été produit et adoptés sur les NTIC (voir par ex: Rapport sur la stratégie nationale de développement des TIC 2004-2010, UNDP, BDI/02/002)[11].

4.3        Développement des capacités en infrastructures matériels et immatériels

En termes d'infrastructures, voici tout ce que dit le document du PAP/CSLP à propos des NTIC[12]:

"De manière générale, le développement des TIC au Burundi se heurte principalement à des problèmes liés à: i) la vétusté des moyens classiques de télécommunication existants ; ii) un taux assez bas d’équipement en réseaux de télécommunication qui est un obstacle à l’attraction des investissements de prestataires de service ; iii) la faible quantité de l'énergie électrique disponible ; iv) le faible parc informatique; et v) les coûts élevés des équipements et services TIC".

A cette liste non exhaustive, il faut aussi ajouter la quasi absence de réseaux informatiques locales, distants et Internet, de logiciels d'applications dans les organisations et institutions, la faible pénétration des TIC dans l'éducation et la faible promotion des TIC dans les institutions et organisations(e-governement, e-governance etc..).

Cette description reflète bien, malheureusement, l'état des NTIC au Burundi bien qu'elle ne soit pas exhaustive. Au vue de ce constat et compte tenu de l'importance du secteur des NTIC(il faut signaler ici que les NTIC ce n'est pas seulement les telecommunications mais bien plus...), on se demande alors quelles sont les stratégies adoptées et comment va-t-on les mettre en œuvre? Et le plan PAP/CSLP de proposer:

"Les stratégies à mettre en œuvre dans les domaines de télécommunication et NTIC consistent à: i)mettre en place un nouveau cadre juridique et réglementaire, ii) renforcer les capacités des ressources humaines, iii)désengager l’État de l’ONATEL, iv)mettre en place des infrastructures de communication à large capacité. Dans le cadre du Plan Directeur de développement des télécommunications, les principaux projets  d’investissement visent : i) la construction  d’une Station Terrienne INTELSAT; ii) l’extension du réseau câbles filières; iii) L’utilisation de la fibre optique dans le réseau pour se conformer aux exigences du projet EASSy (avoir les capacités nécessaires au désenclavement du pays pour le trafic régional international sur le réseau à câble optique de l’Afrique de l’Est); iv) l’installation et l’exploitation d’un réseau intérieur Backbone et l’Accès aux fibres optiques qui permettrait de rentabiliser l’investissement EASSy et répondre aux besoins  des TICs."

La mise en œuvre de ces stratégies avec un budget de 13 millions de dollars proposées par le gouvernement[13] (voir aussi le financement worldbank/rcip qui doit être canalisé sur le réseau fibre optique - backborne et l’Internet eXchange Points-IXP) ne reflète pas du tout les besoins immenses du secteur car les NTIC englobent tous les secteurs de la vie nationale. Ce montant est, de plus, presque exclusivement concentrés sur les secteurs des télécommunications grâce au rôle prépondérant, de fournisseurs d’infrastructures de supports et d’échanges, que joue les télécoms au détriment des autres acteurs dans les décisions qui influent sur le développement des NTIC(exemple: l'ARCT comme régulateur des télécommunications et le secteur informatique et la communication). Ce qui fait que les stratégies proposées ne reflètent pas toujours les besoins de tous les acteurs en terme de développement des capacités: institutionnelles, en ressources humaines et même en infrastructures téléinformatiques dans les services publiques et les autres (réseaux LAN ou WAN ou Internet, ordinateurs, logiciels de bureaux et d'applications etc.).

Les acteurs burundais dans les NTIC et surtout les sociétés des télécoms ont investi dans le développement du secteur des NTIC, mais les efforts sont loin d'être satisfaisants si l'on compare avec le niveau de développement du secteur des NTIC dans les pays voisins avec lesquels le pays est appelé à concourir dans le cadre de la East African Community (EAC) comme le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda.

Ces pays ont déjà développé des infrastructures de base, bien que certaines ne sont pas encore fonctionnelles, en termes d'accessibilité, de contenu mais aussi en ressources humaines. Ils ont déjà développés et implémentés plusieurs projets dans différents domaines comme: les infrastructures (le Rwanda par exemple a déjà posé sa fibre optique en jusque à Butare à 25 km de l' Akanyaru - frontière nord du Burundi par la société Terracom), les réseaux d'éducation et les campus numériques (NREN's), les Points d'Échanges Internet (IXP-Internet Exchange Points déjà fonctionnels au Kenya, Tanzanie, Ouganda, Rwanda et même en RDCongo..), Mobile Internet pour les communautés locales, VoIP, Geographical Information Systems - GIS, les portails web pour le Développement et autres systèmes d'information comme : les Cartes d'Identification Personnelle, le e-Gouvernement, le e-Archives, le e-Immigration, le e-Taxes, les Systèmes de gestion budgétaire, les Systèmes de gestion du personnel publique et de paie, le e-Paiement[14] et la e-TeleCompensation, le Réseau gouvernemental etc...

Des projets d'infrastructures de connectivité et d'accès d'envergure régionale comme Seacom(Dubai, Mombasa, Nairobi…), FLAG(Yemen, Mombasa, Nairobi, …), TEAMs(PortSoudan, Djibouti, Nairobi…) qui se veut être le réseau de Est African Community[15], le Nepad Broadband Infrastructure Network-NBIN ou EASSy (Captown, Mombasa, Nairobi, Kampala, Kigali, Bujumbura, Dar-Es-Saalam) ont aussi été initié pour résoudre les problèmes des coûts de la bande passante et de l'accessibilité ouverte au réseau et à l'information.

Le projet EASSy est soutenu par 13 gouvernements de la région d'Afrique Australe et de l'Est dont celui du Burundi et plus de 26 autres opérateurs nationaux (dont les opérateurs Burundais Onatel/Burundi et Telecel/Burundi etc..) et régionaux.

Les autres projets de câbles sous-marins le long des côtes Est-Africaines ont été initiés comme des voies alternatives envisagées par les opérateurs et le gouvernement Kenyan pour concurrencer, contrer et diluer "l'hégémonie" Sud Africaine sur le projet EASSy.

Il faut noter que le Kenya n'a pas signé d'accords sur le projet EASSy. D'où sa liberté affichée dans les choix alternatifs en terme de connectivité. Ainsi, EASSy ne partirait plus de Mombasa pour conquérir le continent sur ses backbones, mais bien de Dar Es-Salaam. Ce qui apparaît problématique, c'est que les signataires des MOU et d'autres accords avec EASSy, veulent se connecter aux réseaux des fibres sous-marins, peu importe de quelle source, pourvu qu’ils soient ouvert et à moindre coût. Mais lequel des fibres justement parce qu’ils ont déjà des accords signés avec le consortium EASSy? Et pour certains les financements, par la Banque Mondiale, des projets de fibres optiques du réseau backbone intérieur (RCIP) ou pour la participation dans le projet EASSY ont été accordés avec le sou

tien de ce dernier et du NEPAD[16] donc de la République Sud Africaine qui est majoritaire.

Dans les tentatives du Kenya d'imposer TEAMs pour EAC, certains pays risquent d'être ingrats ou de ne pas servir leur intérêts. Choix cornélien en vue. En effet, les conclusions et les recommandation de la conférence des états de l'EAC signées à Kigali le 08-09 mai 2007[17] sur les réseaux à haut débit reflètent cette volonté d'ouverture des backbones régionaux sans discrimination avec le principe du "Open Access". Ce qui, théoriquement, contribuerait et favoriserait la concurrence et partant la baisse des coûts d'accès au réseau international. On annonce déjà la baisse du prix jusque à 400$ la MegaOctet/mois alors que le prix du marché actuelle en Afrique tourne autour de 4000$-7000$ par Mégabit/mois.

Cette bataille pour le contrôle du réseau ne ferait que profiter au Burundi. Le Burundi, à la fin de la chaîne, devrait naturellement être connecté, peu importe l'opérateur, au réseau régional et international à moins que le Burundi, comme maillon faible de la chaîne, il ne se face rouler dans la farine avec des contrats bidons de type Nickel Musongati. Il faut néanmoins, à tout prix, boucler la boucle du circuit "Dar Es-Salaam, Mombasa, Nairobi, Kampala, Kigali, Bujumbura, Dar Es-Salaam".

Pour le Burundi, le projet des NTIC englobe entre autres la pose de fibres optiques et la mise sur pied d'un IXP(Internet Exchange Point pour les ISPs) est financé par la Banque Mondiale[18],[19],[20] pour un "don" de 18-20 millions de dollars US et devrait bientôt entrer dans sa phase de réalisation. Espérons que cette somme servira réellement à développer le secteur des NTIC et que les marchés seront conclus pour le bien du Burundi. Dans ce cadre, des initiatives d'extension de domaines pour les financement futures comme les projets de cartes uniques, d'interconnections des écoles, des ministères, l'intégration des services clés comme l'immigration, les douanes, l' état civile, les hôpitaux, l'administration territoriale etc.. devraient être initiées dans le pays.

5         Plaidoyer pour l'introduction du Burundi dans la société du savoir

Conscient que l’amélioration des conditions et du niveau de vie de la population et la création d'une société de connaissance et une économie basée sur une production et les services compétitifs et de qualité passera nécessairement par l’adoption, la mise sur pied et le développement de méthodes, de techniques, d’infrastructures performantes, de contenus, de structures organisationnels et par la création d'un environnement juridique adéquats, nous plaidons pour un amendement des plans d’actions, des stratégies et de la vision de réduction de la pauvreté et de développement durable du gouvernement Burundais afin d'introduire clairement les NTIC comme un des piliers et un axe moteur stimulant le développement durable.

Ainsi proposerions-nous l'introduction, dans les plans d'actions du gouvernement, d'un 5ième axe en plus des quatre piliers proposées pour le PAP du CSLP intitulé: "Introduction du Burundi dans la société de l’information du savoir et de la connaissance par la promotion des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) dans tous les secteurs". Nous plaidons aussi pour que le volet NTIC soit considéré comme l'un des piliers du développement du Burundi dans les plans de la vision 2025 pour le Burundi. àdéfaut de création d'un axe distinct et clairement identifié qui jouerait le rôle centralisateur et intégrationniste des politiques et des plans en matière d'ICT au niveau nationale, nous recommandons d'intégrer le volet ICT dans chaque axe et sous programme car l' ICT est trans-sectoriels.

La technologie de l’Information et de la Communication(TIC) deviendrait ainsi un enjeu pour le développement économique, sociale et la création d’une société de l’information (société du savoir et de la connaissance ou société du net). Couplées à une répartition équitable des bénéfices et des richesses[21], l’application cohérente et durable de ces technologies contribuerait à l’élimination de la pauvreté et au développement socio-économique.

6         Sources bibliographiques


 

[1] Sommet Mondial sur la société de l’Information, Déclaration de Principes, point 41,Geneve 2003, Tunis 2005

[2] Étude prospective Burundi 2025, Analyse structurelle: La matrice des influences après croisement des variables retenues pour l’étude de la vision 2025, Ngozi 6-16 Juin 2006, p2-6

[3] Nkurunziza P., Président de la République du Burundi, Discours du Nouvel An, 31/12/2006

[4] Communique de presse, Signature de l'Accord de Don par la Banque Mondiale/RCIP pour le financement des NTIC. Bujumbura, le 22/05/2007

[5] Rapport de Stratégie Nationale de Développement des TIC 2004-2010, PNUD, Projet BDI/02/002,

[6] Discours du Président: Lancement de l'Étude Prospective sur la Vision 2025.

[7] Nkurunziza P., Président de la République du Burundi, Discours de Lancement de l'Étude Prospective sur la Vision 2025

[8] Nkurunziza P., Président de la République du Burundi, Discours du Nouvel An, 31/12/2006

[9] Étude prospective Burundi 2025: Analyse structurelle, Ngozi, 6-16 juin 2006

[10] Programme d’Actions Prioritaires(PAP) de mise en œuvre du CSLP (Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté) 2007–2010, p.35

[11] Rapport de la: Stratégie nationale de développement des TIC 2004-2010, PNUD, Projet BDI/02/002

[12] Programme d’Actions Prioritaires(PAP) de mise en œuvre du CSLP (Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté) 2007–2010, p.35

[13]Ibidem, p.37, P.88

[14] BR Staff, Le système électronique d’échange monétaire PayPal bientôt accessible aux burundais, Article parue dans www.Burubirealite.org 15,Mai,2007

[15] www.fiberforafrica.net, US Digital Freedom Initiative & Rwanda Ministry of Infrastructure, East African Broadband Workshop, Kigali 08-09,Mai,2007. Dans l'article du Banlacing Act  KENYA’S TEAMS FIBRE PROJECT LOOKS SET TO DRAW IN OTHER COUNTRIES,Internet News, du 15/mai/2007

[16]www.ifc.org, Eassy project, consultée le 22/05/2007

[17]. www.fiberforafrica.net, US Digital Freedom Initiative & Rwanda Ministry of Infrastructure, East African Broadband Workshop, Kigali 08-09,Mai,2007. Dans l'article du Banlacing Act  KENYA’S TEAMS FIBRE PROJECT LOOKS SET TO DRAW IN OTHER COUNTRIES,Internet News, du 15/mai/2007

[18] A www.Cipesa.org Interview with Henry Rahardja of the RCIP World Bank,On The World Bank’s Plan for Regional Open Access Infrastructure, 10/05/2007

[19] Okuttah Mark, Catalysing capacity: Fibre optic cables to cut EA internet costs, in 'Business Daily’ of Kenya, 11/Maj/2007

[20] Communique de presse du 22 mai 2005, Ministère des finances du Burundi, Source: RSF Bonesha FM Bulletin de midi le 22/05/2005,

[21] Sommet Mondial sur la société de l’Information, Déclaration de Principes, point 41,Geneve 2003, Tunis 2005