Note de la rédaction : Nous publions un article qui concerne une affaire aux mains de la justice burundaise. L'auteur du texte est le plaignant. Nous le publions car l'affaire est actuellement connue des Burundais.

Expropriation pour remercier des militants du CNDD-FDD et régler du coup des comptes

Par Gaspard KOBAKO, ancien ministre du gouvernement du Président Ndayizeye

J’avais eu l’occasion de m’exprimer un peu sur les antennes de radio Isanganiro qui, pour la toute première fois, s’est intéressée à notre expropriation illégale par une procédure raccourcie du Ministre des travaux Publics et de l’Equipement, en disant en substance que j’allais intenter une action en justice, chose que j’ai faite dans la suite. De fait, il s’agit bel et bien d’un raccourci parce qu’il n’a pas été l’objet des services habiletés et compétents de la Direction Générale de l’Urbanisme et de l’Habitat. Cette expropriation concerne ma parcelle sise à Rohero II, cadastrée sous le numéro 6680a/A.

Il me paraît important, pour mettre le lecteur dans le bain et l’aider à mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce feuilleton scandaleux, de décrire sommairement quelques signes avant-coureurs qui ne trompent pas, qui prouvent à suffisance que ce retrait effectué au profit d’un militant du parti au pouvoir n’a rien de légal, n’en déplaise au Ministre des Travaux Publics et de l’Equipement (MTPE ) qui l’a fait seul, et lui seul, au mépris de la loi et des procédures normales. Il a, au regard de la quantité d’informations et de renseignements en ma possession, un objectif somme toute  mafieux :

1.      Alors que j’occupais toujours les fonctions de Ministre de la Fonction Publique, le sort semblait avoir été fixé. En effet, un des commerçants nantis de la capitale Bujumbura, financier et militant du parti CNDD-FDD s’est présenté deux fois dans mon cabinet pour me négocier ladite parcelle et pour signifier que le pouvoir qui sera mis en place -dont il était assurée de la victoire- pourrait me la retirer. Je lui ai dit chaque fois que la procédure d’acquisition du crédit pour la construire était fort avancée ; que j’étais déterminé à la mettre en valeur et qu’il y a des procédures légales et des délais pour retirer une parcelle à un acquéreur bona fide que je connais très bien pour avoir été moi-même Ministre des TPE.

2.      A quelques semaines après l’investiture du nouveau pouvoir issu des élections de juin 2005, une dame musulmane m’a révélé presque la même chose tandis que j’avais déjà entamé la mise en valeur.

3.      Avant que la lettre m’annonça le retrait ne me parvienne, un député de l’opposition avec qui on n’était ensemble au même  gouvernement de transition m’a demandé si j’étais au courant du retrait de ma parcelle, ce que je lui confirmais.

4.      Beaucoup d’autres personnes,  proches et éloignées m’ont informé sur ce qui se mijotait et se tramait, ce qui ne faisait que corroborer les renseignements en ma possession. En effet, la nouvelle faisait déjà depuis des semaines entières le tour des bistrots et des salons de la capitale, dans les milieux essentiellement du parti au pouvoir. Certains me parlaient de la main invisible du Président de ce parti, ce qui ne m’a guère surpris pour l’avoir côtoyé pendant longtemps et connaissant surtout sa manière de gérer les choses. Quoi de plus normal quand nous avons tous entendu, Madame Alice NZOMUKUNDA, l’ex deuxième Vice Présidente de la République si bien dire lors de sa déclaration annonça sa démission du gouvernement, qu’il appelait tel ou tel membre du gouvernement pour lui faire des injonctions sans s’en référait à la hiérarchie!

Je n’en veux aussi pour preuve la visite de El Hadj Hussein Radjabu, effectuée chez le  nouvel attributaire ou peut être co-attributaire (l’avenir nous le dira) de ma parcelle, la Mutuelle d’Epargne et de Crédit (MUTEC) quelque temps avant les élections, laquelle visite se solda par la présentation à coup de publicité de cette dernière comme la seule institution de micro finance viable, après avoir annoncé quelques temps avant la chute d’une autre micro finance dénommée FESIBU.

Je me suis intéressé naturellement de  savoir les tenants et les aboutissants de cette visite et ce que c’était finalement la MUTEC. J’ai appris que son patron, un certain RURI MIRIJE Jean-Marie, était issu de la diaspora burundaise autant que cette mutualité dont l’originalité est d’être regroupé dans la CODIBU avec siège à Bruxelles et dont l’objectif serait d’aider les familles restées dans le pays…

Sans entrer dans la profondeur des choses, je constate autant que mes compatriotes, que RURIMIRIJE Jean-Marie est bien souvent présenté, tambours battants, comme une personnalité tellement importante, mobilisant tant les media que la plupart des hautes personnalités du pays. L’avenir nous réserve sans doute des surprises ou des révélations très intéressantes.

Lorsque la lettre du Ministre des TPE formalisa ce qui se disait tout bas en m’y notifia que « j’étais sans doute au courant du nouvel attributaire » qui n’est d’autre que la MUTEC, je lui ai répondu que c’était un secret de Polichinelle. Outre qu’elle était truffée de mensonges, qu’elle faisait fi à la loi et m’intimider suffisamment, elle venait confirmer les faits déjà connus de tous. Je me rappellerai toujours d’une milice téléguidée d’environ cinq jeunes gens, d’expression swahili phone qui est passée en date du 17 novembre 2005 sur mon chantier pour dire « qu’ils » feront tout pour m’empêcher de continuer le projet. Comprend  qui veut…!

Je ne voudrais pas m’y appesantir ni pérorer là-dessus. Tout ce que je peux dire c’est cette ré attribution par forceps d’une parcelle pour laquelle j’ai déjà investi à hauteur de plus de 10 millions de Francs Burundais ne se fera que si la justice, qui fait son cours normal, aura tranché. Ce n’est peut être pas l’annonciation sur la voie des ondes qui donnera la légitimité du retrait encore moins les manœuvres dilatoires et/ou le refus délibéré de comparution observé à plusieurs reprises, qui consacra de facto ce retrait.

En définitive, il s’agit d’un acte de pur règlement de compte voire d’une vendetta, une façon somme toute de vouloir à tout prix anéantir ceux qui ne partagent pas la même vision qu’une partie des hommes au pouvoir, en leur dépouillant des biens acquis honnêtement. Ils finiront, j’en suis conscient, par comprendre qu’on ne peut pas être juge et partie et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. La justice qui fait montre ces derniers temps d’une grande impartialité, en redorant son image, triomphera encore une fois sur l’arbitraire.