LES FACTEURS ENDOGENES DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

 Burundi news, le 28 octobre 2007

Par Gratien Rukindikiza

Le monde est régi aujourd’hui par des règles qui font et défont les économies. Ceux qui se mettent en dehors de ces règles subissent les conséquences et punissent ainsi leurs peuples. Chaque pays ne peut plus produire ce qu’il veut car il doit estimer qu’il a un avantage comparatif par rapport aux produits venant de l’étranger. Compte tenu de la libre circulation des biens et des services, tout développement des pays du tiers monde doit passer par une production de biens ou et services exportables concurrentiels. Il ne sert à rien de produire des vélos deux fois plus chers que ceux venant de la Chine car ils seront invendus.

Pour assurer cette production, certains pays ne disposent pas de capitaux nécessaires pour investir. D’une  part, ceux qui détiennent la technologie ne lâchent pas facilement leur savoir- faire. Il convient alors d’attirer ceux qui ont les capitaux et le savoir-faire pour qu’ils viennent produire dans les pays en quête de développement.

D’autre part, ces pays en voie de développement ont besoin des fonds sous forme de prêts et de dons pour investir et équilibrer leurs budgets.

A la manière des entreprises cotées à la bourse, les pays disposent d’une côte internationale qui permet d’attirer ou non les capitaux et les aides étrangères. Cette cotation tient compte des facteurs internes de chaque pays qui favorisent l’investissement et la confiance. La liste n’est pas exhaustive. Nous pouvons citer la bonne gouvernance surtout l’absence de corruption manifeste, une législation fiscale claire et un respect de la propriété privée, une bonne sécurité, une stabilité politique, un système bancaire fiable et une politique favorable aux investisseurs etc ….

Bonne gouvernance 

La bonne gouvernance est un terme à la mode en Afrique. Des ministères sont créés pour renforcer cette bonne gouvernance. Elle est souvent sur le papier que dans la pratique. Nous nous limiterons à la lutte contre la corruption. La corruption est un véritable fléau en Afrique. Dans certains pays, la corruption dépasse le budget de l’Etat.

En général, la corruption ne commence pas à la base. Elle part d’en haut et descend jusqu’au planton. Si un Président de la République n’est pas corrompu, il est rare que ses ministres le soient sans être punis. Au Burundi, plus précisément, les Présidents ont été les plus corrompus. Je me garde de  donner des exemples.

Dans des pays corrompus, les investisseurs comprennent qu’ils ne seront pas tranquilles et préfèrent abandonner les affaires dans ces pays. De même, les donateurs refusent souvent de donner de l’argent qui atterrit dans des comptes en Suisse et au Luxembourg alors qu’il était destiné au développement des pays. En réalité, ceux qui pillent les caisses de l’Etat punissent doublement le pays. Ils le privent du financement social, économique et autre par manque de budget et le privent aussi des aides internationales.

Législation claire et respect de la propriété privée 

Pour participer à un jeu, il faut définir les règles du jeu. Les investissements sont plus protégés par des lois claires que par la bonne volonté des dirigeants. Personne n’a besoin d’investir dans un pays qui pourra demain nationaliser les usines et entreprises des étrangers sans compensations financières adéquates. Les entrepreneurs investissent pour un long terme et fonctionnent à l’aide des règles définies par des lois claires. Dans certains pays africains, des généraux exigent des parts dans des sociétés privées. Ces parts sont gratuites et sont cédées en échange d’une protection fictive. Or, ces parts coûtent chers à l’entreprise car c’est du manque à gagner des investisseurs, ce qui alourdit aussi les coûts de production car à défaut des fonds propres, provenant des bénéfices réinvestis,  l’entreprise est obligée d’emprunter sur un marché avec des taux exorbitants. Ces pratiques repoussent les investisseurs et les nationaux préfèrent investir dans des pays voisins sûrs.  

Sécurité et stabilité politique 

Personne n’a envie d’investir dans un pays en guerre ou instable. Celui qui investit a besoin de tirer profit de son apport en capital ou en industrie. L’instabilité politique ne rassure pas non plus car on connaît celui qui est au pouvoir et rarement celui qui sera au pouvoir. De même, la communauté internationale n’accorde pas souvent des aides ou des prêts à des pays instables politiquement. La sécurité et la stabilité politique sont deux facteurs majeurs de développement.

Système bancaire fiable

Les investisseurs travaillent avec des banques locales pour leurs transactions. De même, les grands argentiers mondiaux comme le FMI et la Banque Mondiale évaluent le pays en fonction de la stabilité monétaire, l’équilibre des agrégats nationaux etc…Or, c’est la banque centrale d’un pays qui en a la maîtrise.  Elle détermine la politique monétaire du pays et joue le rôle de gendarme bancaire. S’il ne fait pas son travail et laisse certaines banques mettre en péril les intérêts des épargnants, c’est tout le pays qui perd sa crédibilité. Les investisseurs étrangers et nationaux n’accepteront pas d’investir dans un pays ayant un risque bancaire. Il suffit de constater le nombre de faillites bancaires au Burundi depuis ces dix dernières années pour se rendre compte du contrôle défaillant de la banque centrale.

Une politique de séduction des investisseurs étrangers

Si tous ces facteurs sont réunis, les investisseurs étrangers ont un choix large. Pourquoi l’Ile Maurice attire-t-elle les investisseurs plus que le Cap Vert ? Pourquoi le choix de Botswana à côté de la Mozambique ? Au-delà des coûts de production, il y a une politique de séduction auprès des investisseurs. Certains pays les rassurent plus que d’autres et leur offrent des atouts, des facilités. Ce phénomène s’observe aussi dans des pays développés comme les pays européens. La France a accordé des subventions à la société TOYOTA pour investir dans des régions à fort taux de chômage. Les Etats-Unis accordent des facilités et aident à l’installation des cerveaux qui peuvent apporter un plus à l’économie américaine.

  Est-ce que le Burundi dispose des facteurs endogènes de développement ? La question est posée.