THE LEADERSHIP INSTITUTE

 

LEADERSHIP, GOOD GOVERNANCE AND HUMAN RIGHTS ADVOCACY GROUP

Bujumbura

BURUNDI

Email: theleadershipinstitute@yahoo.co.uk

 

A l’intention de:

 

L’Honorable Présidente de l’Assemblée Nationale

L’Honorable Président du Sénat

Au Président du Groupe Parlementaire CNDD FDD

Au Président du Groupe Parlementaire FRODEBU

Au Président du Groupe Parlementaire UPRONA

Au Président du Collectif des Associations de la Société Civile à Bujumbura 

A Transparency International, Berlin Allemagne

A la Banque Mondiale (Integrity Affairs Division), Washington, DC

OBJET : LES DESSOUS DE L’AFFAIRE FALCON

Les controverses liées à la vente de l’avion présidentiel FALCON n’ont pas cessé de défrayer la chronique dans le paysage tumultueux de la vie politique burundaise. Le déclenchement de l’affaire aura été le rapport de l’organisation de lutte contre les malversations économiques (OLUCOME) sur le processus pour le moins douteux de vente à la société DELAWARE CORPORATION et les accusations contre l’ancien Ministre des Finances, Dieudonné NGOWEMBONA.

Très rapidement et comme un seul homme, le gouvernement s’était levé pour défendre son Ministre des Finances en arguant que le Ministre avait agi sous les instructions du Conseil des Ministres et que ce dernier entérinait la mesure de vente et la procédure qui s’en est suivi. Cependant, afin de « fixer l’affaire » et lever toutes les équivoques, il fut décidé, de commun accord avec les institutions de Bretton Woods, de procéder à un audit indépendant de toute l’opération. L’audit constituait même une conditionnalité pour le déblocage d’une première tranche du DARE (Don d’Appui aux Réformes Economiques).

Tout d’un coup, le rapport d’audit sort et le gouvernement doit y adjoindre ses commentaires, selon le contrat, dans un délai de 10 jours calendaires. Avant même de faire ses commentaires de manière officielle, le gouvernement décide, dans un décret présidentiel limogeant le Ministre NGOWEMBONA, devenu Ministre de la Planification du Développement et de la Reconstruction Nationale, de faire une fuite en avant en reprochant de manière officielle et tapageuse, à ce dernier d’avoir induit en erreur le conseil des ministres dans cette vente. Nous apprenons, de source proche du gouvernement, que le décret est sorti alors que le Ministre NGOWEMBONA était auditionné par des collègues (déjà une marque de disfonctionnement car un ministre ne doit pas être auditionné par ses collègues ….) faisant partie d’une commission d’enquête et d’analyse du rapport d’audit. Les travaux de cette commission n’eurent pour assises que cette audition de près de 6 heures car, il semble que la dite commission vient de finir ses travaux, mais on ne sait pas encore qui d’autre fut interrogé par cette dernière a part l’ex-ministre de Finances, espérons que les conclusions seront finalement présentées au gouvernement, au peuple burundais et à la communauté internationale.

Nous nous devons de réagir à cette « parodie » de bonne gouvernance et relever les interrogations suivantes :

-         Pourquoi le Ministre NGOWEMBONA a été limogé alors que la commission venait d’être nommée et n’avait pas donné son rapport ? Dans ce cas, quel sera le rôle de cette commission si le Ministre a déjà été rendu responsable par le Chef de l’Etat lui-même?

-         Pourquoi le Chef de Cabinet Civil du Chef de l’Etat n’a pas encore été auditionné par la dite commission alors qu’il est cité à plusieurs reprises par le rapport d’audit?

-         Comme il ressort du même rapport d’audit, des contacts avec des personnalités très haut placées ont eu lieu avec la société DELAWARE avant l’intervention du Ministre NGOWEMBONA dans cette affaire. A quel niveau de l’Etat ces contacts ont eu lieu ? Qui est la personne qui a tiré les ficelles au-delà du Chef de Cabinet Civil du Chef de l’Etat, personnalité incontournable dans cette affaire ?

-         Qui a commandé le rapport d’expertise d’IANOVALE & HUNTER ?

-         Qui a garanti la vente à DELAWARE CORPORATION avant même que le Ministre des Finances ne motive la vente ? 

Sur cette affaire et comme le recommande le rapport d’audit, beaucoup d’autres  questions restent sans réponse et requièrent une enquête plus poussée que les auditeurs n’ont pu mener dans le cadre de la mission qui leur était confiée. Le gouvernement a préféré faire fi de cette recommandation des auditeurs. Nous ne pensons pas que le limogeage du Ministre NGOWEMBONA soit la réponse à toutes ces questions. Franchement, il est difficile de croire qu’un Ministre, aussi puissant soit-il, puisse prendre la liberté de faire faire un faux rapport d’expertise, et de surcroît ne pas payer cette prestation, à l’insu des gestionnaires de l’avion, le Cabinet du Président de la République. D’autre part, les maladresses et incohérences qui ont accompagné le limogeage du Ministre NGOWEMBONA sont pour le moins douteuses et tendent à démontrer que le gouvernement voulait montrer patte blanche à la communauté des bailleurs. Personne n’aura été dupe sur cette manœuvre. Le Ministre NGOWEMBONA était sacrifié pour sauver l’Etat dans son ensemble du scandale ? Mais pour protéger qui au sein de l’appareil de l’Etat ?

Une affaire qui implique le Conseil des Ministres, donc l’Exécutif doit être enquêtée en dehors de l’Exécutif. On ne peut être juge et partie. La mise en place de la fameuse commission par le Président de la République est contestable à tous les égards de justice, de transparence et tout simplement de bonne gouvernance. Par ailleurs, le manque de rigueur dans les travaux de cette commission le démontre clairement.  

Nous osons dire, ici, tout haut ce que tout le monde pense tout bas : la vente du FALCON est un vrai scandale dont les ramifications vont loin dans les coulisses du pouvoir exécutif. En effet, sous d’autres cieux, l’affaire FALCON aurait été à la une car elle touche une question fondamentale qui est la moralité de nos gouvernants.

Cependant, cette question ne saurait rester dans l’ombre. La vérité dans l’affaire FALCON doit être mise à nue et dans les plus brefs délais. Nul n’a le droit d’hypothéquer l’avenir du peuple burundais en le privant des moyens de son développement que sont l’appui de la communauté internationale et les recettes de l’Etat. Même pas un gouvernement élu s’il s’avère qu’il est irresponsable et corrompu à ce point.  

Nous lançons un appel à toutes les forces politiques du pays, à la société civile, au peuple burundais et à la communauté internationale d’EXIGER DU POUVOIR LA VERITE SUR L’AFFAIRE FALCON. Cette vérité ne transparaîtra que dans le cadre d’une commission nationale d’enquête composée de parlementaires issus de toutes les composantes politiques, des représentants de la société civile et des représentants de la communauté internationale, qui seraient chargés de faire la lumière sur cette affaire. La bonne gouvernance politique et socio-économique doivent être le credo et  la condition sine qua none de tous les amis et bailleurs de fonds du Burundi, en bref ils doivent faire pression pour l’éradication de la mauvaise gouvernance économique. La communauté internationale a une lourde responsabilité dans l’aboutissement de ce processus de recherche de la vérité dans la vente du FALCON présidentiel.

Nous demandons, à tous les médias, de relayer cet appel sur le plan national et international, sur les ondes, les médias Internet et tout autre support pour une large diffusion de ce message.

POUR L’INSTITUT

 

BARAKAMFITIYE Diomede