AFFAIRE FALCON : OU EN SONT LES TRAVAUX DE LA COMMISSION D’ENQUETE PARLEMENTAIRE.

 Par The Leadership Institute

En 2007, The Leadership Institute a été parmi les premiers à réclamer la mise en place d’une commission parlementaire d’enquête sur les dessous de la vente de l’avion présidentiel de type FALCON 50. Nous nous réjouissons de sa mise en place.

 

Cette affaire, désormais dans les mains des élus du peuple, a suffisamment bouleversé les relations de notre pays avec les institutions de Bretton Woods et on comprend pourquoi. Ce que nous refusons, c’est que les agissements de nos leaders compromettent l’avenir du peuple burundais, qui a tant besoin de sortir du cycle de pauvreté dans lequel il se trouve depuis plus d’une décennie.

 

Nous sommes aussi inquiets du déroulement des travaux de la commission d’enquête, connaissant le degré d’ingérence de l’Exécutif dans les autres institutions de la République. C’est dans ce contexte que nous avions suggéré l’inclusion de la communauté internationale, en qualité d’observateurs, dans les travaux de cette commission. Cependant, la noble institution qu’est l’Assemblée Nationale, est en droit de se voir accorder des présomptions de bonne foi.

 

Toutefois, si les travaux de cette commission d’enquête doivent être crédibles, nous avons énuméré toute une série d’observations qu’elle doit prendre en compte :

 

1.     La Commission doit analyser à la loupe les événements qui ont accompagné la décision de mise en vente du FALCON présidentiel : la note du Ministre des Finances ainsi que les délibérations du Conseil des Ministres. Pour cela, la Commission devra interroger certains ministres présents pour corroborer leurs dires sur cette affaire. Il faudra interroger les représentants de DELAWARE CORPORATION et les représentants de la société suisse qui assurait la maintenance de l’avion.

 

2.     La Commission devra répondre aux questions des auditeurs entr’autres celle de savoir qui était en contact avec DELAWARE CORPORATION bien avant que la décision de vente du FALCON soit prise en conseil des ministres. En clair, savoir si la question du FALCON, traitée en divers dans la réunion du conseil des ministres, n’a été qu’une mascarade pour avaliser un deal déjà conclue avec « des personnalités haut placées dans l’exécutif burundais ».

 

 

3.     Analyser les dessous de la déclaration du porte-parole du gouvernement, Monsieur Karenga Ramadhani, aux représentants des missions diplomatiques accréditées  à  Bujumbura. Le porte-parole du gouvernement a-t-il donné l’avis du Chef de l’Etat ? Et dans ce cas, comment interpréter le décret de limogeage du Ministre NGOWEMBONA, qui argue que ce dernier a « menti au Conseil des Ministres » ?

 

4.     Le rôle joué dans cette affaire par le Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat de l’époque, Monsieur Martin MBAZUMUTIMA, doit être éclairci, surtout les questions relatives à son voyage à Baltimore et à Genève en avril 2006 avec les dirigeants de DELAWARE CORPORATION, la société qui a acheté le FALCON 50, bien avant la présentation de la proposition de vente en Conseil des Ministres en mai 2006. Dans la même logique, il faudra fournir des réponses claires aux affirmations des auditeurs relatives à l’enregistrement de l’avion bien avant que la vente soit décidée en faveur de DELAWARE CORPORATION.

 

5.     Plus concrètement, quel rôle a joué le Président NKURUNZIZA dans cette affaire depuis le début. Le Ministre des Finances, a-t-il soulevé cette question en conseil des ministres après consultation avec le Président de la République ? Quelle a été la position de ce dernier dans les événements qui ont suivi la décision de vente du FALCON 50 ?

 

6.     Qui est la société IANOVALE & HUNTER AVIATION, et qui a amené son rapport d’expertise dans le dossier ? Cette société qui prétend avoir expertisé le FALCON a été contractée par qui ? Comment expliquer son intervention dans l’expertise de l’avion ? La réponse à cette question est primordiale pour comprendre toute la machination qui a entouré la vente du FALCON et dont les réponses tournent autour de l’Exécutif.

 

7.     Ainsi, la Commission Parlementaire devra enfin éclaircir la question de la responsabilité du Chef de l’Etat quant à la décision de mise en vente du jet, étant donné que tout tourne autour de la Présidence. Le Chef Suprême doit, pour sa crédibilité personnelle et celle de l’institution qu’il incarne et qu’il veut voir respectée sur le plan national et international, prouver aux burundais que ses mains son propres dans cette affaire et laver tous les soupçons qui planent sur tout le processus de vente de l’avion présidentiel.  Pour cela, nous ne voyons pas comment la commission procédera, sans un interrogatoire en bonne et due forme du Président de la République sur son rôle dans cette vente.

 

Cela n’est pas impossible. D’autres chefs d’Etat se sont livrés à cet exercice pour sauver leur crédibilité. Citons le cas du Président Clinton dans l’affaire Monica Lewinski et le cas du Président Museveni dans l’affaire des hélicoptères d’occasion qui ne pouvaient pas voler et sous la commission d’enquête dirigée par la juge Sebuttinde, actuellement juge au tribunal international de La Hague.

Museveni répondait aux questions de la commission en qualité de Commandant Suprême des Forces Armées ougandaises.

 

Dans le cas présent, le Président NKURUNZIZA devrait, en guise de transparence et pour se laver de tout soupçon dans cette affaire, inviter la commission parlementaire à venir l’interroger à la Présidence, en présence des représentants de la presse et en direct sur les ondes des médias pour que le peuple burundais puisse assister, en direct. Ceci doit être le couronnement des travaux de cette commission d’enquête si ces derniers doivent avoir une quelconque crédibilité.

 

Excellence, Monsieur le Président de la République, la balle est dans votre camp pour conclure le chapitre de votre crédibilité et de votre intégrité dans la vente de l’avion présidentiel. Nous attendons votre témoignage devant la commission d’enquête parlementaire.

 

Honorables, membres du Parlement, le peuple burundais doit savoir toute la vérité qui entoure la vente du FALCON présidentiel, et jugera votre engagement à le servir en invitant Son Excellence le Président de la République à témoigner devant votre commission en rapport avec tout le processus de vente de l’avion présidentiel. S’il le faut, une autre crise institutionnelle s’imposera pour l’amener à ne pas faire obstruction à la vérité.