LA FAMINE FRAPPE LES BURUNDAIS DANS L'INDIFFERENCE DES DIRIGEANTS

Burundi news, le 28/04/2012

Par Gratien Rukindikiza

Il est difficile de cacher la fumée quand une maison brûle. Il est aussi difficile de regarder la vérité en face quand on vit dans une opulence à côté de la misère sans aucun signe de solidarité. Le pouvoir burundais n'est pas à l'abri de l'arrogance de la richesse face à cette misère.

La famine frappe le pays

Des images qui viennent de Kirundo sont terrifiantes. Des gens meurent de faim, d'autres sont de véritables squelettiques. Pour la N ème fois, la région naguère nourricière du Burundi, connait une famine sans précédent. Cette province fournissait les haricots dans tout le Burundi, le sorgho, etc... Pourquoi Kirundo connait un déficit agricole au point de subir une famine? Et la solidarité des Burundais?

Kirundo n'est pas la seule province touchée par la famine. D'autres provinces sont touchées mais la saison sèche réserve des surprises désagréables.

L'absence de politique agricole plonge le pays dans la famine

Le budget du ministère de l'agriculture a été augmenté. Cette augmentation ne concerne pas en réalité une politique de lutte contre la famine dans des régions souvent touchées. Les semences sélectionnées sont absentes de cette politique, surtout pour les cultures vivrières.

A Kirundo, à Gitega, partout dans le pays, des rivières cheminent l'eau fertile vers le Nil. Les Egyptiens profitent de cette terre fertile alors que les fournisseurs sont plongés dans une famine. La population de Kirundo peut détourner l'eau douce des lacs ou de la Kanyaru pour alimenter les nappes phréatiques ou irriguer. Cette population, encadrée par les autorités, peut drainer,  à travers des canalisations, l'eau de pluie afin de l'utiliser pendant les courtes périodes sans pluie. Des méthodes existent. Les Asiatiques cultivent le riz sur des pentes en retenant l'eau de pluie. Qu'est-ce qui empêche les Burundais d'adopter une méthode adéquate? Ce n'est pas l'incompétence mais l'inconscience et le désintéressement. Les technocrates du pouvoir à Bujumbura ignorent la réalité du pays. Les avocatiers ne nourriront pas les Burundais.

Le Burundi a besoin des têtes pensantes, patriotes car il est au bout du rouleau. Les famines répétitives sont le signe flagrant d'un régime égocentrique, loin des intérêts du peuple.

Et solidarité nationale?

Une partie de la population souffre de la famine. Il y a certainement des régions qui ont des récoltes. Il y a des gens qui gagnent bien leur vie à Bujumbura ou dans d'autres villes. Pourquoi manque-t-elle cette solidarité nationale? Ce sont des Burundais qui meurent dans l'indifférence des autres.

Cette solidarité risque de faire défaut d'autant plus que l'Etat manque de fonds. Même les militaires et le policiers ne seront pas épargnés. Les indemnités de logements des officiers de 150 000 frs par mois sont gelées. Le budget prévu pour l'alimentation des militaires et policiers en 2012 est basé sur le prix de 1 200 frs par kilo de haricot. Or, le kilo coûte aujourd'hui 1 600 frs. Il sera difficile de résoudre l'équation à plusieurs inconnues.

Un gouvernement d'union nationale pour résoudre les problèmes de pauvreté de la population

Le Burundi est à la croisée des chemins. Plus que jamais, le pouvoir actuel est incapable de résoudre les problèmes de pauvreté de la population. La dérivée dictatoriale vaut au pouvoir l'arrêt des aides internationales. La situation est critique. Le peuple burundais est dans une grande misère. Il est grand temps que le pouvoir de Nkurunziza se rende compte de la réalité et accepte de négocier avec  l'opposition pour définir et conduire une politique nationale de réconciliation, de justice et de relance économique. Comme dirait le futur Président français François Hollande, le changement, c'est maintenant. Au Burundi, c'est maintenant qu'il faut changer.