LA FAMINE A KIRUNDO, UNE HONTE NATIONALE

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 25/01/2009

Un jour, je discutais au téléphone avec un paysan burundais, il m'expliquait que les simples paysans sont victimes de l'injustice d'une ethnie. Faute de savoir de quelle ethnie est mon interlocuteur, je lui ai posé la question de cette ethnie. Il s'insistait pour me dire qu'il s'agit de ces gens sans les nommer. A force d'insister, il m' a sorti la signification de cette ethnie des dirigeants, des hauts cadres qu'ils soient d'aujourd'hui ou d'hier. J'étais impressionné par cette vision des classes, qui en réalité, est cachée par cette fausse idée de haine entre les ethnies burundaises. Cette fausse haine est le cheval de bataille pour cette ethnie des dirigeants, des nantis afin d' endormir les citoyens selon le principe de diviser pour mieux régner.

Où sont passés les milliards de la Présidence?

La famine fait rage à Kirundo et ne semble pas affecter le pouvoir de Bujumbura. Pour calmer les esprits, le Président passe dans la province pour distribuer quelques kilo de haricots, de farine à quelques paysans. Après, c'est le tour du 1 er Vice Président. Ces distributions d'une ratio de quelques jours est une véritable honte à la nation. Ce n'est ni la première, ni la deuxième fois que la famine frappe cette région. Aucune stratégie n'a été prise pour éviter que ça se reproduise. Ce n'est pas la pluie qui manque même si c'est souvent elle qui détruit les champs. Même si la pluie pouvait manquer en certaines périodes, il y a des plantes qui résistent.

Cette famine de Kirundo est une véritable priorité nationale comme ces malades emprisonnés dans des hôpitaux. Nos dirigeants et nantis de l'"autre ethnie" comme dirait le paysan sont dans l'aisance dans les villas de la capitale. Le pouvoir n'hésite pas à dépenser des dizaines de millions pour des réception dans des hôtels de luxe ou pour de certaines  missions sans aucune importance  pour le pays alors que le peuple meurt de faim. Les états généraux sur la famine s'impose. Cette famine réclame les dizaines de milliards de francs bu du pétrole nigérian et aussi le magot du Président de deux milliards. Cet argent devait servir en priorité à nourrir en premier lieu la peuple affamé et en deuxième lieu la mise en  place des nouvelles méthodes culturales. Cet argent ne devrait plus servir à remplir les poches du Président et de ses proches, à financer la campagne électorale et à corrompre les opposants.

Où est passée la solidarité nationale?

Une telle famine est un problème national. Personne n'est épargnée, l'effort national est primordial. Pour sauver des vies, pourquoi ne pas consacrer 1% de son salaire pour cette noble cause? Dans tous les cas, tout dépend de la mobilisation par le pouvoir et aussi la forme de gestion de ces contributions. Au delà de la politique politicienne, le manque de mobilisation du pouvoir démontre que le Président qui parcourt les collines pour rencontrer la population le fait pour sa campagne et non pour l'amour du peuple.

Il n'appartient pas uniquement aux ressortissants de Kirundo d'intervenir auprès de leurs familles, de leur province. C'est un devoir pour tout burundais. Aujourd'hui, c'est Kirundo, demain, c'est Ngozi, après demain Gitega etc...

Au Burundi, ces dernières années, le patriotisme se meurt. On entend rarement des Burundais se battre pour une cause nationale, non syndicale. Les seules luttes sont purement politiques, en faveur de tel parti parce qu'il est au pouvoir, une façon de se faire voir pour mériter un poste. Rarement il y a des manifestations des partis de l'opposition parce que les militants privilégient le quotidien. Les manifestations pour obliger le pouvoir à endiguer cette famine répétitive ne se voient pas. Quand est-ce que les députés ou sénateurs, comme un seul homme, ont décidé de bloquer le Parlement ou le Sénat sur cette question de famine? Une telle famine répétitive devrait entraîner la démission ou le limogeage du 2 è Vice Président de la République et du ministre de l'agriculture et de l'élevage.