LA FAMINE DANS LE MONDE, LA FAUTE A QUI?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 16/04/2008

Ces derniers jours, des peuples réclament la baisse des prix des produits agricoles. Les céréales deviennent de plus en plus rares sur le marché mondial et deviennent chères. Les prix augmentent sensiblement et les pauvres n'arrivent plus à se nourrir. A chaque chose, malheur est bon. Les producteurs africains  du riz concurrencés par les asiatiques peuvent désormais produire et faire des bénéfices sans craindre une concurrence.

Une agriculture mondiale inégale au niveau de la compétitivité

Les pays développés et surtout les pays européens subventionnent leur agriculture au moment où l'agriculture africaine subventionne les gouvernements sous forme de taxes et de corruption. Le paysan européen est subventionné non seulement sur les tonnes produits de céréales mais aussi sur les terres laissées en jachère. Au même moment, le paysan africain ne dispose ni d'engrain, ni de machines pour produire plus. Pour produire la même quantité que son homologue européen, il lui faudra quatre ou dix fois de terre. Or, le producteur européen gagne en mettant plus ses terres en jachère. La reine d'Angleterre est parmi les agriculteurs européens les mieux subventionnés par la communauté européenne pour ses terres en jachère. Cette politique destinée au départ à réguler la production agricole pour ne pas produire plus en entraînant au passage la baisse des prix de vente; donc une baisse des revenus aux agriculteurs, est devenue une aberration. Elle pénalise l'Europe elle-même car les céréales manquent et elle doit les importer et elle continue à financer la base de la sous production des céréales.

Le biocarburant au détriment de la production alimentaire

Au moment où les peuples souffrent de famine, les pays développés, dans le but de réduire leurs factures de carburant, investissent dans l'agriculture destinée à produire du carburant pour les véhicules. La terre destinée à nourrir la population ne va que se réduire tant que le prix du baril continue à dépasser tous les records. Les pays africains risquent de tomber dans le piège en se lançant dans la production du biocarburant d'origine agricole en négligeant sa production destinée à nourrir sa population. Si l'Europe consacre une partie de ses terres au biocarburant, elle devra importer des céréales de l'Asie et de l'Amérique Latine. Ainsi, les prix ne feront que grimper et les pauvres populations africaines n'auront ni les moyens de produire pour leur autosuffisance, ni les dollars pour acheter le carburant.

Et le Burundi?

Le Burundi importe du riz alors qu'il devait le produire en grande quantité dans la plaine de la Ruzizi. La SRD Imbo a eu des problèmes avec les commandes non payées et doublées par les importations moins chères. Au Burundi, il manque une politique agricole à long terme. Il est déplorable que des marais restent inexploitées pendant huit mois alors qu'elles peuvent produire en trois cycles. Les gouvernements successifs ont négligé la paysannerie à part le pouvoir de Bagaza. Le budget actuel du ministère de l'agriculture est une honte pour le peuple. Cette famine qui s'annonce dans le monde ne va pas épargner le Burundi. Ceux qui veulent l'argent exporteront les produits demandés à l'étranger et les Burundais ne mangeront pas ces avocats qui envahissent le Burundi. Ne faudra-t-il pas penser aux nouvelles semences de haricot, de maïs, de blé, de pomme de terre au lieu de courir derrière les avocats qui ne manquaient pas au pays? Les dirigeants sont jugés sur leurs priorités. Si l'avocat est devenu la priorité des Burundais, il y a un problème quelque part.