IL FAUT SORTIR DU CYCLE INFERNAL DES DISETTES ET FAMINES.
Par Salvator Nahimana
Depuis quelques années, le Burundi est régulièrement secoué par des disettes ou des famines. Celles-ci déciment enfants, adultes et vieillards. Le manque de récolte a des origines diverses dont les années de guerre et/ou les calamités naturelles. A ces maux, s’ajoute la mauvaise gouvernance. Les Barundi tant de l’intérieur que de l’extérieur ainsi que les amis institutionnels du Burundi se mobilisent régulièrement pour aider temporairement les sinistrés. Cependant, ce problème qui devient cyclique mérite des solutions à long terme. C’est ici que les gestionnaires politiques et techniques sont interpellés.
1. Le rôle des gestionnaires politiques. Avec la paix en voie de rétablissement, une politique forte de la relance agricole doit être menée. A mon avis, cette politique concerne trois volets au moins. - L’autosuffisance alimentaire. - La protection des sols. - La mobilisation de toutes les forces techniques.
Si les statistiques n’ont pas changé, 90% de la population burundaise, voire plus, sont ruraux. La presque totalité de cette population vit de l’économie d’autosubsistance. Celle-ci provient presque uniquement de l’agriculture. Il n’est pas alors étonnant que quand ce secteur est touché, c’est tout le pays qui est mis à mal. Il devient alors urgent d’analyser tous les moyens possibles pour sauvegarder cette activité tout en orientant le pays vers d’autres richesses. Cette analyse doit viser le long terme. Dans l’immédiat, il faut prendre des mesures qui rétablissent l’autosuffisance alimentaire. L’encadrement de la population est plus qu’urgent ; il n’est pas normal qu’aujourd’hui, le paysan Murundi continue à travailler comme si rien n’avait évolué depuis au moins un siècle : les outils et les méthodes de travail n’ont pas beaucoup évolué. Pourtant, il y a des ingénieurs agronomes sortis des mêmes universités que les Belges qui avaient initié l’agriculture moderne au Burundi. Comment se fait-il que par exemple l’eau des différents ruisseaux ne soit pas exploitée lorsque le manque de pluie gêne les cultures des collines ? Un bon encadrement pourrait apprendre à la population la culture par arrosage. L’humain s’est toujours adapté aux phénomènes de son environnement ; mais que se passe-il donc sous le ciel burundais ? Comment se fait-il que les techniques de protection des cultures et de stockage d’eau ne soient pas mises en place en prévision des pluies abondantes ?
2. La protection des sols. Cette protection doit mobiliser tous les intervenants dans le secteur. Vu le relief du pays, cette mobilisation doit concerner la lutte contre l’érosion, ensuite l’enrichissement des terres peut être envisageable. Les spécialistes en la matière doivent avoir sûrement des propositions à faire.
Pour toutes ces raisons, la mobilisation de toutes les forces techniques oeuvrant dans le domaine agricole s’avère très importante. Des plans agricoles régionaux, avec des objectifs clairs à atteindre, doivent être planifiés et des évaluations programmées pour rectifier le tir si besoin en était. Une attention particulière devant être portée aux régions greniers du pays et la complémentarité inter-régionale. Une agriculture riche servira de tremplin pour le développement. N’oublions pas qu’un développement d’un secteur entraîne le développement d’un autre.
Cependant, il ne faut pas se leurrer, toute cette synergie ne verra pas le jour sans la bonne gouvernance qui est motrice de toutes les bonnes volontés qui sortiraient le pays de cette impasse. Le pays ne sortira pas de l’auberge tant que les pouvoirs seront conçus comme moyens d’enrichissement personnel. Tout n’est pas sombre, un pas qu’il faut sauvegarder à tout prix a été franchi : le libre choix de nos dirigeants, seule voie qui nous permettra de contrôler nos hommes politiques. Aussi, le citoyen Murundi doit mûrir. Il doit comprendre où se trouve son intérêt sur le long terme. Ainsi, son bulletin de vote doit aller dans l’urne de ceux qui lui auront indiqué clairement comment ils vont améliorer ses cadre et niveau de vie. |