LA FAMINE EN SOMALIE, LE BURUNDI EST-IL EPARGNE?

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 25/07/2011

La famine qui sévit en Somalie est une tragédie mondiale. Cette famine qui secoue l'Afrique  est un signe visible d'une réalité de la géopolitique et de la mauvaise mondialisation en cours aujourd'hui.

Cette famine interpelle plusieurs pays africains. Sont-ils à l'abri? L'Ethiopie et le Kenya sont menacés aussi. Le Burundi devrait commencer à se préparer pour éviter le pire. Le Burundi n'est pas loin de la  Somalie.

Une mauvaise répartition de l'alimentation mondiale et une absence de préoccupation des pays pauvres

En Europe et aux Etats Unis, les gens meurent par excès d'alimentation. Il y a de la viande à chaque repas en général. La viande est obtenue après des années d'élevage des vaches ou des porcs. L'alimentation des vaches et des porcs est faite surtout de maïs et de soja. Le maïs est la culture qui consomme beaucoup d'eau. Il faut de l'irrigation et cela nécessite de l'énergie. Le soja nécessite beaucoup de soins et il est importé des pays émergents comme le Brésil. Son transport consomme beaucoup de kérosène. Il suffit de réduire de moitié la quantité de viande mangée par citoyen européen et américain et affecter l'économie d'énergie au développement agricole des pays pauvres.

L'énergie économisé suffit pour retirer le sel de l'eau de l'océan indien afin d'irriguer en Somalie. L'Espagne consacre une petite partie de son électricité pour transformer l'eau de mer en eau potable. Il suffit de la bonne volonté des pays riches pour transformer la Somalie en terre fertile. Aujourd'hui, les pays riches dépensent des milliards pour nourrir les affamés somaliens. Les assister comme des incapables alors qu'ils ont la force. Ils n'ont pas besoin de l'aumône. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les Européens n'ont pas tous pointé à la soupe populaire. La technologie qui a suivi et le plan Marshal excluaient l'aumône. La dignité de l'homme a son prix quand on peut avoir la force de s'exprimer.

L'argent qui sera consacré à nourrir les Somaliens aurait  suffi pour transformer l'eau et irriguer le pays. Certains diront qu'il y a une guerre en Somalie. Oui, il y a la guerre. Mais avant cette famine, les Somaliens vivaient de leurs activités. Aujourd'hui, il y a la Somalie, demain l'Ethiopie, le Kenya. Faut-il attendre son tour pour que des ONG débarquent pour nourrir les pauvres africains?

L'Afrique a sa dignité. Les peuples ont besoin d'un certain respect. Le berceau de l'humanité ne peut pas être son tombeau.

La géopolitique, ennemi de l'Afrique  

Il y a des pays dont leurs richesses sont suivies par les puissances mondiales. Les richesses africaines servent à être spoliées. Combien de pays africains sont-ils capables de transformer en produits finis  leurs matières premières? Quel pays africain transforme-t-il son pétrole et le vend en Europe et en Amérique sous sa marque? J'en connais pas. Les Africains producteurs de pétrole ne font que toucher des commissions des compagnies pétrolières occidentales.

Tant que les pays occidentaux peuvent se servir, moyennant une petite commission aux pays ou aux dirigeants, ces pays n'auront pas besoin de déployer beaucoup d'efforts pour un partenariat économique. Cette façon de faire aiguise l'appétit des puissances et l'Afrique devient victime de la nouvelle géopolitique. Les ressources pétrolières ne dureront pas plus de 50 ans si la consommation continue sa progression. Il faudra inventer d'autres sources d'énergie. Avant ces inventions, les pays riches se ruent sur l'or noir de l'Afrique. On creuse partout. La pollution s'ensuit, la famine. Les minerais sont exploités sauvagement. Au même moment, personne ne pense à développer l'agriculture. La course aux énergies nouvelles ne laisse pas de place aux Africains qui n'ont même pas atteint le stade de l'agriculture du 19 è siècle en Europe avec les systèmes d'irrigation, les moulins, les charrues etc...

Et le Burundi, peut-il éviter la famine?

Les plus jeunes ne le savent pas. La dernière famine au Burundi de 1973. En 1971, ce fut l'année de l'abondance agricole, une surproduction. Les paysans jetaient leurs récoltes, faute d'acheteurs. En 1972, c'est l'année de la guerre civile. Après et pendant les massacres, les Burundais n'ont pas eu le courage de travailler dans les champs.

Ce fut une famine qui n'a pas été comme les autres car les Burundais ont été solidaires. Il y a eu très peu de morts et il n' y a eu aucune intervention humanitaire étrangère.

Aujourd'hui, la question qui se pose n'est pas de savoir si le Burundi a déjà pris les mesures pour ne pas connaître la famine. Regardons l'avenir. Quels sont les mesures à prendre?

Il faut avant tout créer un climat qui facilite le travail. Difficile de demander les paysans de Bujumbura rural de produire plus en ce moment d'insécurité.

Au Burundi, les anciennes forêts sont devenues des champs. Les arbres sont coupés sauvagement. Il est important de changer la technique  de cuisson et  de construction. Pourquoi le Burundi peut-il garder le système de production de charbon alors qu'il est interdit au Rwanda? Pire, la cuisson avec le charbon n'est pas interdit au Rwanda. Le Burundi doit brûler ses forêts pour fournir son marché intérieur et celui du  Rwanda aussi.

Les Burundais construisent leurs maisons avec du bois. Ce sont des arbres abattus. Combien d'arbres plantés par an? Très peu par rapport à ce qui est abattu. Le Burundi compte plusieurs ingénieurs, techniciens. Ils doivent aller sur le terrain, sortir des bureaux pour concevoir sur le terrain une nouvelle façon de construire les maisons sans bois ou tôles. Oui, Mesdames, Messieurs les ingénieurs, il y a de la matière et il y a des pistes. Il suffit d'étudier les architectures anciennes. Comment les pharaons construisaient-ils  leurs pyramides? Comment la ville de Tombouctou fut-elle construite au 15 è siècle?

Le Burundi est un pays vert mais qui laisse ses terres en jachère, y compris dans les marais. L'irrigation serait salvatrice. Il suffit de faire recours aux moulins à eau pour canaliser l'eau à travers les allées entre les champs.

Les engrais chimiques actuels utilisés au Burundi sont source d'une famine à venir. Au lieu de subventionner ces engrains chimiques, il faut penser à promouvoir les engrais verts. Le Burundi se prête à la nouvelle façon de culture en vogue en Europe à savoir la permaculture. Cette technique permettra de protéger le sol, de le rendre fertile et de nourrir sa population sans détruire le patrimoine de nos ancêtres.

La production nécessite la conservation et la commercialisation. Les circuits de commercialisation et de conservation des produits agricoles sont à désirer. Des coopératives agricoles pourront développer ces outils qui manquent.

Rendre l'agriculture rentable pour lutte contre la famine

Si le paysan ne gagne pas assez sa vie avec la terre, il préfèrera la ville. L'agriculture manquera de main d'oeuvre. Par ailleurs, si elle est rentable, elle développera la campagne et gardera les paysans dans les champs.

Demain, le Burundi exportera les excédents des produits agricoles au moment où la paix règne sur tout le territoire. En ce moment, la corruption sera étudiée dans les manuels d'histoire. L'alternance politique, dans l'indifférence, sera une réalité. La dictature, la mauvaise gouvernance, l'injustice sociale seront représentées dans les musées des guerres et mauvaise gouvernance au Burundi.

C'est mon rêve!