LES FAUX DISSIDENTS DU FNL ET LA PAIX AU BURUNDI

 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 02/12/2007

Depuis l'accession du CNDD-FDD, une pratique a vu le jour. La production de faux rebelles est devenue une entreprise nationale. Elle produit plus que les autres secteurs. En tout cas, c'est un domaine qui recrute le plus au Burundi. Aucune autre entreprise n'a recruté autant de gens au Burundi les deux dernières années. De même, cette entreprise a généré beaucoup plus d'accidents de travail que les autres entreprises réunies. Le risque commun s'appelle le FNL de Rwasa.

Dissidence du FNL, un mensonge qui trompe personne

Le CNDD-FDD avait promis de ramener la paix au Burundi mais il avait oublié de préciser qu'il ne le fera pas par négociation. Ils ont mis en place une stratégie de dissidence au sein du FNL Palipehutu. Des marionnettes sont apparues. Gatayeri a été logé, nourri et blanchi dans les villas de Bujumbura et se faisait passer pour un chef de la branche dissidente du FNL. Il a reçu des habits militaires du bataillon par flambants neufs pour se faire photographier dans les hauteurs de Bujumbura sous la protection de l'armée. Il a revendiqué des troupes qui venaient de nulle part. Le pouvoir a recruté au Burundi et à l'étranger des volontaires pour entrer dans l'armée et ils se sont retrouvés avec une étiquette Gatayeri. Le jour où Gatayeri a voulu virer chez Radjabu en disgrâce, il a été cueilli par ses protecteurs à Kinindo. Il est actuellement en prison à Mpimba. Tout est mal qui finit mal.

Une autre fausse dissidence du FNL a été montée de toutes pièces. Certains combattants des FDD ont été dépêchés au FNL dans le but de faire une dissidence après quelques mois. Ceux qui l'ont tenté à Bwiza ont été mitraillés par les hommes de Rwasa malgré la protection de la Documentation. D'autres fausses dissidences n'ont pas échappé aux tirs du FNL.

Plus fort que jamais, le FNL Palipehutu ne souffre d'aucune dissidence

Ceux qui ont cru que le FNL était fini après les fausses dissidences ont déchanté. Le pouvoir a été ridiculisé par les attaques répétitives et très bien conduites par le FNL sur les camps des faux dissidents. Les faux dissidents à qui le pouvoir avait promis de l'argent de démobilisation ou des postes dans l'armée n'ont eu que des malheurs. Ceux qui ne sont pas morts ont été conduits à l'hôpital.

Rwasa a démontré qu'il a encore son mot à dire. Quand Charles Quakula, le médiateur Sud africain parle de plus de 3 000 dissidents du FNL, il ne fait que répéter les chiffres fournis par le pouvoir. En minimisant la force de Rwasa et en se rapprochant trop du pouvoir, le médiateur s'est disqualifié. Il n'est pas accepté par une des parties du conflit, le FNL. Les Burundais savent bien que ce médiateur aura du mal à ramener la paix au Burundi. Le Burundi a besoin d'une médiation interne. Les Burundais sont capables d'écouter et de trouver une solution entre le pouvoir et le FNL. Le parlement burundais a sa place.

Les faux dissidents de Cibitoke, la dernière invention du Président Nkurunziza

Les élèves du Lycée de Cibitoke sont en grève. Ils auraient finalement accepté de rejoindre leur école. Le motif de cette grève est la proximité des faux dissidents avec les lycéens. Ils ont été soutenus avec raison par les députés de Cibitoke. Le ministre de l'éducation nation Kibeya s'est comporté d'une manière éhontée devant un problème de sécurité des élèves en limogeant les deux responsables du lycée qui ont soutenu les lycéens. Le ministre a déclaré que la plupart des lycéens étaient proches du FNL de Rwasa. Raison de plus de ne pas les rapprocher des faux dissidents. Il ne fallait pas faire la polytechnique pour se dire que les faux dissidents sont dans la ligne de mire du FNL. De ce fait, il fallait les éloigner de l'école.

La position du ministre de la défense a été assez délicate d'autant plus que ces faux dissidents n'étaient pas en réalité de son ressort. Devant les députés, il  a fait comprendre que tous ces gens ne sont pas des dissidents. Il en a profité pour lancer un SOS aux députés. Si la question du FNL n'est pas réglée dans quelques mois, les élections de 2010 risquent de ne pas avoir lieu. Les députés en ont pris conscience et ont décidé de mettre en place une commission pour étudier le fond du blocage de cet accord.

Les faux dissidents de Cibitoke servaient au Président Nkurunziza pour qu'il annonce que les derniers dissidents ont rejoint le pouvoir et qu'il ne valait plus la peine de négocier avec le FNL Palipehutu. Il les avait mis à côté d'un lycée pour tendre un piège au FNL. Si le FNL les attaque, des lycéens seraient victimes et le FNL pourrait être accusé des massacres à la veille des négociations et pourrait se disqualifier. Si le FNL ne les attaque pas, les vrais combattants du FNL pourrait rejoindre les faux dissidents car ils auraient l'impression que le gros des troupes a déjà quitté Rwasa. C'est ainsi que Charles Quakula est parti à Washington pour réclamer de l'argent pour nourrir et entretenir les soi-disant  derniers dissidents du FNL de Rwasa. La vérité a été connue et les faux dissidents sont devenues une charge de l'Etat. Les fonctionnaires qui réclament 34% devraient savoir qu'il faudra partager avec ces faux dissidents pour servir la politique politicienne d'un pouvoir corrompu.

Rwasa reste incontournable. Il n'y aura pas de sécurité, ni de développement tant qu'un accord n'aura pas été conclu. Sa force militaire reste intacte. Toute paix a un prix.

Et si le Président Nkurunziza se servait de l'absence d'un accord avec le FNL Palipehutu pour ne pas organiser les élections et se maintenir au pouvoir?