EST- IL LA FIN DU  FNL PALIPEHUTU DE RWASA ?

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 18 novembre 2005

On peut savoir quand on commence la guerre, jamais quand on la termine. Les Burundais ont choisi leurs dirigeants. Les perdants ont accepté le verdict des urnes. Ceux qui n’ont pas participé aux élections sont obligés d’attendre les prochaines élections dans 5 ans. Pourtant, la guerre continue. Le FNL de Rwasa continue et refuse de négocier avec le gouvernement de Pierre Nkurunziza.

Ces derniers jours, le Président de la République avait donné l’ultimatum au FNL pour négocier. Le délai a expiré. Il a promis que dans deux mois, c’est –à-dire fin décembre 2005, la question du FNL sera réglée. Les burundais se demandent si c’est la force qui sera utilisée au détriment des négociations. Les choses commencent à se décanter. Les sympathisants du FNL en mairie et en Bujumbura rural sont arrêtés par la Documentation nationale dans le but de priver le FNL de soutien logistique et des services de renseignements. Des combattants ont été aussi arrêtés. Le gros poisson est le commandant de la région de Bujumbura mairie, Bujumbura rural et Bubanza du nom de Nzabampema. Il a été arrêté en mairie de Bujumbura où il était hébergé chez un ancien député du CNDD de Nyangoma. Cette arrestation déstabilise énormément le FNL.

Après avoir passé plusieurs mois à l’étranger notamment au Congo, Rwasa vient de renter clandestinement au Burundi depuis une semaine. Il est rentré pour remettre de l’ordre dans son mouvement. Les désertions affaiblissent son mouvement. Rwasa lui-même n’est pas en parfaite sécurité. Rien n’est à exclure. Sera-t-il arrêté les prochains jours ? Wait and see. Son porte-parole Habimana implore la Tanzanie d’intervenir à leur profit pour leur éviter un fiasco au profit des négociations. A l’entendre sur des radios burundaises, les forces du FNL sont en mauvaise position. Pourtant, le FNL ne manque pas de soutiens.

Le FNL a des soutiens inattendus. Certains cadres des partis Frodebu et CNDD ont des contacts avec le FNL. Certains disent qu’un émissaire du CNDD de Nyangoma a rencontré un envoyé de Rwasa en Belgique. Une certaine partie de la direction du Frodebu conseille au FNL de ne pas négocier en faisant durer la guerre jusqu’à l’approche des prochaines élections. Ainsi, le Frodebu se positionnerait comme la branche politique du FNL ou le FNL en tant que branche militaire du Frodebu. En terrorisant la population pendant les élections, le Frodebu reviendrait au pouvoir. Les conseils politiques, les soutiens logistiques ne pourront pas arrêter les désertions et les arrestations des membres du FNL.                                                                                                                         Les tortures pendant les interrogatoires des membres du FNL par la Documentation donnent des résultats même si la méthode est à bannir.  Le soutien le plus inattendu du FNL est celui de l’ONUB. Il y avait eu beaucoup de rumeurs. Les services de sécurité viennent de saisir des tenues militaires de l’ONUB cédées au FNL. Certains parlent même des armes. L’ONUB chercherait à faire durer la guerre pour éviter de rentrer. Quitter le Burundi signifie le chômage. Les forces de l’ONUB se comportent en conquérants au Burundi sans pour autant rendre service aux burundais. S’immiscer dans les affaires intérieures est intolérable.

Rwasa a raté plusieurs occasions de négocier. En mettant toutes forces dans Bujumbura rural et à Bubanza, l’armée burundaise a des chances d’affaiblir militairement le FNL. Vaincre militairement Rwasa n’est pas souhaitable pour le peuple burundais. Ses combattants pourraient déstabiliser le pays par des actes de sabotage et de banditisme. La fin de la guerre n’est pas concevable en dehors des négociations, avec ou sans Rwasa. Cependant, encore vivant, Rwasa est incontournable. Le coup de Sindayigaya a accouché d’une souris. Malgré les moyens mis en œuvre à son profit par le nouveau pouvoir, Sindayigaya n’a pas été à la hauteur.