LE FNL, PEUT-IL ETRE POUSSE A REPRENDRE LES ARMES?

Burundi news, le 12/07/2010

Par Gratien Rukindikiza

Depuis la soi- disante disparition de Rwasa, président du FNL, les langues se délient. Est-il au Congo, en Tanzanie, à l'évêché, dans la province de Bujumbura rural chez le moniteur agricole ou même dans une ambassade? Rwasa est partout et nulle part. Pourtant, les services de Documentation s'arrachent les cheveux pour le retrouver. La question principale est de savoir ce que prépare Rwasa. Peut-il revenir comme un touriste qui rentre d'un voyage ou comme un héros qui rentre après un exploit ou comme un prisonnier arrêté sans défense?

L'armée de terre, la police, les milices Imbonerakure, hélicoptères et la marine pour traquer un groupe de moins de 10 personnes

La population de Kabezi et Kanyosha n'avaient jamais vu une telle démonstration de force contre un petit groupe en fuite. Même devant la mort, les hommes ne sont pas égaux. Les membres du FNL sont tués presque tous les jours dans Bujumbura. Aucune enquête n'est ouverte car le pouvoir connaît les meurtriers. Sans justice de l'Etat, c'est la justice populaire qui se met en place. Il a suffi que quelques membres du CNDD-FDD soient tués sauvagement, ce qui est regrettable et horrible, pour que toute une armada se mette en place. Que cette armada fasse son travail mais pour tout citoyen assassiné sans tenir compte de la carte du parti de la personne assassinée.

Si l'armée commence à maintenir l'ordre à la place de la police contre les règlements de compte entre les militants zélés du CNDD-FDD, les risques d'une explosion sont inévitables.

Et si le pouvoir poussait le FNL dans les maquis!

Les actes de provocations des jeunes imbonerakure à l'endroit des militants du FNL sont invivables pour ces derniers. Les arrestations, les disparitions, les passages à tabac des militants du FNL ne pourront pas calmer la situation. Au contraire, la violence appelle la violence. Ces militants commencent à se demander s'ils se laisseront traquer sans défense. La tentation de retourner dans la rébellion est grande; ce qui pourrait créer un problème d'intégration des FNL tout récemment entrés dans l'armée. Personne ne pourrait pas savoir quel genre de guerre.

Le pouvoir de Nkurunziza devrait revoir sa stratégie de la violence. Un pouvoir qui dirige par la violence prend fin par la violence. Ce ne sont pas les élections trichées qui protègent. Le Niger vient de connaître un coup d'Etat qui a été acclamé par le peuple et par la communauté internationale. Les dirigeants africains devraient intégrer cette nouvelle donne dans leurs décisions.

Jacques Bigirimana, exclu du FNL et infiltré au FNL depuis des années

Jacques Bigirimana est un ancien administrateur de Kanyosha du temps de Ndayizeye. Il était membre du Frodebu. Il est passé au FNL quand il a quitté le poste d'administrateur. Il a rejoint Rwasa dans les maquis et surtout en Tanzanie. Depuis la Tanzanie, Jacques Bigirimana est resté en contact avec le pouvoir. Selon une personne influente du pouvoir, Jacques Bigirimana a toujours servi le pouvoir CNDD-FDD.  C'est le même Jacques Bigirimana qui servait de médiateur entre Rwasa et le pouvoir au moment où Rwasa était assiégé par la police. Cette médiation n'était pas une initiative de Rwasa. Bigirimana est intervenu avec des gens du pouvoir. Il est clair que sa position le mettait plus du pouvoir que du FNL.

La grande surprise a été ses déclarations opposées à la ligne du parti FNL, se rapprochant du CNDD-FDD. C'était une bonne occasion pour ceux du FNL qui l'ont toujours perçu comme un traître. 

De nouvelles négociations entre l'ADC et le pouvoir

Rwasa pourra-t-il sortir de sa clandestinité si les négociations aboutissent? Faut-il croire aux futures négociations? Sur quoi et avec qui?

Les ambassadeurs des pays occidentaux au Burundi étaient convaincus que les membres d'ADC Ikibiri ne pourront pas boycotter les élections législatives. Ils ont compris que le Parlement et la permanence du CNDD-FDD pourraient être confondus. C'est ainsi qu'ils ont initié un cadre de dialogue qui démarre demain le 13 juillet 2010.

Le préalable à ces négociations est la libération des prisonniers des militants des partis ADC Ikibiri. Selon les dirigeants de l'ADC Ikibiri, ils ne sont pas demandeurs des postes de députés. Ils ne participeront que quand les conditions seront réunies pour une élection libre et démocratique.

Si les négociations échouent, c'est l'Uprona, parmi les partis contestataires des résultats communaux,  qui fera la campagne aux côtés du CNDD-FDD pour quémander des postes de députés et aussi pour que Yves Sahinguvu se maintienne à sa place. L'Uprona trahit ses principes pour avoir les miettes du CNDD-FDD.