LE FNL AU SECOURS DU CNDD-FDD 

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 05/02/2008

Après le blocage de l'Assemblée Nationale lié au fait que le pouvoir refusait l'étude de la question des négociations avec le Palipehutu- FNL, un autre groupe du pouvoir s'est formé avec la mission de négocier avec l'équipe de Rwasa.

Trois hommes en difficulté mandatés pour négocier

Le général major Adolphe Nshimirimana, administrateur général de la Documentation Nationale, le général major Niyombare, chef d'Etat major général adjoint de l'armée et Jean Marie Rurimirije, un homme d'affaires, membre du CNDD-FDD et proche du pouvoir ont été à Dar-Es-Salam pour négocier avec le Palipehutu -FNL. Paradoxalement, cette équipe n'était la bonne pour négocier en ce moment. Les trois hommes étaient en difficulté au niveau politique.

Adolphe Nshimirimana est accusé par l'opinion et certains agents de la Documentation de posséder  une milice qui tue et vole pour son compte. Le colonel Maregarege et l'agent Nizigiyimana Bienvenu ont décrit le genre de missions qu'ils recevaient de ce général. Il est pointé du doigt dans plusieurs assassinats et vols  dans la capitale. Il n'était pas le mieux indiqué pour représenter le Burundi dans ce genre de négociation. 

Niyombare a facilité la fuite vers la Tanzanie du colonel Vital Bangirinama. Ce colonel a reconnu être l'auteur des massacres de Muyinga. Le général major Niyombare a joué un rôle capital pour que Vital Bangirinama ne soit pas envoyé en prison. Au sein de l'armée, ce général se comporte comme le chef de la branche FDD au sein de l'armée et fait partie des généraux qui donnent des leçons de morale et de ligne de conduite aux députés du CNDD-FDD.

Jean Marie Rurimirije vient d'essuyer un échec cuisant au Sénat pour le poste de maire de Bujumbura malgré le soutien appuyé du Président Nkurunziza. Ce dernier ne rate pas une occasion pour tenter de propulser Rurimirije au devant de la scène. Le Sénat a plutôt jugé en âme et conscience.

Le FNL au secours du CNDD-FDD et du Président

Affaiblis, ces hommes avaient besoin d'un ballon d'oxygène. Le Président Nkurunziza a pensé à ce dossier du Palipehutu -FNL. Sollicités, les cadres de ce parti qui sont en Tanzanie et qui sont en relation avec le pouvoir d'une façon ou d'une autre ont accepté d'appuyer l'initiative. Ni Rurimirije, ni Adolphe Nshimirimana, Ni Niyombare, personne n'avait rien à offrir plus que les députés qui étaient sur le dossier ou la médiation internationale. Celui qui avait à offrir est le Président de la République car il était le responsable du blocage. Il a suffi qu'ils acceptent de libérer les prisonniers du FNL pour que l'équipe de Rwasa accepte l'offre et libère les 3 prisonniers. La comédie autour de cette libération n'avait d'autre objectif que de préparer l'opinion à un poste politique de Jean Marie Rurimirije.

Le Palipehutu-FNL a rendu un grand service au Président et à son parti aussi en tentant de faire oublier les difficultés de ces hommes avec ce déblocage des négociations et cette libération des trois prisonniers. Le Palipehutu- FNL a sans aucun doute des garanties que ça ne soit pas un marché des dupes.

La relance des négociations était devenue un enjeu majeur de la communauté internationale. Les 3 émissaires n'ont fait que récolter ce que les autres ont semé. Le médiateur sud africain et la pression internationale avait fini par convaincre le Palipehutu-FNL de revenir à la table des négociations. Il ne restait qu'un geste du pouvoir pour les négociations reprennent.

Que ce soit un poste d'Ombudsman ou une vice-Présidence auquel on prépare pour son prétendant, il n'était pas nécessaire de faire tant de comédie alors que les représentants du peuple étaient sur le dossier.