FAUT-IL UNE FORCE MILITAIRES INTERNATIONALE POUR SUPERVISER LES ELECTIONS?

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 23/02/2010

Les prochaines élections au Burundi sont uniques. Un pouvoir est obligé à se soumettre à l'exercice démocratique et commence à piéger cette démocratie. Les Burundais ont exprimé leurs doutes sur la bonne volonté du pouvoir à conduire ces élections sans incident. Des milices naissent ici et là pour bloquer les partis de l'opposition. Certains partis de l'opposition sont tentés par une constitution de milices. Dans cette démonstration de force, c'est le peuple qui en fait les frais. Personne n'a le monopole de la violence. Le Rwanda a démontré que celui qui déclenche la violence, qui s'en prend au peuple, n'est pas celui qui en récolte les fruits.

Inquiétudes aux Etats major des partis politiques

Le dernier rapport d'ICG a révélé au grand public ce que certains partis politiques commençaient à exprimer, une intervention militaire étrangère pour sécuriser les élections au Burundi. Ces inquiétudes ont pour origine ces milices qui se forment et surtout la police et la Documentation qui sont au service du parti au pouvoir. A plusieurs endroits, la police et la Documentation nationale accompagnent les membres du parti au pouvoir pour terroriser les militants des autres partis. La désorganisation de cette police n'inspire pas confiance aux prétendants au pouvoir.

Une force internationale, pour faire quoi?

Une force internationale est rarement une force de police efficace. Elle ne connaît pas le pays et ignore certaines réalités. Sa mission serait confuse et ne pourrait pas empêcher la violence, à moins qu'il ait une mission de combat. Or, cette mission est rarement acceptée par le financeur. Même les Burundais en pleine Somalie en guerre n'ont pas la mission de combat.

Le Burundi a une police désorganisée par manque d'encadrement et la faute incombe au ministre de la sécurité publique, au directeur de la police, à son adjoint etc.... La police n'est pas le seul corps de sécurité. L'armée, en dehors de sa mission de défense du pays, elle a aussi une mission de maintien de la sécurité à l'intérieur des frontières. C'est un corps organisé, bien commandé malgré les remous passagers, qui ne sont ni les derniers, ni les premiers dans l'armée burundaise. L'armée reste le corps en qui le peuple a confiance. C'est ce corps qui peut garantir un bon déroulement des élections. Au lieu d'aller chercher une force internationale inadaptée, les partis politiques devraient réclamer plus d'implication de l'armée pour sécuriser les politiciens en campagne électorale et même avant et aussi les lieux de vote. L'acheminement des urnes et des bulletins se ferait avec la protection de l'armée. Elle a les moyens matériels et humains et la réussite ne ferait que la renforcer.

Le Burundi n'a pas besoin d'une force internationale car elle a déjà une force organisée. Il serait inconcevable que le Burundi envoie en Somalie des milliers de militaires et qu'il reçoive une force internationale pour le sécuriser. Au delà des luttes politiciennes, le peuple burundais a besoin de cette fierté qui l'a toujours guidée depuis Mwezi Gisabo.

Perturber les élections, c'est jouer le tout pour le tout

Celui qui veut perturber les élections parce qu'il a constaté qu'il va les perdre, joue perdant. Aujourd'hui, la justice n'a plus de frontière. Un Président de la République peut quitter la Présidence pour entrer directement en prison. C'est pour cela que la prudence s'impose. Ceux qui lui disent qu'aucun pouvoir n'a fait un seul mandat sont des inconscients. Ce sont les mêmes qui ont déjà acheté des villas au Kenya, d'autres qui ont tout vendu pour partir  après avoir mis le feu sur le pays. Pauvres miliciens qui n'ont pas d'avenir et qui n'auront pas de protecteurs. Ceux qui pensent que l'occident sera leur refuge après avoir organisé des troubles se trompent. On connaît sa propre stratégie mais on ignore celle de l'autre. A bon entendeur salut.