LE FRODEBU OFFRE UN SPECTACLE DESOLANT
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 15 août 2005
Tout commence par une défaite mal digérée et inattendue. Le Frodebu était convaincu qu’il allait gagner les élections. Les cadres de ce parti ont fait le même raisonnement que l’Uprona de 1993. La myopie politique est presque inévitable après 10 ans de pouvoir.
La lettre des 4 ténors du Frodebu contre Minani a révélé les secrets de Polichinelle. Les observateurs burundais savaient que Minani détournaient les fonds du parti. Cette lettre a marqué un tournant dans la vie de ce parti.
Après avoir limogé ce dimanche 14 août 2005 Minani en tant que président du Frodebu, Ntibantunganya, le Président Ndayizeye, Ngendakumana, Nahimana et Bavumiragiye croyaient que le jeu était terminé. Voilà que Minani vient de limoger les 5 cadres du parti. Les radios servent de relais entre les deux groupes. On ne sait pas qui dirige aujourd’hui le parti Frodebu. On sait par ailleurs que Minani a dévalisé la permanence du Frodebu en emportant les ordinateurs et photocopieuses. Il en a profité pour casser les portes de la permanence. Ce soir, la permanence est gardée par la police.
Un groupe vire l’autre et le viré vire l’autre. Il n’y a pas aujourd’hui d’interlocuteur dans la maison Frodebu. Au moment où le gouvernement va se former, le futur Président Nkurunziza n’aura pas d’interlocuteur légal. Négocier avec Ngendakumana sera une façon de reconnaître le limogeage de Minani. Négocier avec Minani sera un refus de la décision du comité directeur du parti. Sans interlocuteur valable, le CNDD-FDD est en droit de désigner qui il veut du Frodebu. De même, avant de connaître l’importance de telle ou telle aile, il sera difficile d’évaluer la force d’une aile par rapport à l’autre. L’affaire n’arrange pas le CNDD-FDD.
Un autre malchanceux est Nyangoma qui vient de perdre une personnalité politique de poids du nom de Festus Ntanyungu. Il accuse Nyangoma d’être un dictateur au sein de son parti.
L’absence d’opposition valable va fragiliser le CNDD-FDD qui risque de dominer le paysage politique à l’image d’un parti unique. Il ne restera que la société civile pour jouer l’opposition.