QUAND LE FRODEBU VEUT EPOUSER LE FNL EN MARIAGE DE RETOUR AU POUVOIR

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 17 février 2006

En juin 2005, le Frodebu a bien compris que le pouvoir était son passé. Le peuple a sanctionné le Frodebu pour sa gestion catastrophique de la période de transition et de la corruption qui avait saigné le pays. Le Frodebu avait  tout essayé pour rester au pouvoir à la manière des autres dictatures africaines. Par ailleurs, la donne avait changé depuis un moment car l’armée nouvellement fusionnée avec les FDD n’acceptait pas de marcher pour perturber les élections et les résultats.

Quand on arrive au pouvoir, il est difficile de le quitter. Il suffit de constater qu’aucun Président burundais n’a quitté le pouvoir de plein gré. Même Ndayizeye,  dont le mandat était défini dans des accords, a voulu violer les accords pour prolonger et se faire élire. Le pouvoir séduit par les honneurs et l’argent facile et malhonnête qui l’entourent pour les corrompus.

Aujourd’hui, une autre querelle oppose deux groupes au sein du Frodebu. Un groupe animé par l’ancien Président Ndayizeye et le nouveau dirigeant du Frodebu, Ngendakumana, député de Bujumbura rural, le fief du FNL, est entrain d’arrêter une stratégie d’alliance avec le FNL. Le Frodebu est un parti affaibli. Il n’a pas d’espoir de reprendre le pouvoir dans 5 ans si la situation reste la même. Le Frodebu est au gouvernement. Ainsi, il ne peut pas faire l’opposition selon la constitution. Il ne peut pas non plus quitter le gouvernement car un ministère est aussi une source de financement à un parti et un domaine d’influence. Un parti sans ministre dans des pays de l’Afrique n’a pas d’avenir à moins de bien se consacrer à l’opposition. Or, l’opposition burundaise est timide et non constructive.

Ce groupe est opposé à un autre groupe qui refuse de faire alliance avec le FNL.

La stratégie de fusion avec le FNL consiste à faire du FNL une branche armée du Frodebu. Le Frodebu compte reprendre le terrain perdu par les armes du FNL et surtout pendant les futures élections. Des contacts sont encours entre certaines personnalités du Frodebu et du FNL pour sceller cette alliance. Le FNL se méfie du Frodebu et se fait courtiser. Des appels sont incessants pour convaincre le FNL qu’il sera faible s’il joue seul. Le FNL refuse par peur d’être absorbé par le Frodebu.

La volonté de négocier du FNL risque de couper court aux démarches du Frodebu. Si le gouvernement accepte de négocier un accord avec le FNL, une alliance avec le Frodebu ne sera plus nécessaire pour ce dernier. Le Frodebu a besoin des combattants et des armes du FNL et non de son programme politique. L’ancien Président Ndayizeye est convaincu qu’avec le FNL, le retour au pouvoir est possible. L’intégration au sein de l’armée du FNL peut être perçue pour les uns comme un blocage du CNDD-FDD à truquer les futurs élections.

Le jeu de ce groupe du Frodebu est risqué et suicidaire. Le Frodebu risque de perdre une bonne partie de ses militants au profit du CNDD-FDD. A forcer de courtiser le FNL, une autre partie préférera l’original à la copie en rejoignant le FNL.

La stratégie du Frodebu devait faire changer celle du CNDD-FDD qui refuse jusqu’aujourd’hui les négociations avec le FNL. Ce refus ne fait que laisser du temps à une incertitude que personne ne peut prévoir. Par ailleurs, négocier aujourd’hui avec le FNL permettrait de recentrer la vie politique burundaise afin de faire décanter les intentions des uns et des autres. D’autre part, le peuple a besoin de la paix.