LES ELECTIONS, NDADAYE ET LE FRODEBU

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 29 mai 2005

Il y a 12 ans, Ndadaye était élu à la Présidence de la République. Il a été porté au pouvoir par le peuple en se présentant sous les couleurs de son parti Frodebu qu’il avait créé. Moins de 5 mois après sa victoire, des éléments de l’armée, dans une tentative de coup d’Etat, assassinèrent le Président Ndadaye. Cet assassinat a été facilité par des complicités au sein de son parti politique Frodebu notamment dans son cabinet présidentiel et son gouvernement.

Depuis l’assassinat du Président Ndadaye, les dignitaires du Frodebu n’ont jamais voulu enquêter sur cet assassinat. Ils craignaient de diviser le parti si les militants étaient au courant de la complicité de certains cadres avec certains officiers pour « dégommer » le Président Ndadaye. Leur objectif était de récupérer le pouvoir pour s’enrichir à tout prix.

Le Frodebu a oublié le Président Ndadaye et a laissé à l’abandon sa tombe. Les nouveaux arrivistes ont gardé le fond de commerce qui est le parti du Président Ndadaye et l’ont vidé de son contenu. Au cours de ces 11 dernières années, les burundais croyaient que Ndadaye était oublié définitivement. Les chefs du Frodebu n’avaient pas pensé que Ndadaye pouvait leur éviter une déroute électorale sous forme d’un sanction populaire. Aujourd’hui, le pouvoir Frodebu est synonyme de la corruption, de l’oubli du peuple et l’obsession des constructions hors norme des bâtiments personnels. La construction d’un building  appartenant au Président Ndayizeye en face de la présidence est une honte dans un pays où les gens meurent de faim. Ce building donne l’image du Frodebu. L’intérêt individuel des dirigeants qui passe devant l’intérêt collectif.

Face aux déboires des uns et des autres, le Frodebu a besoin d’un souffle nouveau ou d’un retour à la source. Minani, président du Parlement, gérant ce dernier comme sa case et le Président Ndayizeye surveillant son building de son bureau plus qu’il suit l’aide à la population de Muyinga et Kirundo, sont des exemples parlants d’un pouvoir Frodebu. Aujourd’hui, les cadres de ce parti font appel à Ndadaye, trahi, oublié y compris par les siens. Scander le nom de Ndadaye, afficher ses photos pour faire élire Minani à la Présidence est une véritable provocation  au peuple burundais.

Au cours d’une conversation avec le Président Ndadaye, il m’avait dit qu’en cas d’échec de la démocratie, il prendrait les armes pour défendre la démocratie. J’étais d’accord avec lui et je l’aurais suivi. Quand le Président Ndadaye a été assassiné, les cadres du Frodebu ont préféré récupérer les miettes que les putschistes leur laissaient en contrepartie de l’abandon d’un véritable procès. Ces cadres ont non seulement trahi le Président Ndadaye mais aussi  le peuple. Ce parti ne mérite pas de revendiquer la mémoire du Président Ndadaye. Il mérite surtout une défaite électorale qui lui rappellerait ses manquements.