LE POUVOIR BURUNDAIS SUR LA DEFENSIVE

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 22/07/2009

 

Ce mardi soir à la résidence de l’ambassadeur de Belgique à Bujumbura, le deuxième vice Président de la République s’est attaqué aux missions diplomatiques dans une fête nationale de la Belgique.

Qu’est ce qui ne va pas entre Bujumbura et la communauté internationale? Se sont interrogées plusieurs personnalités invitées à la résidence de l’ambassadeur de Belgique Josef SMETS à l’occasion de la fête nationale du royaume de Belgique.

Gabriel NTISEZERANA, deuxième vice Président de la République ayant peut -être la mission de répondre au discours de l’ambassadeur de France du 14 juillet où ce diplomate s’était réjouit de la libération de Juvénal RUDUDURA et de l’agrément du MSD (Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie), a lancé la colère du pouvoir sur le comportement des missions diplomatiques à Bujumbura.

« Pour les chefs de missions diplomatiques et consulaires, le jour de leur fête nationale n’est pas l’occasion idéale de dresser des bilans surtout que des cadres adéquats existent pour passer en revue avec l’Etat d’accréditation l’état d’avancement de la coopération. Aussi, n’allons-nous pas discourir sur les réalisations de l’ambassade de Belgique au Burundi pour critiquer ou jeter des fleurs. Loin de nous la prétention mégalomane d’exiger des comptes à un ambassadeur d’Etat souverain et surtout ami. Nous félicitons plutôt le peuple belge pour cette journée de réjouissances nationales et réaffirmons la volonté du Gouvernement du Burundi d’encourager les relations d’amitié et de coopération dans le respect des Traités de Vienne sur les relations diplomatiques. Nous promettons notre disponibilité à partager avec les pays et peuples amis les occasions comme celle-ci et à nous montrer solidaire des moments d’épreuves. Nous savons que notre pays compte beaucoup sur les appuis de nos partenaires mais faisons remarquer qu’il appartient au Gouvernement burundais de fixer les priorités conformément à l’esprit et à la lettre de la Déclaration de Paris ».

Monsieur NTISEZERANA et ses conseillers ou son patron ont oublié que ce n’est pas dans une cérémonie de fête qu’on évoque les Traités de Vienne, le lieu est plutôt inadéquat. Le protocole de NTISEZERANA a vite constaté la gaffe et a tenté d’effacer le paragraphe compromettant. Mais il n’y avait plus rien à  sauver.

La présence de Mr NTISEZERANA est non sensée. On n'est pas habitué à voir une autorité de son rang (un vice Président de la République) participer dans un banquet organisé par une ambassade, cela ne s’est passé que sous le régime CNDD-FDD.

Pourquoi cet acharnement ?

Traditionnellement, à ces occasions, les missions diplomatiques à Bujumbura font un rappel historique de la coopération avec le Burundi, dressent le bilan et annonce des actions futures ainsi que les préoccupations. Normal pour un discours de ce genre et les diplomates savent très bien le faire.  Le représentant de la Belgique a salué l’action de l’OLUCOME et a demandé la conclusion des enquêtes. Il a aussi parlé du pavage des communes BWIZA et NYAKABIGA que la Belgique a financé et qui a offert environ 300.000 hommes-jours de travail. C’est une réponse au chômage et à la réinsertion des démobilisés et des réfugiés a-t-il souligné. Bientôt dit-il,  la CTB va commencer son travail dans les communes de Kamenge et de Kinama, un autre projet de pavage est en cours. D’autres initiatives dans le domaine universitaire vont suivre et récemment, la BNDE a reçu une importante enveloppe lui permettant de faciliter l’octroi de prêts à des Petites et Moyennes Entreprises ou à des institutions de micro-finances et en même temps de contribuer au renforcement de la capacité de la BNDE. La somme s’élève à plus de deux millions d’euros. Tout cela a irrité le CNDD-FDD qui met toujours ces initiatives à son actif dans les propagandes, oubliant que la réfection des routes avait été négociée par le régime Ndayizeye.

Selon des sources au CNDD-FDD, le Gouvernement serait sous une énorme pression en ce qui concerne les élections de 2010.

L’ambassadeur SMETS a déclaré « un déroulement honnête et démocratique des élections nous permettra de libérer une très importante enveloppe spéciale et ponctuelle ».

« Et nous sommes certains que la classe politique burundaise et l’ensemble des Barundi feront encore preuve de courage et de sagesse pour la préparation des élections de l’année prochaine » a-t-il martelé.

 

"Cela veut dire:

- OEuvrer pour obtenir un maximum de consensus à chaque étape du processus,

tout en respectant le rôle essentiel des institutions démocratiquement élues.

- Garantir l'indépendance de la CENI qui doit pouvoir agir dans la plénitude de

ses compétences.

- Respecter les libertés politiques et l'intégrité physique de chacun.

- Aller de l'avant avec pondération et donc éviter des actes qui placent les uns et

les autres dos au mur.

Toutes les autres pistes sont dangereuses et soulèveront de grandes inquiétudes au sein de la Communauté Internationale.

Par contre, si la voie positive est suivie, nous resterons vos alliés et nous pourrons intensifier nos efforts dans différents domaines." Fin de citation

 

Complicité ou non vigilance de la presse

Aucun média n’a évoqué cet incident dans toutes les éditions de ce mercredi. Pourtant, plusieurs responsables de la presse orale et écrite étaient là et certains journalistes aussi. Faut-ils leur accorder le bénéfice de doute qu’ils n’ont pas fait attention à l’allocution du deuxième vice Président, ou tout simplement la presse a évité s’attirer la foudre du pouvoir. Si c’est la deuxième raison, l’avenir du Burundi est hypothéquée.