LE MALHEUR DES UNS, LE PALAIS DES AUTRES

Burundi news, le 20/04/2011

Par Gratien Rukindikiza

La Chine a accordé un don au Burundi pour la construction d'un palais présidentiel. Ce don a un délai. L'Etat burundais doit commencer les travaux pour ne pas perdre ce financement. Or, le site choisi est un village des paysans de Gasenyi. Une superficie de 40 ha était nécessaire. Cette population pauvre, a choisi la voie de la raison et a libéré 40 ha. Elle pensait qu'elle allait profiter de la viabilisation pour que leur terre prenne de la valeur.

L'entente a été de courte durée. Le gouvernement est passé de 40 ha à 224 hectares comme si ces paysans étaient tellement dociles que leur terre pouvait être expropriée pour la donner aux dignitaires du régime. La Présidence prendrait aux paysans un terrain qui dépasse de loin un palais présidentiel. On pourrait même parler de terrain comme une petite ville de province comme Mwaro.

A qui se plaindre?

J'écoutais une radio burundaise dernièrement. Un auditeur disait que les citoyens ne savent plus où se plaindre. La police ne les reçoit plus s'ils ne sont pas du CNDD-FDD. Les magistrats ne les écoutent pas. Ils ne leur restent que leurs yeux pour pleurer, à moins de faire la révolution. La révolution arabe a été déclenchée en Tunisie par une femme policière qui a giflé un vendeur ambulant. Ce vendeur s'est immolé. La gifle de la policière a fait partir Ben Ali, Moubarak, Kadhafi est sur la défensive, la Syrie, le Yémen, l'Algérie tremblent sous les bruits des manifestants.

Au Burundi, les gens de Gasenyi peuvent être expropriés sans recours. Une injustice présidentielle n'a pas de remède. Autant du temps de Mwambutsa qui avait perdu face à un paysan. L'injustice des pauvres n'émeut pas les riches ou les intellectuels. Après tout, c'est la terre des pauvres qui sera donnée aux riches. Or, les pauvres n'intéressent pas le pouvoir, juste pour détourner leurs bulletins de vote. 

Qu'est-ce qui reste au Président pour faire souffrir les Burundais? S'il n'est pas sensible aux malheurs de ces pauvres expropriés sans une contrepartie digne, il y a lieu de se poser la question de la croyance du Président.