UN GENOCIDE EST EN COURS DANS BUJUMBURA RURAL AVEC LA COMPLICITE DE CERTAINS CHEFS DE L'ARMEE

Burundi news, le 23/04/2011

Par Gratien Rukindikiza

Les théoriciens politiques ne manqueront pas de sauter sur la définition d'un génocide. Le 11 décembre 1946, les Nations Unies ont bien reconnu que les massacres contre un groupe politique comme étant un génocide. Même si en 1948, l'URSS de ce moment a fait retirer ce groupe politique du génocide. Cependant, les juges argentins et chiliens ont considéré les massacres des activistes de gauche comme relevant du génocide.

Aujourd'hui, ce qui se passe dans la province de Bujumbura rural n'est ni moins, ni plus qu'un génocide visant les membres du parti FNL de Rwasa. La phase des massacres généralisés est déjà dépassée. Personne ne peut fermer le yeux devant ce génocide. Ceux qui le commettent doivent savoir que la justice nationale ou internationale finira par sévir.

Des assassinats inimaginables

Un membre d'un corps de sécurité qui est au courant des tueries m'a avoué que ce qui se dit n'a rien à voir avec ce qui se fait. Un peuple est en cours d'extermination dans Bujumbura rural. Même le FNL de Rwasa n'a pas encore réalisé l'ampleur des dégâts. Bujumbura rural connaît des massacres qui dépassent ceux commis du temps de Buyoya dans les regroupements de la population.

Des hommes sont arrêtés et sont tués dans une autre province. Des cadavres de Bujumbura rural se retrouvent jusqu'à Muyinga, pour qu'ils ne soient pas reconnaissables par la population.

Les pauvres hutus de Bujumbura rural qui ont échappé à la politique de regroupement de Buyoya se retrouvent sous les balles des autres hutus. Le paradoxe du FNL ex Palipehutu qui croyait qu'un pouvoir hutu apporterait du bonheur aux hutu. Aujourd'hui, ce pouvoir est en train de faire les mêmes massacres qu'en 1972. Rien d'étonnant quand un certain Simbananiye soit un conseiller officieux du Président Nkurunziza.

Le peuple burundais est un et indivisible. Celui qui meurt est un Burundais, qu'il soit hutu, tutsi ou twa. Ce qui arrive à la population de Bujumbura rural ne devrait pas laisser indifférent toute la population burundaise. Le génocide qui commence par Bujumbura rural se répandra sur d'autres provinces. La vigilance s'impose et la solidarité aussi. Le cynisme de certains tutsi du genre "ce sont les hutu qui s'entretuent" est à combattre. C'est le peuple qui est massacré, des êtres humains comme vous, comme moi.

Qui commet ce génocide?

Derrière chaque génocide, il y a la police, une armée et une milice. Que ça soit au Rwanda, en Allemagne, au Cambodge, ces forces étaient présentes. Au Burundi, la milice Imbonerakure du parti CNDD-FDD de Nkurunziza massacre avec certains éléments de la police et aussi de l'armée. C'est la première fois que les militaires sont pointés du doigt. Jusque là, l'armée était réputée républicaine. Certains croyaient qu'elle fermait les yeux. Les nouvelles évoluent rapidement. Certains éléments de l'armée participent à ces massacres pendant la nuit. Ce n'est qu'un secret de Polichinelle à l'armée. Des noms circulent et nous allons les citer.

A l'armée, les noms

La coordination des assassins de l'armée est faite par le chef des services de renseignement G2 nommé Habarugira. Il travaille avec le commandant de la région militaire, le colonel Kabisa et aussi le G2 de la région militaire, le major Ngenzebuhoro. Un lieutenant, chef de la sécurité du chef d'Etat major Niyombare,  participe à ces tueries. La question qui se pose est de savoir si le général Niyombare n'est pas au courant de ce qui se fait, des agissements de son chef de sécurité.

Les réunions de coordinations se passent dans les bureaux du commandant de la 1 ère région militaire, souvent la nuit. Ces militaires agissent en civil la nuit et massacrent avec la participation des policiers  du commandant Désiré Uwamahoro, commandant du groupement d'intervention dans Bujumbura Sud.

Le 1 er bataillon para qui était responsable de zone concernée par ce génocide vient d'être relevé de ses positions. Il ne voulait pas coopérer. Le bataillon de Muyinga, commandé par un officier, ex-FNL, mais acquis au CNDD-FDD, a été dépêché dans cette zone. Il lui est demandé la complicité de ces massacres. Silence, le génocide en douceur est en cours. Le dispositif est au complet.

Organisation

Comme dit précédemment, les massacres se font de nuit. Les militaires nettoient les véhicules et autres matériels la nuit après le forfait. Le trio composé par certains éléments de la police, de l'armée et de la milice Imbonerakure est guidé sur le terrain par des ex FNL qui ont suivi le Nyakuri du FNL de Miburo et Pasteur. Ce sont ces ex FNL qui désignent les militants du FNL à abattre.

Tous les éléments gênants sont écartés. Ainsi, le commandant de la 1 ère région militaire, le G2 armée, le G2 1 ère région militaire, le commandant du groupement dans partie Sud de Bujumbura et une partie de Bujumbura rural, le commandant de la 1 ère région police, le commandant du bataillon de Muyinga qui opère dans le Sud de la capitale sont tous des anciens FDD, sauf le commandant de Muyinga, un ancien FNL, devenu un Nyakuri DD.

Responsabilités

Ne nous voilons pas la face. Ce qui se passe est un véritable génocide. Vous avez en charge de  la sécurité au niveau national, régional ou ailleurs, ce qui se passe est de votre ressort. Demain, il ne faudra pas dire que vous ne saviez pas. Si des éléments de votre corps participent à ces massacres, ils ternissent l'image du corps et les responsabilités peuvent aller loin.

J'interpelle en particulier l'armée. L'armée que j'ai personnellement soutenue après l'intégration réussie. L'armée qui a su s'opposer à la généralisation du faux putsch manqué. L'armée qui a su garder la dignité, la confiance du peuple. Bref, l'armée qui a conquis notre espoir. J'interpelle cette armée qui sait ce qui se passe, qui sait que certains de ses chefs participent à ce génocide. Le silence des responsables de l'armée est étonnante.

J'interpelle plus particulièrement le ministre de la défense; qu'il dise comment une région sensée être sécurisée par l'armée puisse subir une telle insécurité. Les Burundais veulent savoir comment un génocide puisse se produire sous les yeux des militaires sur les positions à qui certains chefs demandent de ne pas intervenir. En tant que citoyen, j'interpelle le ministre de la défense pour agir, sanctionner ceux qui participent à ces tueries. Je lui demande, au nom de mon peuple qui souffre, de donner de l'espoir, un signal fort. Un salut national est nécessaire. Le peuple est orphelin. Il lui manque des condoléances, des assurances pour ceux qui restent. Il lui manque un chef. Le désespoir se lit sur les visage de la population de Bujumbura rural. A qui se vouer? Mon général, Monsieur le ministre, s'il vous plaît, intervenez, donnez un signal fort.

Le silence  est complice. Ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui accusaient certains Burundais d'avoir été complices du génocide de 1972 par le silence. Burundais, sachez que ce qui se passe dans Bujumbura rural peut arriver chez vous. Ne soyez pas complices. Le silence est complice.