LE GOUVERNEMENT QUI VA COUTER  CHER AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

 Burundi news, le 19 juillet 2007

Par Gratien Rukindikiza

Un geste politique est un acte réfléchi plus. Une décision d’un chef peut avoir de lourdes conséquences. Ecouter les autres, entendre la voix de la raison font partie de la sagesse burundaise. La formation de ce nouveau gouvernement burundais est un vrai échec qui peut coûter cher.

Le CNDD-FDD vient de se mettre les bâtons dans les roues. Quand on a la minorité alors qu’on a le pouvoir, les négociations sont indispensables. Le Président de la République a formé un gouvernement sans tenir compte des doléances du Frodebu et de l’Uprona qui disposent des voix nécessaires au parti au pouvoir pour faire voter les lois.

Le Frodebu peut-il accéder à la présidence de l’Assemblée Nationale ?

L’Uprona vient d’exclure le Vice-Président Martin Nduwimana. Ce dernier est assis sur un fauteuil éjectable ad nutum. Le Frodebu vient de réunir les députés de son parti, du CNDD, de l’Uprona et de la mouvance Radjabu. Ils ont décidé de s’opposer au gouvernement. En clair, aucune loi ne pourra passer sans leur accord. Désormais, ces partis détiennent les outils pouvant obliger le Président de la République à négocier. Ce groupe dispose aujourd’hui 60 députés sur 118. Il est capable de prendre la présidence de l’Assemblée Nationale. L’Uprona pourrait avoir son groupe parlementaire en apportant quelques aménagements. Si ce groupe détenait la présidence de l’Assemblée Nationale, le Burundi serait en période de cohabitation. Le Président ne pourrait plus faire voter des lois sans le consentement de ce groupe. Ce groupe n’aurait plus besoin d’entrer dans le gouvernement, à moins qu’il soit libre de constituer le sien. Le Président serait alors un Président sans grandes responsabilités.

Un autre gouvernement pour sauver les meubles

Le Président est obligé de former un autre gouvernement. En effet, le gouvernement actuel ne pourra  pas être opérationnel. Ayant raté la première occasion, c’est le Président de la République qui sera demandeur par rapport aux autres partis. Ces derniers seront en position de force et réfléchiront deux fois avant d’accepter d’entrer dans le gouvernement.

Le changement de ce gouvernement n’est pas une chose aisée pour le  Président. Il sera devant un dilemme. S’il le change à moins d’un mois, il sera considéré comme un faible. S’il ne change pas le gouvernement, il sera responsable du blocage politique avec des conséquences inconnues pour le moment.

Où sont passés les conseillers du Président ?

Jamais un Président de la République n’aura été seul, seul et agissant seul sous la houlette des apprentis sorciers. Les conseillers du Président sont absents et n’osent ou ne savent pas dire la vérité au Président. Est-ce qu’aucun conseiller n’a pu s’imaginer que former un tel gouvernement est une façon de conduire le pays dans l’impasse ?

A suivre