CE GOUVERNEMENT QUI SE FAIT ATTENDRE

 Burundi news, le 08 avril 2007

Par Gratien Rukindikiza

Depuis plusieurs semaines, un changement du gouvernement est attendu au Burundi. Il marquera la fin de l’ère Radjabu. D’habitude, les tractations ne doivent pas durer longtemps. Le chef de l’Etat consulte son parti politique et les autres partis qui peuvent entrer dans le gouvernement. Des dossiers des personnes pressenties aux postes de ministres sont étudiés par des conseillers de la Présidence.

Les Burundais attendent ce nouveau gouvernement. Les ministres attendent leur limogeage ou confirmation. Ils disent ouvertement qu’ils sont en attente du départ. Ainsi, l’action gouvernementale est bloquée. 

Certains croyaient que la formation du gouvernement attendait la fin des négociations avec le FNL. Or, le Président de la République a bien précisé que le FNL ne sera pas au gouvernement.

Le limogeage  de Radjabu a laissé beaucoup de séquelles au sein du pouvoir CNDD-FDD. Ce limogeage s’est accompagné de ceux des proches de Radjabu dans des postes clé comme les ministères, directions générales et à la présidence du parlement. La destitution de l’ancienne présidente du parlement coûtera cher au CNDD-FDD. Les voix apportées par le Frodebu, l’Uprona et le CNDD de Nyangoma ne sont pas gratuites. Le Frodebu pense récupère le poste de vice-Président de la République occupé par l’Uprona et cinq ministères. L’Uprona fait tout se maintenir à la vice-Présidence. Elle se bat pour avoir un poste de vice-présidence du parlement. Nyangoma espère récupérer sa place au parlement et continuer à faire son opposition qui mérite des encouragements et félicitations.

La formation d’un gouvernement est un des exercices les plus durs pour un Président de la République. Il subit une pression sans précédent. Son parti politique, libéré du joug de Radjabu, se démocratise parfois trop et n’hésite pas à faire pression pour que tel ou tel autre figure ou ne figure pas dans le gouvernement. Isolé, ayant que pour seul vrai conseiller le Dieu, le Président est poussé jusqu’à ses profondes hésitations.

Les pressions viennent aussi des partis politiques comme l’Uprona et le Frodebu, sans lesquels le Président peut tomber d’un jour à l’autre. Les deux partis ont le champ libre pour faire du chantage depuis que le parti au pouvoir dépasse à peine le tiers du parlement. Le Frodebu sait que rien ne pourra se faire au parlement sans son aval. Il compte aussi peser dans les négociations en faveur du FNL ; les alliances en vue des prochaines élections ont déjà commencé.

Certaines mauvaises langues disent que cinq gouvernements ont été renvoyés sur le papier par le Président Nkurunziza avant de voir le jour. Les Burundais s’étonnaient à juste titre de voir leur Président passer quatre jours au Rwanda, sans être accompagné par son homologue rwandais alors que la formation d’un nouveau gouvernement était la priorité. Que gagne le Burundi à ce que leur Président aille jouer du football à Kigali, à Abidjan etc… à la tête d’une équipe pour la moins laïque, Alléluia.

Est-ce que le Président manque de temps pour former un gouvernement ou n’arrive pas à trancher entre les différentes influences des groupes qui naissent ici et là au sein du CNDD-FDD ? Le pouvoir actuel est entrain de donner raison à Radjabu qui se dit que sans lui, rien ne peut se faire.

Les hésitations sont devenues monnaie courante après le limogeage de Radjabu. Le dossier de l’avion présidentiel est dans l’impasse. Les Burundais ne savent pas officiellement qui a reçu les 5 milliards de francs bu. Des commissions se succèdent sans donner des résultats. Le rapport d’audit international commence à être contesté par la dite commission, surtout quand on sait que, au moins, un membre de cette commission s’est rendu en Belgique pour faire des magouilles sur la vente de cet avion présidentiel. Le directeur de cabinet du Président qui est impliqué dans ce dossier est toujours à son poste. Il y a de quoi à faire perdre le latin.

Le pays a besoin de ce gouvernement pour reconstruire le pays. Les Burundais ont besoin des femmes et hommes intègres qui tranchent avec l’équipe actuelle, soucieuse de ses intérêts personnels que des intérêts du peuple. Elle a démontré qu’elle pouvait être pire que les précédentes. Pour incarner le renouveau, le Président devrait privilégier les connaisseurs des dossiers et s’affranchir de certains  militants connus pour leurs escroqueries souvent à l’étranger.