LE GOUVERNEUR DE RUYIGI, L'ATTAQUE DE SON DOMICILE ET L'ASSASSINAT DE LA FRANCAISE AGNES DURY

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 10/08/2008

La province de Ruyigi offre ces derniers jours un spectacle de coups tordus portant sur des accusations mutuelles, des sabotages et assassinat. Le gouverneur Moïse Bucumi est au centre de ces coups. Etant une des provinces les plus pauvres du Burundi, le gouverneur fait tout pour décourager ceux qui veulent la développer. N'est-il pas lui qui a tout fait pour faire saboter le projet de l'hôpital de Rema appartenant à la maison Shalom de Maggy? Quid de l'assassinat de la Française Agnès DURY?

Le gouverneur contre l'administrateur de Ruyigi

Le 24 février 2007, un administrateur est élu à la tête de la commune de Ruyigi. Il est membre du CNDD-FDD comme le gouverneur mais cela n'empêche pas le gouverneur d'y mettre son veto. Il faudra la visite du Président de la République et une lettre de 14 conseillers communaux pour que le ministre de l'intérieur régularise les choses avec le gouverneur.

Le 31 décembre 2007, la Française Agnès DURY est assassinée dans la ville de Ruyigi. Cette nuit, l'administrateur demande au gouverneur de faire encercler les lieux de l'assassinat par les forces de sécurité et ce dernier refuse. Le gouverneur de la province se tourne du côté des tutsi de ces lieux et organise une fouille et perquisitions dans le quartier à dominance tutsie avec des fouilles très sélectives. Le gouverneur avait l'intention d'ethniser l'assassinat de la Française.

Le 18 janvier 2008, pour faire brouiller les pistes de l'assassinat de la Française, le gouverneur organise avec sa garde une simulation d'attaque de sa résidence. Au même moment, des tirs sont entendus loin de sa résidence pour amplifier l'intensité de l'attaque. Des éléments troublants apparaissent au grand jour. La goupille de sécurité de la grenade qui pouvait donner des indications de l'origine de la grenade, se retrouve à Gitega dans un camp militaire et  disparaît quelques semaines après.

Le gouverneur a voulu créer une diversion pour démontrer que ceux qui ont tiré sur sa résidence sont aussi les assassins de la Française. Or, la diversion a donné des indications précises car ce sont les mêmes qui ont commis les deux méfaits sauf qu'il faut les chercher en dehors de Sanzu. Ce sont des policiers qui ont tiré sur la Française et qui ont lancé la fausse attaque sur la résidence du gouverneur.

Le 19 janvier 2008, un journaliste d'Isanganiro affirme dans le journal de 6 hrs 30 que l'attaque de la résidence du gouverneur a été conduite à partir de Sanzu. A 12 hrs, l'administrateur de la commune dément sur la même radio en affirmant que rien n'exclut un montage. Quelques minutes après sa déclaration, le gouverneur lui demande de retirer ce qu'il a dit sous peine d'une lourde sanction. L'administrateur refuse et le gouverneur envoie sa garde pour l'arrêter avec un mandat reçu par fax du procureur général près de la cour d'appel de Gitega. Il passera 2 semaines en prison avant d'être relâché comme plusieurs autres sur intervention de l'ambassade française qui aura compris qu'ils sont des innocents.

L'assassinat de la Française et la part de deux femmes pour brouiller les pistes

Si les enquêtes concernant cet assassinat piétinent au Burundi, c'est que la vraie piste est très protégée. La protection provient des relations parentales entre deux femmes et certains responsables de la justice et de la police.

L'épouse du gouverneur est la cousine du procureur général près de la cour d'appel de Gitega. Ce dernier  est le patron des enquêtes sur ce dossier. Il fait la pluie et le beau temps. Il désoriente les enquêteurs pour éviter qu'ils tombent sur la piste probable qui mène chez le gouverneur. Le gouverneur, fort du soutien du procureur général près de la cour d'appel de Gitega, avait livré ses ennemis pour qu'ils soient en prison. Maggy a évité la prison grâce à sa notoriété  et le fameux Kwizera Samson, responsable de la communication, avait sauté sur l'occasion pour tenter de casser cette image de Maggy. Il faudra quelques mois pour que le même Samson Kwizera, un faux nom, présente ses excuses sur intervention du 2 è vice-Président Ntisezerana.

Il va de soi que le travail des enquêteurs français n'est pas facilité par ce procureur général près de la cour d'appel de Gitega qui doit protéger le mari de sa cousine.

Un commissaire adjoint de la police à Ruyigi a été muté à Bujumbura. Ce commissaire est soupçonné d'avoir des informations sur cet assassinat de la Française. Il habitait à quelques mètres des tirs et sa garde n'a pas réagi comme si elle était complice. Sa mutation est interprétée comme une mise à l'abri. Son épouse est la soeur du ministre de la sécurité publique.

Ceux qui veulent mener des enquêtes vont se heurter à ces deux relations familiales. La justice burundaise est aujourd'hui incapable de donner une piste fiable aux enquêteurs français. Les fausses pistes devaient mener à la fausse attaque de chez le gouverneur. Or, les prévenus sont innocentés. La justice burundaise se trouve devant un assassinat sans assassins et sans suspect. Le dossier de la fausse attaque de la résidence du gouverneur  gêne celui qui a été attaqué que d'autres gens. Il aurait même sollicité de l'aide pour que les enquêtes ne s'orientent pas vers ses gardes.

A suivre.