UNE GRANDE MANIFESTATION POUR UNE GRANDE CAUSE

Burundi news, le 11/12/2013

Par Gratien Rukindikiza

Le changement la constitution burundaise pour permettre au  Président Nkurunziza de se présenter pour un troisième mandat présidentiel ne fera pas que des heureux. Les dégâts commencent à apparaître au grand jour.

Un projet qui cherche son chemin

Le projet de constitution ou de modification de constitution selon les uns et les autres est perdu. Au départ, un référendum était prévu. Trop risqué, le pouvoir a changé son fusil d’épaule en ramenant ce projet de modification à l’Assemblée Nationale dominée par le CNDD-FDD. La pression monte et certains sont sensibles. Le 1 er vice Président Busokoza a fini par lâcher l’imprononçable c’est –à – dire le débat avec l’opposition. Il a été vite ramené à l’ordre.

L’Assemblée Nationale, tenant compte de l’opposition de l’opinion publique, propose un débat ouvert aux partis et société civile à l’Assemblée Nationale. Malheureusement pour nos stratèges du CNDD-FDD, le refus est net. L’Assemblée n’est pas qualifiée pour engager un débat sur un tel projet présenté par le gouvernement.

Une mise en garde aux manifestants par le chef d’Etat major, une première

Le chef d’Etat Major de l’Armée a mis en garde les futurs manifestants en compagnie du directeur général de la police. Très curieux, un général, chef d’Etat Major de l’Armée, qui ignore complètement ses missions et souhaite aligner les blindés (Même si les pièces manquent), les commandos, parachutistes, la marine contre les simples manifestants. Si le général Prime Niyongabo pense que le combat contre les paisibles manifestants est de son niveau, il rabaisse le niveau de l’Armée burundaise. Le grade de général n'est pas n'importe quel grade. Le Burundi a passé plus de 18 ans sans un général actif dans l'armée. Ce grade mérite du respect. Celui qui doit le respecter en premier est surtout celui qui le porte. La fonction de chef d'Etat Major de l'Armée n'est pas n'importe quel poste. Le général Prime Niyongabo doit respecter son grade et aussi son poste. Sa position n'honore ni son grade, ni son poste.

Le chef d’Etat Major d’une armée qui devait garder sa neutralité politique est en train d’afficher son appartenance au CNDD-FDD. Le cordon ombilical devrait être coupé pour permettre à l’Armée d’exercer convenablement sa mission et dans le respect du peuple. Prime Niyongabo qui est apprécié par les autres militaires, s’est-il laissé entraîner dans la violence de ce pouvoir ?

Banvuginyumvira, 1 ère victime de la manifestation

Le ridicule ne tue pas. Le pouvoir de Nkurunziza qui se permet d’arrêter un opposant du rang de Frédéric Banvuginyumvira pour des « relations sexuelles » avec une autre dame que son épouse. Cela n’est pas prouvé. Même si cela était vrai, que Monsieur Nkurunziza lui-même, en personne, jure devant le grand Dieu que cela ne lui est jamais arrivé depuis qu’il est au pouvoir.  Pourquoi cela n’est même pas écrit ou publié ? C’est parce que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Il y a des affaires privées qui ne regardent que les concernés du moment où les concernés ne portent pas plainte. Disons la vérité. Si nous pouvons parler d’adultère, les cadres du CNDD-FDD seraient les premiers concernés.

Compte tenu de la façon d'agir, il y a la grande question qui se pose. Qui conseille le Président Nkurunziza? En tout, c'est quelqu'un qui ne veut que le ridiculiser. Arrêter un ancien vice-Président pour l'accuser d'adultère et abandonner l'accusation pour se remettre sur la tentative de corruption dans une affaire qui n'est même pas un délit est une honte pour le régime de Nkurunziza.

Le Président Nkurunziza est devenu un artiste dans l'humiliation des anciens vice-Présidents. Après Kadege, voilà Banvuginyumvira. Si un homme fait aux autres ce qu'il aimerait qu'on lui fasse, j'ose espérer que le pasteur Président croit réellement en Dieu et qu'il peut l'implorer pour lui faire la même peine que Nkurunziza a fait subir à Banvuginyumvira.

Et si la manifestation profitait aux militants du CNDD-FDD!

Nkurunziza espère se représenter pour un troisième mandat. En réalité, ce troisième mandat signifie pour lui devenir un Président à vie. La prochaine modification sera un renouvellement illimité. Or, il y a des cadres du CNDD-FDD qui sont à la porte de la Présidence. Ils veulent aussi être les PDG de ce magot de la corruption. Si Nkurunziza bouche l'autoroute, les autres voitures s'arrêtent et cela crée de l'animosité, la haine, voire la violence. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le grand danger viendra du CNDD-FDD. Cela est visible. Nkurunziza s'entoure des hommes et femmes incompétents au niveau du parti car il n'a pas confiance aux cadres compétents et ambitieux.

Bloquer un troisième mandat de Nkurunziza est surtout salutaire au CNDD-FDD car la voie de la lutte des idées en interne pourrait s'ouvrir. Les militants de ce parti pourrait enfin s'affranchir de la tutelle des généraux qui les terrorisent. La peur ressentie par les opposants est aussi chez les cadres du CNDD-FDD. Le parti n'est qu'un miroir fantôme qui renvoie les images projetées par ces fameux généraux.

La manifestation aura lieu. Les intimidations ne risquent pas d'arrêter les organisateurs. Le secrétaire général de l'ONU a déjà donné des consignes au pouvoir de ne pas commettre de la violence en l'endroit des manifestants. Les policiers zélés seront lâchés par le pouvoir. La violence précipite la chute d'un pouvoir. Les conseillers de Nkurunziza ne l'ignorent pas. Nkurunziza non plus.