LA GRANDE FAIBLESSE DES PUISSANTS

Burundi news, le 05/05/2011

Par Jean Marie Ngendahayo

          Ossama ben Laden est mort dans la nuit du 1er au 2 Mai 2011 après une décennie de traque sans merci par tous les moyens dont disposent les USA en matière de technologies et de ressources humaines liées à la guerre sous toutes ses formes. Il est l’homme que l’on crédite la tragédie du 11 Septembre 2001 qui a coûté près de trois mille morts et des dégâts matériels  dont on a jamais osé donner ni l’ampleur ni l’importance. Il est l’auteur de beaucoup d’autres actes inhumains et sanglants telles les explosions de Nairobi et de Dar Es Salaam qui ont éprouvé  des dizaines de personnes.

          Tant que Ossama ben Laden était pourchassé sur un champ de bataille il était compréhensible qu’il pût mourir par balle ou tout autre moyen létal ayant cours de nos jours. Seulement voilà, cet homme était caché dans une villa à peine protégée et lui-même entouré de quelques uns des membres de sa famille dont une épouse et un enfant. Ben Laden n’a pas été tué sur un champ de bataille.

Pourquoi l’avoir abattu sans autre forme de procès ?

 Cette mort ne correspond pas aux valeurs que prône le « monde libre » ou l’ « Occident chrétien ». Si on est réellement un disciple de la foi pour laquelle Jésus-Christ est mort sur la croix comme cela est enseigné dans le plus élémentaire des cours de religion chrétiens, on ne peut tuer un être humain dans ces conditions. Si monstrueux peut-il apparaître à vos yeux. Si on est réellement démocrate, on ne peut opérer un assassinat en bonne et due forme sous quelque prétexte qu’il soit ; il faut privilégier la saisie et ensuite le jugement qui seul détermine la peine. Même les nazis, qui sont les pires criminels que la terre ait jamais engendré ont été saisis et jugés à Nuremberg.

Ce n’est pas par angélisme que je déplore l’assassinat d’Ossama ben Laden. C’est au nom de principes universels de droit de la Personne Humaine qu’il nous faut défendre en toutes circonstances et pour tous les êtres humains. Car enfin, qui va croire à la justice d’une vengeance ? Qui va respecter un ordre mondial basé sur la force de l’épée et non celle du droit ? 

De manière plus pragmatique, je demeure convaincu que la satisfaction de la mort de Ben Laden est à jauger à l’aune de la haine qu’elle suscite auprès de ceux qui refusent cette justice aux allures de vendetta. Point n’est besoin d’être prophète pour malheureusement s’attendre à ce que le nombre de victimes du terrorisme grandisse  les jours qui viennent. Lorsqu’on a vécu un grand malheur, la meilleure des attitudes et de faire en sorte qu’il ne se reproduise plus jamais.  Ben Laden et son terrorisme ne sont pas nés ex nihilo et à fortiori ses émules et ses compagnons ne disparaîtront pas parce qu’il a été tué dans les circonstances qu’on nous a décrites. Et la faculté de nuisance du faible et de l’opprimé est parfois incommensurable.

L’ONU, en la personne de son Secrétaire Général et peut-être à travers le Conseil de Sécurité, peut recentrer les choses et rappeler les valeurs fondamentales et universelles sur lesquelles l’humanité a décidé de baser sa destinée et sa gouvernance depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Pour le cas qui nous occupe, dire qu’un homme est mort et qu’il est regrettable qu’il n’ait pas pu être  jugé serait une contribution pour la paix et la réconciliation universelle d’une dimension démocratique sans pareille au vue du climat délétère qui prévaut actuellement.

Jean-Marie Ngendahayo

Bujumbura, le 03 Mai 2011