LA GUERRE DES MILICES AURA LIEU

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 18/11/2009

Qui veut la paix prépare la guerre. Les partis politiques de l'opposition burundaise commencent à comprendre que le danger futur n'est pas la violence verbale de la campagne mais la guerre des milices. Le CNDD-FDD prépare la guerre des élections en armant et en entraînant les milices. La province d'expérimentation reste Kirundo. Dans cette province, les défilés se font avec des houes usées avec des slogans qui évoquent des meurtres. On parle de gourdins, certains font les joggings avec des fusils. Ceux qui ont fréquenté les maquis du CNDD-FDD savent que cette houe usée servait à tuer les combattants qui pouvaient contester l'ordre établi.

Très étonnant, le procureur de Kirundo, membre du CNDD-FDD, se joint aux jeunes miliciens qui font le sport de masse avec des gourdins, des houes usées et autres armes.

Face à cette provocation  du CNDD-FDD au pouvoir, les partis politiques n'entendent pas baisser les bras. Le Frodebu a organisé un jogging dans la capitale avec ses jeunes, une façon de montrer que la force n'appartient pas au seul CNDD-FDD. Compte tenu de l'érosion du CNDD-FDD, les autres partis risquent de former des milices plus solides que celles du CNDD-FDD. La voie est ouverte et personne ne sait à qui va profiter la force.

Cette démonstration de force du Frodebu vient de donner ses fruits. Le pouvoir vient enfin de se rendre compte que ces milices sont en formation et le ministre de l'intérieur réagit en se saisissant du dossier. Il pourrait bien commencer par interdire ces sports des jeunes armés du CNDD-FDD pour que tout s'arrête.

Si le CNDD-FDD n'arrête pas les provocations, les autres partis politiques seront obligés de s'y conformer et de former leurs milices. Bientôt il y aura alors une résistance populaire ou un refus des autorités. Si l'autorité encourage un tel désordre, elle est en fin de compte victime de ce laisser aller. Jamais une milice armée par le pouvoir n'a profité aux dirigeants. Elle est à la base de la chute du pouvoir si elle ne devient pas l'élément déclencheur d'une tragédie qui n'épargne personne. A bon entendeur salut!