LA GUERRE DES NEGOCIATIONS A DEJA COMMENCE

 Burundi news, le 19/09/2017

Par Gratien Rukindikiza

Tous sont fatigués, tous cherchent le rivage le plus proche, tous ont soif, tous ont faim. Chacun cache sa soif d'arriver au bon port et chacun cache son jeu, y compris chez les siens. Plus le trajet sans lendemain est long, plus l'envie d'embarquer au premier camion passant même sans frein est grande.

En politique, le grand ennemi est l'impatience, la durée. Le temps est long pour arriver au pouvoir. Le temps est long aussi pour être sûr de rester au pouvoir. Le temps est long, pour certains, avant d'être sûr de vaincre, vaincre politiquement. Vaincre physiquement, militairement même à l'égard de ses opposants pacifiques pour les dictateurs. Ce temps lent finit par diviser, par opposer les amis, par la trahison. Ô temps, suspends ton vol!

Qui a dit que le CNDD-FDD ne veut pas négocier?

La peste contamine tout le monde. Le temps au ralenti inquiète beaucoup les chefs du CNDD-FDD. La crise économique ne les laisse pas indifférents. Ils sont nombreux à s'interroger jusque quand leurs militants supporteront la chute du franc bu, la hausse des prix, les nouveaux impôts etc... La barre est devenue intenable.

Dans le cabinet de Nkurunziza, c'est l'effervescence. Que faire? Un débat est engagé pour savoir s'il faut réellement négocier ou garder le refus des négociations. Une lutte interne bat son plein. Les civils proches de Nkurunziza lui murmurent à l'oreille qu'il faut réellement négocier pour sortir de l'impasse. Les généraux lui souffrent la poudre noire des cartouches pour lui signifier qu'il est hors de question de négocier. Nkurunziza écoute tous et promet à tous. Aux civils, il a promis de négocier. Aux généraux, il les rassure de ne jamais négocier et surtout de ne pas écouter les civils. Autour de lui, personne n'arrive à savoir que pense le vrai Nkurunziza hors de ses démons.

Ombusman Edouard Nduwimana, pion et pièce maîtresse de Nkurunziza

Les généraux ont été les premiers à être surpris par la place qu'occupe aujourd'hui Edouard Nduwimana dans des futures ou probables négociations. A Helsinki, les opposants regroupés au sein du CNARED ont été surpris par les propos de Nduwimana, représentant de Nkurunziza, qui tenait à rentrer avec un accord de paix. Les opposants n'en croyaient pas. Nkurunziza, serait-il pressé? On se rappelle de la tactique de l'ancien Président Buyoya qui négociait et envoyait en même temps en Afrique du Sud des officiers pour dire qu'il est hors de question de négocier.

Edouard Nduwimana vient de rentrer d'une visite en Tanzanie où il a rencontré le médiateur Mkapa. Il lui a demandé d'accélérer le mouvement pour que les négociations se passent rapidement. A son retour à Bujumbura, les généraux sont toujours dans l'attente d'éclaircissements de la part de Nkurunziza à propos des voyages de Nduwimana liés à ces négociations en préparation. Nkurunziza affirme que Nduwimana est un électron libre. Serait-il un kamikaze au point d'agir sans l'aval de Nkurunziza! Ce qui est clair, c'est qu'il donne son rapport à Nkurunziza à chaque retour de voyage.

Les opposants du CNARED croient dur comme du fer qu'il y aura des négociations en ce mois d'octobre. La grande inconnue est de savoir si Nkurunziza veut réellement négocier. S'il veut négocier, s'agira-t-il d'un vrai ou un vrai -faux accord? Un accord est simple à signer. Le problème réside dans les mécanismes de mise en place et de respect de cet accord.