LA GUERRE DES GENERAUX AURA LIEU

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 14/02/2010

La politique n'est pas en général l'affaire des militaires. Quand ils s'immiscent dans la politique, les conséquences sont à craindre. Il y a rarement des cas  où les militaires ont pu s'ingérer dans la politique sans laisser des dictatures. Aujourd'hui, au moment où la démocratie est le mot d'ordre en Afrique, l'ingérence des militaires dans la politique d'un pays est une pratique à combattre pour le bien de la démocratie.

Au Burundi, après le limogeage de Radjabu à la tête du CNDD-FDD, les généraux, ex FDD ont pris le flambeau pour diriger le parti au pouvoir CNDD-FDD dans les coulisses. Ce sont ces généraux qui donnent des ordres aux cadres du parti. Celui qui n'obtempère pas reçoit une visite d'un émissaire pour lui signifier  ce qu'il encourt. Je ne citerai pas les cas. Ces raisons rendent aussi vulnérables ces généraux. Ils sont traités comme les politiciens et s'exposent aussi aux critiques des médias. C'est pour cela que Burundi News ne cesse de critiquer ces généraux.

Le combat contre le général major Niyombare, chef d'Etat major des FDN

Niyombare est la cible privilégiée de plusieurs généraux ex FDD et cela date de 2005. Quand le général major Adolphe Nshimirimana a été nommé à la tête des services de renseignement, son poste de chef d'Etat major  adjoint revenait à un ex FDD. Niyombare a été proposé à ce poste. Cette proposition envoyée au Sénat a fait l'objet d'une guerre des tranchées. Niyombare était en mission à l'étranger. Quelques hauts gradés ex FDD, dont des généraux, ont écrit une lettre à la direction du parti CNDD-FDD pour protester contre cette proposition de nomination. Dans la lettre, ils expliquaient que Niyombare  ne connaissait pas les affaires militaires et qu'il n'a pas mené de guerre pendant la rébellion. Comme la proposition était partie  au Sénat, le général major Adolphe Nshimirimana est allé lui-même au Sénat pour dire aux Sénateurs du CNDD-FDD de ne pas voter pour cette nomination. Au Sénat, aucune consigne n'a été donnée dans le groupe du CNDD-FDD pour que Niyombare  passe. Alerté par les tractations au Sénat, Niyombare est rentré rapidement de sa mission pour faire du lobbying au Sénat. C'est à ce moment là qu'il a pu inverser la tendance.

Ces généraux estimaient que ce n'était qu'une bataille perdue. Cette place intéressait et intéresse encore le général major Ndayishimiye, alias Neva. Il n'est pas le seul. Même des colonels estiment que cette place est à prendre. Niyombare était estimé par le Président Nkurunziza. Niyombare a plus travaillé dans le dossiers de Nkurunziza que sur le terrain. C'est pour cela qu'il a eu cette promotion malgré les coups tordus des généraux ex FDD.

Le dernier coup d'arrestation de 13 militaires au lac Tanganyika est fatal. Selon certaines sources, il est tombé dans un piège qui lui a été tendu. Cette arrestation au milieu des civils devait marquer un coup de frein à son ascension. Ses déclarations inspirées par ceux qui l'ont piégé ont servi de prétexte à ses détracteurs. Les autres généraux l'ont critiqué dans des réunions et en privé. Il a eu sûrement droit à une explication à la Présidence car le Président a été informé après les arrestations. Il était mal tombé car des rumeurs disaient qu'il pouvait être le futur candidat du CNDD-FDD si le Président ne se présentait pas. Or, tant que le Président Nkurunziza n'a rien dit, il n'aime pas que les généraux marchent dans ses pas.

Le procès verbal dans lequel Niyombare était sur la liste des putschistes arraché sous la torture par Ndakugarika et  un colonel de l'armée était un coup tordu de ces généraux. Certains généraux ont profité du mécontentement des militaires pour enfoncer le général major Niyombare et lui-même a joué le jeu en se piégeant.

Les généraux ex FDD contre eux-mêmes

Les généraux estiment que le pouvoir est vacant. Celui qui arrive à dominer la classe politique au pouvoir et surtout à influencer le Président est le gagnant. Certains postes sont plus intéressants que les autres. Celui qui veut ma place est mon ennemi, c'est la devise actuelle. Adolphe pense que Niyombare veut sa place et c'est la guerre ouverte. Niyombare pense que Ndayishimiye veut sa place et c'est la guerre ouverte. Bunyoni croit aussi que sa place est convoitée par Niyombare, etc... Le fameux groupe des généraux est en réalité une groupe de haine mutuelle. Chacun tient à écraser l'autre pour bien se positionner après les élections en tablant sur la victoire d'un candidat hypothétique Nkurunziza. Les plus optimistes tablent sur l'hypothèse de Burundi News et ont eu vent de la demande du Vatican concernant l'absence de candidature de Nkurunziza. Ceux-là pourraient alors mener une bataille en interne pour être des candidats du CNDD-FDD. En l'absence des primaires au sein du CNDD-FDD, c'est la loi de la jungle qui prévaut.

Dans cette bataille, en prévision aussi de la perte du pouvoir, certain généraux rassemblent leurs biens. Un général cité ci-haut a déjà vendu toutes ses maisons et se prépare à l'exil. Un autre a déjà acheté un immeuble à Nairobi et le loue à une ambassade. Ceux qui suivent aveuglement pour faire la violence au nom du parti se trompent. Ils seront lâchés au dernier moment.