Burundi news, le 06/10/2011

 

MANIFESTE DU GROUPE

« HARAGEZE !   IL EST TEMPS ! »

SUR LA VIE PUBLIQUE AU BURUNDI

 

Le Burundi vit actuellement une situation qui nous interpelle à plus d’un titre peu importe notre position sociale ou notre métier. Nous estimons que chacun des Burundais doit être conscient de son devoir de citoyenneté pour protéger les bases de notre Nation. «Harageze ko Reta iba umuvyeyi wa bose ikabakingira...» (il est temps que l’Etat soit le parent de tous et les protège…) disait le Prince Louis RWAGASORE.

 

En écrivant le manifeste du UMKHONTO WE SIZWE, Nelson MANDELA explique qu’avec ses amis, ils avaient l’intention de démontrer l’échec du Parti National quand l’économie serait menacée par le manque de volonté des étrangers à risquer des investissements dans le pays. Qu’en est-il de chez nous chers intellectuels et économistes ?

 

L’intention des membres de HARAGEZE en mettant au grand jour ce manifeste, est de prouver à tous les Burundais et surtout au Gouvernement que s’il n’est pas capable de redresser notre économie, cette insécurité et tous les maux sont encore à venir, qui dit mieux?

 

Les pouvoirs publics jouant leur rôle tant bien que mal croient et veulent que nous restions spectateurs passifs et inertes. Il est temps qu’ils comprennent que la gestion du pays nous concerne au même titre qu’eux. En effet, nous subissons plus qu’eux les conséquences de leurs actions peu réfléchies. HARAGEZE propose une conscientisation nationale pour qu’on ne se réveille plus tard lorsqu’il ne sera plus facile de redresser. Ce pays appartient à tous les Burundais, et surtout aux plus jeunes: ces bébés qui ne parlent pas mais qui porteront la croix.

 

 

I. Nous voulons la SECURITE pour tous les habitants du Burundi,

la PAIX et la TRANQUILITE dans nos familles.

 

Il n’est un secret pour personne, sans sécurité, un pays ne peut aspirer au bien. Depuis les dernières élections générales de 2010, les droits de la personne humaine sont bafoués chaque jour. On voit des victimes partout, les cimetières se remplissent mais chose bizarre, on ne voit aucun criminel. Tout le monde condamne et en appelle aux enquêtes  qui finiront probablement comme jadis dans des tiroirs des vieux bureaux poussiéreux des autorités.

 

Enfants, femmes et hommes innocents meurent, du sang coule, les rescapés agonisent dans des hôpitaux sans soins, les grandes victimes sont toujours les orphelins. Pourtant les politiciens profitent de la situation pour rappeler leurs désirs idéologiques, qu’ils sont pleins d’humanisme, démocrates, jurant que les auteurs des crimes seront sévèrement punis. Combien ont déjà été identifiés, arrêtés et punis ?

 

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. (d.u.d.h art. 3)

Le Groupe HARAGEZE pense que cette situation, peu importe les auteurs, n’a que pour objectif de semer la terreur et le chaos afin de nous empêcher de penser réellement aux vrais défis qui nécessitent des solutions pour une avancée sans retour. Le Groupe profite de l’occasion pour consoler les familles attristées et les Burundais en général à qui il rappelle qu’il ne faut pas surtout céder à la violence et la peur, en effet « il est temps » que tout ce qui se dit tout bas soit dit tout haut. Si nous craignons la vérité, nous invitons la peur et la mort à s’installer pour longtemps encore.

 

 

 

 

II. Il nous faut une JUSTICE rassurante, protectrice, réparatrice,

pacificatrice et en tout état INDEPENDANTE.

 

Une justice indépendante rassure les justiciables et fait promouvoir les valeurs de tolérance, de compréhension, de respect d’autrui, de pardon, d’écoute de l’autre, de confiance aux institutions et surtout de fierté nationale.

  

La criminalité s’intensifie dans le pays, des promesses d’enquêtes, trop de pleurs dans les familles, des vengeances en plein jour, des dossiers toujours en cours, pas de résultat concrets, pas d'issue favorable ! Les criminels jouissent d’une tranquillité totale, les victimes en cavale, sans espoir d’une justice possible.

 

Politiciens, syndicalistes, activistes de la société civile, paysans, tout le monde se demande si « justice » ou « lois » font toujours partie du vocabulaire judiciaire burundais. Qui emprisonne qui ? Qui décide quoi ? Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. (d.u.d.h art. 7)

 

 

III. Quelle ECONOMIE pour un pays qui veut éviter l’asphyxie 

et promouvoir l’égalité des chances !

 

III. 1. Nous voulons l’EAU et non les maladies.

 

Dans un aspect typiquement économique, le peuple a besoin d’une eau potable pour éviter de contracter les différentes maladies qui empêchent les populations de vaquer aux activités de développement. Sans eau pas de vie.

 

Le Gouvernement utilise moins de 0,1% de son budget pour venir à bout de cette réalité qu’est le manque d’eau dans nos villes et campagnes. Y a-t-il plus priorité dans un pays où les maladies causées par la rareté de l’eau, font dépenser plus qu’il n’en faut ?

 

Le Groupe HARAGEZE rappelle qu’aucune politique de santé ne pourra guérir les victimes des maladies, que ne peut le faire à moindre coût une politique de production d’eau potable. Il est temps que cela change.

 

III. 2. Quelle ENERGIE pour un pays qui avance !

 

a). Il nous faut de l’ELECTRICITE pour attirer les investisseurs.

 

Nous lançons un défis à tout politicien qui croit venir à bout de notre pauvreté sans faire de sa bataille principale le problème d’énergie. Nous ne sommes plus au règne de Ntare ou Mwezi, la vie à ce jour et tout le développement humain sont conditionnés par l’énergie.

 

Le pouvoir actuel, sans parler des précédents, avait promis la construction des centrales hydroélectriques depuis son avènement en 2005. Ce Gouvernement a géré 4000 milliards au premier mandat, mais n’a pris aucune décision pour alléger le déficit énergétique. Nous sommes au deuxième mandat, un an vient de passer et que sera l’an 2012 ? Que fait l’argent du contribuable burundais ?

 

Quel investisseur peut risquer ses capitaux dans un pays où il ne pourra trouver de l’énergie ? Tous nos commerçants petits et grands travaillent à la perte, et demandez-vous la priorité d’un Gouvernement qui ne sait pas où il tirera les moyens de son fonctionnement, pour ne pas dire de notre développement.

 

Le fameux stade flambant neuf de BUYE qui a coûté une bagatelle somme que ne prendrait la construction d’une centrale hydroélectrique, ne pourra non plus fonctionner sans énergie électrique à moins que toute la ville de NGOZI plonge dans le noir tout le long des activités.

 

b). Soyons conscients que sans CHARBON et bois de chauffage, nos

                enfants devront manger des haricots crus demain.

 

Pour certain ce n’est qu’un geste banal d’envoyer les enfants à la recherche du bois de chauffage, ou le domestique chercher du charbon pour la cuisine. Pendant le repas personne ne se pose la question de savoir si le lendemain il y en aura assez pour une nouvelle fois. Demandez à ceux qui préparent ce charbon, l’heure est au déterrage des racines car il n’y a plus d’arbres suffisants. D’ici quelques années nous aurons une crise très sérieuse, en effet plus de 99% des Burundais utilisent le bois ou le charbon pour cuisiner.

 

« Nous plantons les graines de la paix maintenant et pour le futur » disait la Kenyane WANGARI Maathai prix Nobel 2004. Les vrais leaders comprennent que la destruction de l’environnement sans protection est une déstabilisation de la paix.

 

Le Gouvernement du Burundi a reçu assez de financements dans le cadre de la protection de l’environnement. Probablement que quelques avocatiers ont été plantés avec toute une politique tapageuse à la suite, mais est-ce de cette façon que nous viendront à bout de la catastrophe qui s’annonce ? Y aurait-il un plan pour produire du gaz ou autres palliatifs ? Où devons-nous attendre le tsunami en jouant au football ?

 

c). Nous exigeons une stabilité des prix du CARBURANT afin que la

                 Vie de nos familles reste stable.

 

Le carburant est une denrée très chère dans notre pays, en effet on n’en produit pas au Burundi. Les fluctuations des prix au niveau mondial font du carburant un produit difficilement maîtrisable, ce qui amène différents Gouvernements en Afrique à mettre en place des fonds carburant pour une certaine régulation.

 

Le Burundi a aussi opté pour cette solution, pourtant rien ne marche et le peuple est toujours obligé de supporter les caprices de ce produit.

 

Une chose est sûre, le Gouvernement manquant de ressources par défaut d’investissements suffisants, doit compter sur ce genre de fonds qui à la longue ne font jamais ce à quoi ils sont destinés. Remarquer que le fonds va jusqu’à financer les voyages et déplacement des autorités, sans oublier l’achat des véhicules. Ainsi chaque moindre fluctuation du prix se remarque dans l’assiette du consommateur. Jusqu’à quand allons-nous supporter cette forme de gestion ? Il est temps que le changement soit réel.

 

III. 3. Nous désirons une AGRICULTURE qui puisse nous nourrir afin de

          penser à notre avenir (munda harara inza hakazinduka inzigo).

 

Plus de 90% de Burundais qui sont des paysans vivent de l’agriculture. Si à ce jour l’assiette du Burundais ne peut se remplir que rarement une fois par jour, c’est qu’on oublie la base de notre existence. Rien n’est concevable face à un peuple affamé.

 

Il y a quelques années, même au plus fort moment de la crise certains aliments abondaient dans les marchés à tel point qu’on les désignait « problèmes ». Comment se fait-il qu’après cinq ans de vie dite paisible, on n’arrive pas à acheter avec un seul dollar dans nos marchés ?

 

 

Attention! La terre ne produit plus, l’homme a tellement agit sur elle qu’il nous faut penser à une nouvelle politique de fertilisation, de protection par les courbes de niveau, d’occupation rationnelle des espaces, d’investissement dans le domaine. Nourrir huit millions d’habitants n’est pas du tout un hasard d’une famille paysanne qui se lève le matin pour planter tout ce dont la tête lui chante.

 

Toutes ces politiques initiées par la FAO, le FIDA et les autres n’auront aucun résultat si une réelle volonté politique ne s’en imprègne. Elles resteront des exemples comme tant d’autres (les plantations présidentielles en l’honneur) et le peuple souffrira toujours de faim.

 

Rappelez-vous il y a vingt ans, un paysan répondait à une convocation à la commune pour n’avoir pas planté son haricot en ligne ou avoir mis de la paille dans son café. Aujourd’hui il est convoqué pour n’avoir pas saluer l’Administrateur ou pour ne s’être pas présenté aux travaux communautaires. Quelle avancée ! Trop c’est trop !

 

III. 4. Nous aspirons tous à un EMPLOI et à la fierté, jamais à la mendicité.

 

Le Groupe HARAGEZE rappelle à vous tous qu’avoir un emploi est un droit et non une faveur. Peu importe votre emploi, faites-le avec FIERTE, tel est l’honneur d’une Nation qui aspire à la grandeur et à la PROSPERITE. Nous devons refuser tous ces dons empoisonnés.

 

1. Pas de politique disponible pour au moins tromper les naïfs. Les plus courtisans du parti vainqueur gardent l’espoir qu’on trouvera une place pour eux. La création d’emplois n’est pas un hasard, mais un investissement sérieux. Parfois de nouvelles recrues, bons militants, croient qu’on a pensé à eux, gonflant les bureaux, pourtant personne ne sait jusqu’à quand l’entreprise pourra supporter des dépenses sans investir de nouveau.

 

2. Les commerçants dans nos marchés, qui font tout pour nourrir leurs familles sans l’aide de quiconque, qui dans la bravoure doivent payer des taxes à l’Etat, mais qui n’arrivent pas à évoluer à cause des administratifs qui les obligent par une main de police à obéir aux caprices des autorités et non à une politique établie pour développer le secteur.

 

3. Les transporteurs de passagers dans des bus, des taxis, sur des motos, risquent leurs capitaux se lançant dans le secteur pour aider au déplacement des populations. Les tracasseries administratives et policières les empêchent d’œuvrer à cause d’un manque de citoyenneté et d’un sens de l’intérêt général. Le secteur pourrissant, les populations n’arrivent plus à profiter du semblant de développement.

 

4. Plein de gens gagnent leurs vies dans des métiers informels, ne demandant rien au pouvoir si pas la sécurité pour les leurs. Ils paient des taxes pour leurs activités. Pourtant le pouvoir les malmène ne sachant même pas créer des lois incluant leur génie et leur savoir faire.  

 

5. Des universitaires pleins de vivacité, intelligents et forts, que HARAGEZE considère comme des moteurs neufs prêts à fonctionner, mais à qui on refuse le carburant ; et qu’on soumet malheureusement à la mendicité comme quoi la création de l’emploi n’est que chose possible ailleurs que chez nous.

 

III. 5. Le Burundi a droit à une FONCTION PUBLIQUE épanouie et efficace.

 

Les fonctionnaires de l’Etat, les magistrats, les policiers, les militaires,… comprennent mieux que quiconque ce qui se passe parce qu’ils savent tout ce qu’ils essaient de tenter pour remédier à la situation mais en vain. Leurs actions louables, raisonnables et pacifiques sont toujours bloquées par des supérieurs qui incarnent la volonté du Gouvernement. A ce jour ceux qui risquent de s’opposer savent bien que des mesures disciplinaires tombent en cascade.

 

Mais que gagnent ces Burundais grâce à qui nous essayons de vivoter, que de vieillir dans un métier qui les nourrit et loge à peine, qui malheureusement laisseront leurs enfants plus pauvres qu’ils ne l’ont été au début de leur propre carrière !

 

Il est temps que les fonctionnaires de l’Etat s’épanouissent et qu’ils n’aient plus à se plier devant n’importe quel désir autoritaire. La loi devant être seul maître.

 

III. 6. Tout Burundais a droit à un HABITAT décent.

 

Avoir un habitat est un droit pour tous, petit ou grand. Si notre pays est pauvre à l’image de sa population, il reste tout de même curieux que quelques individus aient des facilités à s’offrir le luxe dont le pays ne dispose pas.

 

Que nous soyons aveugles ou borgnes, la situation devra s’arrêter un jour. Cessons de croire que ceux qui érigent des villas ici et là sont plus intelligents ou plus chanceux que nous.  La politique qui permet cela ne peut bénéficier d’aucune légitimité petite soit-elle de la part du peuple.

 

Seule une politique équitable fera qu’un jour pas trop lointain, nous soyons tous fiers du peu bien acquis et non du trop mal acquis. Il n’est jamais trop tard pour agir.

 

                                                                                                                                  

CONCLUSION

 

Chers compatriotes, par ces quelques sujets passés en revue dans ce Manifeste, voulons vous rappeler que nous ne devons pas nous faire détourner de nos problèmes par ceux qui crient trop politique. Aucune discussion  politique n’est utile si nous n’avons pas une vie qui répond à nos préoccupations et aspirations journalières. Ensemble réclamons l’Utile pour la Nation.

 

Le Gouvernement actuel, s’il s’agit de lui, a promis monts et merveilles pour que nous vivions dans un Burundi de paix, de lait et de miel. Le lui rappeler est devenu un DELIT, et nous devons nous taire sous peine de mourir. Oh! Devons-nous mourir pour qu’on soit sauvé?

Le Groupe HARAGEZE n’a pas envie de se suicider, mais croit qu’il faut toujours un début sinon il n’y aura jamais de FIN. Il n’y a que les vivants qui ont peur ! Mais que craignent tous ces cadavres que l’on trouve ici et là ? RIEN et alors RIEN. Seul les vivants ont à dire.

 

Comprenons tous que tout ce qui a été fait et dit par la société civile, les bailleurs, les populations,… pour amener le pouvoir à réajuster ses manières de faire, en est assez pour qu’une lueur de changement se profile à l’horizon. S’il n’est pas temps aujourd’hui, il sera trop tard demain. Le pays va tout droit dans le gouffre, s’il n’y est pas déjà, discussions à part.  

Le Gouvernement du Burundi doit prendre au sérieux la menace du délabrement économique de notre pays afin d’en faire son combat le plus ultime au lieu de créer des échappatoires sur les responsabilités des uns et des autres dans autant de symptômes qui caractérisent ce marasme gouvernemental. La chasse à l’homme n’est que détournement de raison par ailleurs.

 

La gestion des milliards d’une Nation par une poignée de personnes se réclamant par tous les droits être légaux, ne peut et ne sera une barrière pour que le peuple se taise et finisse à la décomposition. Que les générations soient conscientes que la vie est si précieuse pour nous tous. Nous devons le dire, ne pas le dire et se taire serait un CRIME, ce que nous refusons.

Le peuple aura été témoin et HARAGEZE vous aura assez prévenu du danger.

Un peuple vaillant ne pourra supporter plus longtemps cette situation. Il est temps !