REBONDISSEMENT DU DOSSIER DES HARICOTS DE LA POLICE BURUNDAISE : LE PRESIDENT NKURUNZIZA RECONNAIT QU’ IL Y A EU CORRUPTION

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 26 octobre 2005

Dans un article que nous avons publié le 18 octobre 2005 concernant un scandale du marché des haricots de la Police Nationale, nous avions démontré qu’il y avait eu corruption. Un kilo de haricot avait été vendu au double de son prix. La personne visée par cette corruption est l’actuel ministre de la bonne gouvernance. Nous avions même à un certain moment appelé son ministère celui de bonne corruption compte tenu des dossiers de corruption dans lesquels il était impliqué.

Certains militants zélés avaient tout fait pour me pousser à me taire. Kabuto et Nkanganyi étaient les grands défenseurs de Ntakarutimana, ministre de la bonne gouvernance. Le dossier était suffisamment documenté et les enquêtes menées avaient permis de bien savoir qui a fait quoi dans ce dossier.

Dans le cadre de sa défense, le ministre Ntakarutimana avait tenté de détourner l’attention de l’opinion en lançant la chasse aux corrompus. Il avait fixé un ultimatum au 31 décembre 2005 pour que les corrompus rendent l’argent à l’Etat. Tout le monde a attendu pour qu’il rende les centaines de millions de francs bu en  vain. A défaut, les autres ont suivi son exemple.

Ce dossier que nous avons révélé en exclusivité au mois d’ octobre 2005 est pris au sérieux par les dirigeants burundais. L’implication du ministre de la bonne gouvernance n’est qu’un secret de polichinelle au sein de son parti CNDD-FDD. Ceux qui ont essayé de le défendre sont apparus comme de faux militants et qui n’ont pas compris que les temps ont changé.

Pour rappel, 1 500 tonnes de haricots ont été vendus à la    Police à 600 francs hors taxe par kilo, soit 900 millions de francs bu. Sur le marché de  Bujumbura, le kilo de la même qualité de haricot était vendu à 290 frs Bu. Celui qui a eu le marché a gagné d’emblée 310 francs bu au détriment de l’Etat. L’Etat a payé 310 francs le kilo de haricot plus le citoyen burundais au marché de Bujumbura.

A la fin de la dernière semaine, au  cours de la rencontre avec les chefs de la police dans la 4 è région, le Président de la République a dénoncé la corruption qui règne au sein de la Police, surtout à la Police de l’air, des frontières et des étrangers. Il a brisé le tabou en affirmant qu’il y a eu corruption dans l’attribution du marché des haricots de la Police. Le Président Nkurunziza a confirmé les informations déjà publiées en signalant que le kilo a coûté le double de son vrai coût. Il ne pouvait pas nommer son ministre devant les policiers mais le pas a été franchi. La volonté d’en finir avec la corruption est déjà affichée. Elle passe aussi par les sanctions. Celles-ci sont sans aucun doute prévues. Les centaines de millions ne n’ont pas été volées par la main de Dieu. Il y a des responsables de cette corruption, seule la sanction peut confirmer cette volonté.

Les tentatives d’étouffer cette affaire n’ont rien donné. Le pouvoir ne peut pas prouver qu’il combat  la corruption tout en gardant un corrompu au sein de son équipe et surtout en le chargeant de combattre la corruption.