QUOI DE NEUF DANS LA LOI SUR L'ABOLITION DE LA MORT AU BURUNDI?

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 23/11/2008

L'Assemblée Nationale burundaise a adopté en grande pompe la loi sur l'abolition de la peine de mort. Les remerciements et des louanges des députés faits par le Président de cette institutions cachent les défauts de cette loi qui au juste est plus rétrograde que révolutionnaire. Il ne s'agit pas de critiquer pour critiquer mais de soulever les failles de cette loi.

Une loi voulue par le Président Ndadaye

Loin de se glorifier pour cette loi, le Président Ndadaye avait déjà aboli la peine de mort mais c'est cette loi qui n'était pas encore votée qui est revenue sur la table des députés, enrichis d'autres points.

L'ancien Président Buyoya a profité de cette faille, de cette volonté du Président Ndadaye non concrétisée par une loi, pour pendre quelques Burundais. Aujourd'hui, l'abolition de la peine de mort est une mesure qui devient de plus en plus mondiale. Certains pays  refusent même des extraditions vers des pays qui pratiquent encore la peine de mort. Cette loi n'est donc ni révolutionnaire, ni une nouveauté pour le Burundi.

Une loi rétrograde, réactionnaire et intégriste sur l'homosexualité

Il est facile de faire le profil des députés burundais qui ont voté à 90 % cette loi sans aucune voie contre. Il ressort que c'est le machisme qui domine sans oublier les idées dépassées de l'intégrisme religieux.

Un conjoint qui bat sa femme n'est pas punissable si la femme battue ne porte pas plainte. Cette loi interdit en quelque sorte à la police de constater une infraction quand un homme frappe sa femme si celle-ci n'ose pas porter plainte alors que la même police se saisira de l'homme s'il frappe une autre personne dans la rue même en dehors de la plainte de la personne frappée. Cela ressort du ministère public. En quelque sorte, les députés se protègent entre hommes au niveau des violences conjugales. Une femme qui a peu de moyens pour être autonome subira les violences conjugales sans que son entourage puisse appeler la police.

Cette même loi punit l'homosexualité. Ils sont tombés sur leurs têtes nos députés! Est-ce que l'homosexualité entre deux personnes consentantes est un délit? Est-ce que la police va s'inviter chez deux hommes qui vivent ensemble pour constater la main dans le sac des actes d'homosexualité? Il faut que les dirigeants burundais arrêtent leur hypocrisie et leur mensonge pseudo religieux. Ils font croire qu'ils sont les plus proches de Dieu au moment où ils font du mal au peuple burundais. Cette loi contre l'homosexualité ne sert qu'à se racheter sur des doutes. Le recours à l'intégrisme ne changera pas grand chose.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, est un homosexuel qui ne se cache pas. Il dirige une ville plus peuplée que le Burundi. La ville est plus riche que le Burundi. C'est un homme respectable, très honnête et qui sera probablement un jour Président de la République française. Est-ce que le maire de la ville de Bujumbura osera rendre visite au maire de Paris sachant qu'au Burundi, la loi votée mettra son interlocuteur en prison?

La conception de l'homosexualité par nos députés et nos dirigeants est tronquée. Il leur manque la tolérance. Les homosexuels ont la liberté comme les hétérosexuels. Les filles qui s'aiment ou des hommes qui s'aiment ne sont pas coupables car ils ne font aucun délit. Bientôt, il faudra voter une loi qui précise au centimètre près comment faire des relations sexuelles. Nos députés devraient faire des enquêtes dans la ville de Bujumbura sur des pratiques non moins catholiques. Ils devraient aussi voter une loi pour condamner des échangistes, etc...

La liberté de chacun s'arrête là où commence celle de l'autre. Ceux qui pratiquent l'homosexualité ne gênent personne. Les juifs ne gênaient personne en 1939, 1940. Ils ne faisaient que pratiquer leur religion. Hitler les a conduit au four crématoire. Aujourd'hui, on vote une loi contre les homosexuels, demain, les foules vont lyncher des individus innocents en les accusant d'homosexualité. Le Parlement burundais sera responsable de ces dérives.

Pourquoi nos chers députés n'ont -ils pas voté une loi contre l'infidélité tant qu'ils confondent la morale et le droit? C'est sans aucun doute qu'ils savent qu'un bon nombre d'eux de ces députés seraient concernés.

Avant de voter des lois, les députés burundais devraient bien connaître le sujet. L'homosexualité n'est pas une délinquance. C'est une forme de sexualité qui ne peut pas être condamnée quand on respecte les droits des autres.

Je lance  un appel aux sénateurs qui vont étudier cette loi de retirer l'homosexualité de cette loi. La sagesse de cette institution aura pris le dessus de la précipitation des députés burundais.