L'HORREUR AU BURUNDI

 Burundi news, le 14/12/2015

Par Gratien Rukindikiza

Il n'y a pas de mots pour le dire. Il y a des moments où les mots manquent, les plumes refusent d'écrire, la voix refuse de porter. Un pouvoir qui organise le massacre de son peuple, on en a vu lors du génocide rwandais. On voit de plus en plus des actions suivies par l'horreur.

Dans la nuit du jeudi au vendredi 11 décembre 2015, il y a eu des attaques sur 4 camps militaires à savoir l'Iscam, la base des forces armées, le camp Ngagara et le bataillon des para de Mujejuru. Depuis mercredi, le pouvoir était au courant de cette attaque car les blindés étaient en ville, les officiers avaient reçu l'ordre de rester aux camps, les militaires n'avaient pas droit aux congés. Nkurunziza attendait cette attaque pour exterminer les jeunes des quartiers contestataires comme Musaga, Ngagara, Nyakabiga, Mutakura et  Jabe.

Le piège militaire au sommet

Les attaques étaient déjà connues par le pouvoir selon certaines informations. Des faits très étonnants. Le ministre de la Défense nationale et le chef d'Etat major de l'armée étaient absents. Le ministre à Paris et le chef d'Etat major était en Tanzanie. Ainsi, au sommet du commandement militaire, il restait le chef d'Etat major adjoint, le général de brigade Ndayishimiye, alias Paysan, le chef d'Etat major interarmes (EMIA) et le G3. Etonnamment, les militaires ont participé aux massacres à Musaga et à Nyakabiga. Les camps Muzinda et Muha ont participé avec zèle à ces massacres. Si on parle ethniquement, les 3 chefs militaires qui étaient présents au Burundi sont des tutsi. On peut dire que la responsabilité de ce qui s'est fait leur incombe. Des gens disent que les massacres concernaient plus particulièrement les tutsi de ces quartiers.

Les commandants de Camp Muzinda et Camp Muha sont des hutu. Ainsi, ces commandants ont agi hors la chaîne du commandement. Le tort de ces 3 responsables militaires est d'avoir gardé le silence, le refus de commander, le refus d'empêcher les policiers et les militaires zélés d'arrêter illégalement les militaires tutsi du fait qu'ils sont des ex- FAB.

Nkurunziza, le commandant en direct des massacres

Pour contourner la chaîne de commandement, Nkurunziza appelle directement les deux commandants de Camp Muha et Muzinda pour organiser des massacres. Il s'est ajouté le commandant de la police militaire. Nkurunziza a déjà ethnisé le commandement. Certains commandants hutu "travaillent" alors que les commandants tutsi sont des spectateurs. Ainsi, il y a 500 jeunes tués et disparus sous le regard des chefs militaires tutsi et même hutu qui ne voulaient pas participer. Toutefois, comme lors du génocide rwandais, tout commandant hutu qui refuse de "travailler" est éliminé. Officiellement, ce sont des rebelles qui l'ont tué.

Nkurunziza agite aussi la carte de l'Amisom. Comme il l' a dit tout récemment aux commandants de bataillon de la région Ouest, ceux qui n'auront pas "travaillé" ne seront pas envoyés en Somalie en mission Amisom. Et si Amisom s'arrêtait, quel sera un autre chantage? La docilité des militaires burundais, leurs parents sont massacrés, leurs frères aussi mais préfèrent rester dans les normes DD pour gagner les quelques millions de l'Amisom. L'argent vaut plus que le peuple. Le général Niyombare en sait quelque chose. Son coup d'Etat a échoué à cause de l'Amisom. Le bataillon bien entraîné et mieux équipé à Bujumbura était un bataillon en partance en Somalie. Les officiers ont refusé de donner un coup de main car la mission aurait pu changer et ce bataillon pouvait rater l'avion. Une éventuelle fermeture de l'aéroport pour plusieurs jours pouvait faire capoter la mission.

Nkurunziza a envoyé les militaires en Somalie pour endormir les militaires et aussi la communauté internationale. Avec l'Amisom, il massacre dans le grand silence de la communauté internationale et de l'armée.

La milice Imbonerakure a déjà remplacé l'armée et la permanence  du CNDD-FDD a remplacé les poteaux d'exécution

Pendant que les militaires dorment, les imbonerakure travaillent. Ils portent les tenues militaires sans se cacher. Ils agissent à la place des militaires. A vrai dire, à part les missions en Somalie et en Centrafrique, à quoi servent les militaires à Nkurunziza? Rien! C'est le grand amour haine. Je t'aime parce que tu m'envoies en Somalie, moi non plus!

Nkurunziza est convaincu que l'armée ne se battra pas pour lui. De ce fait, malmener les militaires est une simple logique. Rendre les militaires peureux, rabaisser rentre dans la stratégie de Nkurunziza. Une armée dominée par la peur, rongée par une probable défaite infligée par une coalition Imbonerakure-Police et Documentation, divisée, permet à Nkurunziza d'écarter une menace de coup d'Etat ou d'autre tentative. Désormais, l'armée de Nkurunziza est composée des Imbonerakure et de la Police.

La permanence du CNDD-FDD est devenue le goulag burundais. Les jeunes arrêtés sont conduits à la permanence du CNDD-FDD où ils sont entassés. Ils sont torturés et massacrés. Les cadavres sont mis dans des camions de la police pour être enterrés dans des fosses communes. Cela rappelle 1972.

Le parti politique CNDD-FDD est impliqué dans les tortures et assassinats. Toute personne ayant perdu le sien pourra tôt ou tard porter plainte contre le CNDD-FDD. Même s'il y a des négociations et une amnistie, une personne morale ne peut pas être amnistiée. La plainte pourra se faire au pénal et au civil aussi. Le CNDD-FDD a des biens immeubles. Toute personne ayant perdu le sien devra garder en mémoire que la plainte pourra se faire individuellement ou collectivement. Le CNDD-FDD devra payer de ses crimes. Personnellement, les dirigeants du CNDD-FDD pourront être traduits en justice française pour torture car la France dispose d'une compétence universelle en matière de torture. Une association française liée au Burundi a le droit de porter plainte et la police est avisée. Dès que la personne franchit la frontière française, une arrestation peut se faire. A bon entendeur, salut!

Trois jours après l'attaque des camps, 500 jeunes ont été arrêtés de chez eux et tués. Les imbonerakure sont armés de fusils et de machettes. Les machettes servent à donner un message, un message ethnique d'un futur génocide. Nkurunziza donne l'ordre de laisser les cadavres pour que la population soit intimidée.

Demain, Nkurunziza ne sera plus au pouvoir. Quelque soit l'aboutissement, les assassins ne seront pas libres.