Burundi news, le 30/05/2010

Source Iwacu

 Les huit raisons de la colère de l'opposition

Écrit par Antoine Kaburahe

Samedi, 29 Mai 2010 22:19

Des partis de l'opposition contestent les dernières élections communales. Dans la presse, on entend plusieurs déclarations et il devient de plus en plus difficile de  s'y retrouver. Iwacu a condensé les principales raisons de la colère de l'opposition.  Selon plusieurs analystes politiques burundais et étrangers, les raisons « 1 à 4 sont typiques des mauvais perdants. La quatrième est même risible. Les points 6-7-8 sont plus sérieux.»

 

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Commune Rugombo (Cibitoke), mardi, 25 mai 2010, 24h 42minutes. Ils ont procédé au dépouillement, éclairés par des bougies. Laissés à eux mêmes, les scrutateurs ont parcouru des distances à pieds avant d’arriver où ils devaient conserver les urnes, les unes non scelées.
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1. Les partis politiques  de l'opposition estiment qu'il y a eu une violation systématique de l’article 87 de la constitution. Pour les huit formations signataires de la déclaration, «les élections n’ont été ni libres, ni transparentes ni régulières.» Intimidations, rachats des consciences avant, pendant le scrutin. Un des signataires  de la déclaration, estime que le cas du président du CNDD-FDD qui est allé inaugurer une école  dans sa province natale (Muramvya ) est une illustration d'un « rachat de conscience.» La presse a signalé  plusieurs cas de gens qui passaient dans les files pour leur dire comment voter.

2.
Le report  de la date du scrutin par le président de la CENI est, selon les partis politiques de l'opposition, une violation flagrante de l’article 11 du code électoral. Cet article stipule que les « électeurs sont convoqués par décret du Président de la République 35 jours au plus tard et 45 jours au plus tôt avant la date du scrutin. » Suite à ce report, déplorent encore  les partis politiques de l'opposition,  « des instruments ou des outils sensibles comme le bulletin de vote      ont  traîné dans les communes et bureaux de vote durant 4 jours, ce qui a pu permettre des manipulations.»

 

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L'isoloir ne garantissait pas le secret de vote. ©Iwacu

3. L'autre motif de grief est la «violation du secret  de vote par l’usage des isoloirs inappropriés.» Pourtant, le secret de vote est garanti par l’article 2 du code électoral, rappellent les partis politiques de l'opposition.

4.
L’article 43 du code électoral commandait à la CENI de prendre en charge  les mandataires  désignés par les partis. Cela n'a pas été fait. « Ce n'était pas facile pour nos mandataires, très bons militants  soient-ils, de rester si longtemps sans avoir rien à boire ou à manger. » Pour les partis politiques de l'opposition, passer « près de 36 heures sans boire un verre d’eau ou grignoter quelque chose est  une sorte de torture physique ».

5.
La fermeture des bureaux de vote au delà de 18 heures est une violation grave de code  électoral en son article 36. Il a été observé la prolongation de scrutin jusqu’au-delà de 21heures (Gitega, Busoni, Nyanza-lac, Kayanza,...) cette situation, relèvent les partis politiques de l'opposition, a favorisé la fraude électorale  pendant le scrutin et la campagne (dépouillement) partout dans le pays.

6. L'autre violation déclarée, est celle de l’ article 62 du code électoral par
le transport des urnes sans escorte, sans compagnie des mandataires par les membres du bureau de vote chez eux donc un lieu autre que celui  ou doit s’ effectuer l’ opération de dépouillement. Cela a été même constaté par les journalistes.

7. 
Plus grave, serait la violation systématique des articles 62 et 71. Les deux procès-verbaux l’un dressé après le scrutin (art 62, alinéa 3) et l’autre après le dépouillement n’ont pas été remis aux mandataires des partis politiques conformément aux articles 62 et 71 du code électoral. Par conséquent, dans une telle situation les recours sont impossibles sans procès-verbaux.

8.
La coupure  presque généralisée de l’électricité pendant les opérations de dépouillement (entre 19 h et 21h) est également dénoncée car elle serait à l’ origine des fraudes massives, les opérations de dépouillement ne pouvant pas se faire dans l’obscurité. Cette panne électrique dénoncée par les partis politiques de l'opposition viole «le principe de transparence des élections reconnu  par la constitution ».

 


Coupures
Les partis politiques de  l'opposition   trouvent « étrange »  cette coupure de courant   constatée le  soir des élections communales,  presque simultanées, observées dans plusieurs chefs-lieux des provinces. Des coupes à l'heure des  opérations de dépouillement.  

Iwacu  a relevé les  heures des coupures de courant.  La durée de la panne était variable,  parfois elle a duré plus de deux heures. Il y a lieu de s’interroger : comment le courant peut manquer dans différentes localités alors qu’elles ne sont pas alimentées par un même barrage?

Contacté pour expliquer le problème lié aux pannes observées ce jour-là, le directeur technique de la Regideso s’est refusé à tout commentaire. Mais selon des sources proches de cette société, il est pratiquement impossible qu’il y ait des coupures d’électricité en même temps dans des lieux qui ne partagent pas les mêmes lignes, comme Karusi et Rumonge.

De plus, un technicien de la Regideso, sous anonymat, indique que le réseau électrique du Burundi n’est pas interconnecté pour occasionner des coupures simultanées.

Thierry Niyungeko