HYPOCRISIE DANS LES DOSSIERS DES ARMES DETERREES
Par Gratien Rukindikiza
Burundi news, le 30/10/2009
Les armes s'imposent au Burundi tant au niveau de l'insécurité qu'au niveau politique. Ces armes continuent de tuer, elles servent de terrorisme et le peuple en est victime. Un parti est même dirigé par les armes car les généraux décident de tout pour ce parti au pouvoir. Ce n'est pas parce qu'ils sont des généraux mais parce qu'ils possèdent des armes, voire des milices qui tuent en commençant au sein même du parti.
Qui n'a pas les armes lève le doigt!
L'hypocrisie atteint le sommet quand on parle des armes trouvées, de la commission chargée de la collecte des armes. Une pure comédie! Tout le monde sait que les armes sont partout. Les gens les gardent car il y a toujours l'insécurité surtout de la part de la police et de la Documentation. La police fait peur au lieu d'inspirer confiance.
Quand le pouvoir envoie ses services pour collecter des armes, il en distribue des milliers à ses partisans. Si au Burundi, l'armée, la police et la Documentation faisaient une liste complète en toute transparence et décidaient de collecter ces armes, il resterait très peu d'armes et l'insécurité pourrait être combattue facilement.
Les armes du FNL, pourquoi pas du CNDD-FDD
Ces derniers jours, un rythme soutenu est observé par les forces de police pour faire un show de déterrer les armes du FNL. Le faux FNL de Kenese qui est le bras gauche du CNDD-FDD crie à longueur de la journée, sur commande du CNDD-FDD, que des armes du FNL sont trouvées. Vérité ou pas, Pasteur sait où ils ont enterré ces armes. C'est facile de retrouver là ils les ont enterrées. Lui qui dénonçait les armes du CNDD-FDD cachées et les combattants laissés au Congo, il semble oublier tout maintenant.
Le FNL et le CNDD-FDD ont eu une longue histoire d'armes. Pour lancer des bombes sur Bujumbura du temps de la rébellion, le FNL avait utilisé des mortiers prêtés par le CNDD-FDD, moins combatif et moins aguerri que le FNL. Après l'entrée dans la vie politique, le CNDD-FDD a juré sur ses grands dieux qu'il a remis toutes les armes. Pourtant, des armes ont été cachées dans la Kibira, à la frontière entre Bubanza et Cibitoke, sur un versant proche d'une rivière. Par manque de chance, le FNL qui continuait les combats s'est servi à l'insu du CNDD-FDD. D'autres armes ont été enterrées dans un quartier à Kamenge dans des maisons et surtout dans des jardins. D'autres sont à Gitega du côté de Bukirasazi. Aujourd'hui, d'autres armes sont distribuées par le pouvoir à Kirundo, Rumonge, certains quartiers de Bujumbura etc...Des armes achetées par la police disparaissent et se retrouvent chez certains militants du CNDD-FDD. C'est le dossier qui a emporté Ernest Manirumva. Nous dire que les armes du FNL sont trouvées et en faire une histoire relèvent d'une pure comédie.
Les armes des élections
Comme si la campagne politique n'était pas en elle même violente, les armes s'invitent au débat. Le CNDD-FDD constate avec amertume que les temps seront durs, que même le Président ne sera pas élu. La dernière arme est l'arme qui tue. Une stratégie de terroriser la population est en cours. La police ne suit plus le pouvoir, des ordres d'attaques des personnalités sont refusés car les policiers ont constaté que les petits policiers n'ont pas de protection comme les officiers supérieurs ou généraux. A défaut de la police, le parti au pouvoir compte gagner les élections par la force des armes distribuées à certains militants.
Cependant, cette stratégie commence à poser des problèmes. L'ancien président des jeunes du CNDD-FDD qui auront le rôle de terroriser la population a déjà fui le Burundi. Il était directeur des douanes et se trouve actuellement aux Etats Unis d'Amérique. Certains cadres du CNDD-FDD commencent à dénoncer en interne cette stratégie de la violence car elle ne paie pas. Certains sénateurs quittent le CNDD-FDD. Le sénateur Rugira a demandé l'asile politique au Canada, fuyant le régime issu de son parti politique le CNDD-FDD.
Ceux qui la pratiqueront pour gagner les élections devront être traduits devant la justice burundaise ou internationale.