QUAND LE POUVOIR COUVRE L'INSECURITE DANS LA PROVINCE DE BUJUMBURA RURAL

Burundi news, le 20/05/2011

Par Gratien Rukindikiza

Ces derniers jours, le sujet d'insécurité dans la province de Bujumbura rural est le sujet de préoccupation du pouvoir. D'emblée, on se dirait que c'est pour apaiser le climat et ramener la sécurité dans cette province. Au contraire, les tournées dans cette province des autorités du Burundi ne font qu'attiser la haine et alimenter les rancœurs.

Le ministre de la défense nationale a sonné la charge en premier    

Il y a deux semaines, lors d'une tournée en province de Bujumbura rural, le ministre de la défense nationale a fait une intervention qui n'a pas laissé indifférent les Burundais. Faite sur instruction du gouvernement ou initiative personnelle, cette intervention a de quoi alimenter les discussions dans les salons de Bujumbura.

Pour la première fois, le gouvernement du Burundi reconnaissait officiellement que son armée peut entrer au Congo comme elle veut. Même Buyoya ne l'avait reconnu. Cette déclaration se faisait au moment où le Rwanda voisin a noué de bonnes relations avec le Congo. Seul le Burundi se trouve en froid avec Kinshasa.

Le ministre de la défense a fourni aussi une autre information surprenante. Nyangoma serait avec  Rwasa dans une imaginaire déstabilisation de la province de Bujumbura rural. Nyangoma et Rwasa seraient au Congo et l'armée se préparerait à aller les chercher. Pour des spécialistes de la politique burundaise, ce qui est inquiétant n'est pas d'aller chercher Rwasa ou Nyangoma au Congo car ni l'un, ni l'autre, se trouve au Congo. C'est surtout le fait que le ministre de la défense nationale, à la tête de l' armée burundaise est en possession des informations fausses. Cela revient à dire qu'il peut engager des troupes au Congo, les laisser mourir dans ce pays incontrôlable à la recherche d'un ennemi non localisé.

Pour tout observateur de la politique burundaise, Nyangoma et Rwasa n'ont jamais travaillé ensemble et même aujourd'hui, ils ne sont pas ensemble. Le ministre devait limoger son chargé de renseignement qui lui a fourni ces informations. En plus, Nyangoma n'a pas de membres actifs dans Bujumbura rural.

L'hypocrisie du pouvoir, qui tue dans Bujumbura rural?

Espérons que le ministre de la défense ne joue pas contre son armée au profit du CNDD-FDD. Ce n'est qu'un secret de Polichinelle le fait que les tueries dans Bujumbura rural sont organisées dans des bureaux de la 1 ère région militaire. Les officiers de l'Etat major en débattent après le salut du drapeau. Le plus urgent est de s'imposer, empêcher ces officiers ex-FDD de continuer à massacrer la population de Bujumbura rural. S'en prendre à Rwasa alors qu'on possède des informations indiquant les vrais assassins est une erreur pour ne pas dire plus.

La population de Bujumbura rural le dit à voix haute. Les miliciens Imbonerakure tuent, volent, imposent la loi dans Bujumbura rural sous l'oeil complaisant de la police et l'armée. Arrêtons l'hypocrisie. Ce n'est pas la tournée du Président dans Bujumbura rural qui rassure d'autant plus qu'il fustige toux ceux qui ne sont pas avec le pouvoir.

L'autodéfense, est-elle illégale?

Le pouvoir accuse les gens du FNL d'entretenir la violence dans Bujumbura rural. Or, ils sont des victimes et ont fini par dire non aux imbonerakure. Ils ont adopté l'autodéfense. Faut-il accuser celui qui se défend et défendre celui qui agresse? On aura tout vu.

Le régionalisme revient au galop

La grande surprise est aussi ce régionalisme rampant depuis ces violences. Certains politiciens demandent à renvoyer chez eux tous ceux qui ne sont pas natifs de Bujumbura rural. Ceux qui le disent résident dans une province qui n'est pas la leur. Demander à chasser les non natifs de Bujumbura rural est une simple déclaration de guerre. Que faire de ceux qui enseignent, qui soignent, qui investissent dans Bujumbura rural venant d'autres provinces? Faut-il chasser ceux qui travaillent dans Bujumbura ville mais qui louent des maisons dans Bujumbura rural? Si les autres régions chassaient les personnes originaires de Bujumbura rural? Si demain chaque province chassait les Burundais ne résidant pas dans sa province natale, on aurait ni moins ni plus que des pays provinces.

Nos politiciens devraient d'abord réfléchir avant de lancer des propos brûlants.