Le gouvernement de Pierre NKURUNZIZA au comble de l’infamie

Burundi news, le 20/04/2011

Par Pancrace CIMPAYE
 

Après les révélations du député Manassé NZOBONIMPA, le roi est nu. La boîte de Pandore du système CNDD-FDD a été ouverte et son contenu déversé sur la voie publique. Mais au lieu de se ressaisir et de faire profil bas, les caciques du sérail et les opportunistes sont entrés dans une course contre la montre dans un pillage effréné des biens publics. Il en va ainsi des fonds destinés à soigner les malades du sida jusqu’aux animaux du musée vivant. Le peuple peut-il se terrer longtemps devant tant de malveillance ?

Tenez. Le fonds mondial a débloqué les fonds pour venir en aide aux malades du sida mais depuis le mois d’octobre dernier, les associations ne recevaient rien. Les demandes s’accumulaient sur la table du ministre Sabine NTAKIRUTIMANA. Dernièrement, les responsables des associations ont dû faire un sit-in devant le cabinet du ministre. Juste pour apprendre qu’il n’y avait pas de fonds ! Et où est parti l’argent ? Est-ce une autre affaire Kassy Manlan ? Le constat amer est que le fonds mondial qui redoute la barbarie burundaise préfère se retirer sur la pointe des pieds, abandonnant les malades à la merci d’un gouvernement prédateur impénitent! C’est lâche. Il faudrait exiger plutôt la vérité, engager un bras de fer et dans l’immédiat, mettre en place un autre cadre avec les associations afin de ne pas être accusé de non assistance à personnes en danger de mort.

Le ministre Jean Jacques NYENIMIGABO n’a pas le même parcours que celui de l’intérieur dont j’ai eu à analyser les différentes couleurs de caméléon. On comprend que c’est le terrain qui donne la couleur à endosser. Depuis 2005, Jean Jacques NYENIMIGABO est ministre de la jeunesse, des sports et de la culture. Il n’était pas militant du CNDD-FDD mais un ancien professeur de sports du président NKURUNZIZA. Cela explique pourquoi il est choyé plus que les militants de la première heure. D’ailleurs, c’est de cela que se plaint le député Manassé ! Le système a jeté dans la rue des militants convaincus et consciencieux pour porter au pinacle des opportunistes. Il m’arrive ces derniers temps de m’affliger du sort réservé aux gens intelligents et travailleurs comme Daniel KABUTO, Jean Marie NZOMUKUNDA. Il vient de s’y ajouter François SINDIMWO. Un adage dit : « L’indulgence faite au vautour est une injustice pour le poussin.»

Revenons à notre mouton ou mieux aux monstres du CNDD-FDD. Pendant le premier mandat, NYENIMIGABO a été au gouvernement et s’est distingué par la mise en place du forum national de la jeunesse à prédominance CNDD-FDD. Il a brillé dans les magouilles avec comme garçon de course, un certain Jean Bosco, alors responsable de la communication et porte-parole du même ministère. Ce dernier vient d’être propulsé directeur général du CEBULAC (centre burundais pour la lecture et l’animation culturelle), un établissement doté de la personnalité juridique et qui gère une enveloppe consistante de l’Organisation internationale de la Francophonie. Mais les magouilles qui ont failli éclabousser le protégé de NKURUNZIZA concernent l’implication dudit ministre dans l’immigration clandestine. Jean Jacques NYENIMIGABO a été pointé du doigt par les chancelleries occidentales dans le parrainage des artistes et sportifs fictifs. Quand une troupe de tambourinaires ou une équipe sportive devait se rendre en Occident, le ministre modifiait les délégations proposées par les responsables pour y mettre des gens moyennant l’équivalent de deux à trois mille dollars. Ces magouilles ne sont qu’un secret de polichinelle.

Mais comme les jours du bandit sont comptés, c’est un léopard qui vient de lui rester en travers de la gorge. Cet animal qui fait le bonheur des visiteurs du musée vivant de Bujumbura a été vendu en cachette par le ministre NYENIMIGABO. Il accusait l’animal de consommer trois kilos de viande par jour ! Au lieu d’encourager les visiteurs pour augmenter les recettes, le ministre préfère vider le musée et renvoyer le personnel. Décidément au Burundi, les autorités se foutent du sort du citoyen lambda !

Mais NYENIMIGABO ignorait que l’association ceinture verte de défense de l’environnement était au courant de son coup. Il a fallu la sortie médiatique d’Albert MBONERANE pour empêcher in extremis le départ du léopard vers la RDC ! Et pourtant, le ministre reste de marbre sur son fauteuil. Même les accusations qui fusent déjà sur la gestion calamiteuse du fonds d’appui à la jeunesse en quête d’emploi ne l’émeuvent point. Comme la tolérance zéro, les contrats de performance que les ministres ont signé devant le président de la république ne sont qu’un leurre.

Je suis d’avis que le gouvernement NKURUNZIZA est au comble de l’infamie. Les ministre Clotilde NIZIGAMA des finances et Saidi KIBEYA sont mouillés jusqu’au cou dans le marigot des cahiers ougandais ; le ministre Edouard NDUWIMANA a créé le cafouillage dans les partis politiques et veut enterrer le multipartisme ; le ministre Sabine NTAKIRUTIMANA a un dossier de détournement des médicaments lorsqu’elle était médecin provincial à Muyinga et vient d’avaler le magot du fonds mondial ; la ministre Annonciata SENDAZIRASA ment régulièrement sur les motifs des retards de paiements des salaires et a découragé les fonctionnaires en supprimant les cotations « élite » et « très bon » ; le ministre BUZINGO est empêtré dans les magouilles sur fond de redéploiement des enseignants ; le ministre BUNYONI a commis un délit d’initié avec le contrat sur les passeports biométriques ; la ministre de la justice Ancille NTAKABURIMVO traîne beaucoup de casseroles pestilentielles où débordent le corps d’Ernest MANIRUMVA, les cadavres des suppliciés de la Rusizi et tous les crimes de sang attribués à l’escadron de la mort des services burundais des renseignements etc. Je m’en arrête là pour le moment.
 

Au Burundi, les prix des denrées flambent, l’argent manque dans le porte-monnaie du petit citoyen. Aucun chantier prévu dans le budget de cet exercice n’a pu démarrer. Les entreprises ferment une à une. Les investisseurs fuient vers le Rwanda. Bientôt, l’Office Burundais des Recettes va se rendre compte que trop d’impôts tuent l’impôt, et les fonctionnaires vont commencer à connaître des arriérés de salaire ! Je termine en me demandant s’il n’est pas grand temps de donner un coup de boutoir à ce système. On l’a compris avec les révolutions tunisienne et égyptienne, chez nous aussi, les choses peuvent changer plus facilement que le dictateur NKURUNZIZA ne le pense.