BUVEZ DU JUS ET OUBLIEZ VOS RETRAITES

Burundi news, le 13/10/2013

Par Gratien Rukindikiza

Qu'est -ce qui est intéressant entre la politique et l'argent? Question compliquée du moment où la politique est devenue pour plusieurs politiciens le moyen d'accession à l'argent de la corruption.

Un ami me disait que le Burundi n'est pas dirigé. Il est dépouillé. Le pouvoir donne les moyens policiers de le dépouiller sans être inquiété. C'est comme un voleur qui cambriolerait une banque sous la protection de la police.

L'INSS individualisée pour ne pas dire auto- personnellement privatisée

Depuis l'arrivée au pouvoir du CNDD-FDD, l'INSS a été comme une institution sous surveillance. En même temps, cette institution est souvent sollicitée. Sollicitée pour son argent, sollicitée pour son charroi aussi. Cette institution doit mettre dans sa comptabilité des cotisations des anciens rebelles aujourd'hui militaires et policiers qui n'ont pas cotisé. Est-ce que l'apport de l'armée et de la police pour combler ce trou est suffisant? Certains disent non. Donc, à l'INSS de se débrouiller.

La Présidence se trouve dans des bâtiments de l'INSS. Ces bâtiments doivent rapporter de l'argent pour payer les retraites. Or, la Présidence doit à l'INSS douze milliards. Cet argent est voté chaque année dans le budget de l'Etat. Où va-t-il? Qui s'en sert? Ce n'est pas la Présidence qui budgétise l'entretien et l'achat des pièces de rechange d'un avion inexistant qui peut manquer l'argent pour son loyer.

INSS, grand pourvoyeur des liquidités, victime de son argent

Les fonds de pension américains réputés très agressifs en matière d'investissement choisissent méthodiquement ses proies. Rarement, ils investissent dans les secteurs risqués, sans passé. Ces fonds étudient la rentabilité et rachètent des sociétés et les vendent quelques années après avoir fait progresser la rentabilité. Ils savent qu'ils utilisent l'argent des autres, l'argent des retraités. Le retraité californien tient à cette rentabilité pour vivre.

Au Burundi, l'INSS sous la pression du pouvoir du CNDD-FDD, a décidé d'investir dans l'inconnu. Mettre 5, 6 milliards dans un projet de société pour produire le jus au Burundi. Qui a dit que le marché de jus n'était pas presque saturé au Burundi! S'il y a de la place, il faudra se battre, gagner des marchés avec des prix très agressifs, très bas. L'INSS n'a pas fait une étude de ce projet et sait bien que l'argent appartient aux retraités et non à l'Etat. Perdre cet argent serait une faute, voire un crime à l'égard des retraités burundais.

Et d'ailleurs, le conseil d'administration devait être composé d'un tiers des représentants des salariés du privé et du public, d'un tiers des employeurs publics et privés et d'un tiers des représentants des retraités.

Qui se cache derrière cette société AMANDA DRINKS?

L'INSS va risquer ses 5, 6 milliards. La société burkinabé AMANDA n'a aucun pouvoir pour imposer à l'INSS d'investir dans ce secteur risqué. Disons la vérité, seul le Président Nkurunziza peut autoriser une telle magouille. S'il autorise ce risque qui peut mettre des gens dans la rue sans retraite, c'est qu'il a ses intérêts. Pouvons-nous dire qu'il a décidé de mettre  ses intérêts avant ceux des salariés, des retraités? Qu'est-ce qui peut se passer si l'INSS perdait cet argent ou si ce capital pouvait se retrouver détourné? Le Burundi pourrait exploser. Les Burundais pourraient se révolter, tous partis confondus car il s'agit des intérêts des salariés du privé et du public sans oublier les retraités. Que dira l'INSS? Que Nkurunziza ou un proche a perdu quand il a misé avec l'argent des autres?

Ce jeu est dangereux et en même temps suicidaire pour le pouvoir. C'est ce que les Burundais appellent "Isimbo y'inuma" la danse du pigeon.

J'ose espérer que le Président Nkurunziza comprendra que ce clin d'œil n'est pas à négliger et changera d'avis.