L’Union Douanière de l’Afrique de l’Est est-elle viable ? Un point de vue d’un internaute.

 

Ce point de vue s'inscrit dans le débat qui a cours sur http://burundi.news.free.fr et peut compéter notre point de vue dans "L'EAC: Analyse".

Point n’est besoin d’être un savant pour prédire d’avance ce que j’appellerai un échec programmé pour cette fameuse communauté Est –africaine que vient de rejoindre notre pays. Je me demande si vous n’avez pas trop simplifié les choses par vos analyses en oubliant pertinemment de mentionner la bonne gouvernance et la stabilité sociale qui font défaut à notre pays (je me réserve pour les autres) et qui ailleurs constituent le moteur de base pour le développement et la force des projets de coopération économique régionale et même continentale.

Disons d’entrée de jeu qu’au fond l’entrée du Rwanda lui procure un atout politique alors que celle du Burundi n’est qu’une voie toute droite vers l’échec politiquement et économiquement. Pour revenir au sujet, on connaît au niveau régional ce que sont devenues la CEPGL, l’UDEAC, le CICIBA et j’en passe. Et vous n’oubliez pas non plus que la communauté que vous présentez renaît des cendres de l’ancienne même communauté Est Afrique qui se composait à l’époque du Kenya, de la Tanzanie et de l’Uganda. L’IGAAD formée des pays de la corne de l’Afrique pour lutter contre la sécheresse ne se porte pas mieux non plus. Et un peu plus loin citons Air Afrique qui fut tuée par les chefs d’état des pays fondateurs de la compagnie : lesquels n’ont jamais acquitté une seule facture de leurs multiples déplacements à l’étranger avec comme on le sait les suites pléthoriques et inutiles de ces missions qui n’ont d’autres objectifs que de vider les maigres devises étrangères des caisses gouvernementales pour accommoder les heureux fonctionnaires en déplacement.

Au niveau continental, l’Union Africaine, syndicat des chefs d’états voleurs africains, est incapable de traiter une seule crise sur le continent. Il paraîtrait même que n’eut été le coup de colère de Washington, nos Excellences allaient tout bonnement acclamer et introniser le Soudan à la présidence de l’Union Africaine pour 2007. Tant pis pour les millions d’ouest soudanais à la merci des milices arabes au service de Khartoum. Le problème de langue, les ressources et niveau de développement inégaux n’empêchent pas l’Union Européenne d’harmoniser et de renforcer l’économie des états membres. Des pressions ici et là peuvent se faire (la Turquie non encore membre peine à se faire accepter) . De toute façon, trouve-moi un seul état de l’UE comparable au Burundi, au Rwanda ou à l’Uganda en matière de gouvernance et de stabilité. En définitive, moi je me suis plutôt demandé quelle myopie politique a frappé le Kenya et la Tanzanie pour s’adjoindre si facilement ces Etats. A moins que ce ne soit pour des motifs autres qu’économiques que j’ignore.

Sur un point cependant, Rukindikiza a raison. Quitter l’Ouest avec Inga, les immenses ressources agricoles, hydrographiques et forestières de la RDC pour aller à l’Est est une grosse erreur en stratégie économique que le Burundi regrettera plus tard, quand les Américains, les Canadiens, les Chinois, les Européens ou les Israéliens viendront nous vendre au prix cher l’électricité d’un proche voisin dont on se serait nous-mêmes approvisionné à bon prix par une politique de bon voisinage et intelligemment business. La République de Djibuti, pays aride semi –désertique sans aucune agriculture, est nourrie quotidiennement par l’agriculture éthiopienne par le biais du vétuste mais fonctionnel chemin de fer Djibuti-Addis qui met sur le marché des produits abordables comparés par ceux en provenance du Yémen, du Kenya ou de la France.

Pour conclure mes sombres pronostics de l’avenir de cette communauté, je serais certainement très heureux si je devais dans un avenir proche ou lointain, constater que je me suis bel et bien trompé.

Sylvestre Narabahinyuye

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