INTERVIEW DU GENERAL NDEGEYA CHEF D’ETAT MAJOR GENERAL ADJOINT DE L’ARMEE

Burundi news, le 17/09/2009

Burundi News : Bonjour mon Général

 

Général   Ndegeya : Bonjour Monsieur Rukindikiza

 

Burundi News : Vous êtes le chef d’Etat Major Général adjoint de l’Armée. Quelles sont vos responsabilités ?

 

Général   Ndegeya : Je seconde directement le Chef d’EMG/FDN dans sa mission de Commandant de la Force de Défense Nationale (FDN) et le remplace en cas d’empêchement.

 

Burundi News : L’armée vient d’intégrer les derniers éléments rebelles du FNL. Peut-on dire qu’elle entre dans une phase de repos après tant d’années de guerre ?

 

Général   Ndegeya : Certainement non ! Un bon stratège prépare la guerre tout en concevant comment faire la paix. Actuellement, on doit concentrer nos efforts à la professionnalisation de notre armée par l’instruction, l’entraînement, l’acquisition d’un équipement moderne, etc..., pour la rendre réellement républicaine. Ainsi, elle pourra répondre à sa noble mission de protection d’un Etat de droit, mieux s’intégrer dans l’East African Community (EAC), et participer efficacement aux missions internationales de maintien de la paix dans le cadre de l’Eastern African Standby Brigade (EASBRIG), de l’Union Africaine et des Nations Unies.

 

Burundi News : Quelles leçons avez-vous tiré des erreurs du passé de l’Armée ? En quoi la nouvelle armée peut-elle faire mieux que l’ancienne ?  

 

Général   Ndegeya : Actuellement, les membres de la FDN sont recrutés en tenant compte des différents équilibres (ethniques, régionales, genre) exigés par la constitution. Par ailleurs, partant du principe universel «  d’une armée issue du peuple et au service du peuple », c’est un grand atout qu’on doit exploiter pertinemment. Une gestion rigoureuse et transparente nous éviterait de tomber dans les erreurs du passé.

 

Burundi News : En général, l’armée est apolitique. Pourtant, on observe des militaires, surtout de hauts officiers qui participent dans des réunions officieuses des partis politiques, surtout du parti au pouvoir. Qu’est-ce que vous en dites à l’armée ?

 

Général   Ndegeya : Oui, la loi  fondamentale et le statut des Officiers nous interdisent d’adhérer aux partis politiques, mais le militaire comme tout citoyen peut avoir son opinion sur la vie politique du pays sans afficher toutefois ses préférences. Dans nos causeries morales, on mobilise nos militaires à la neutralité politique. Si vous auriez des informations sur l’un ou l’autre cas de dérapage là –dessus nous vous prions de nous en informer, on ne tardera pas à réagir.

 

Burundi News : L’armée apparaît actuellement comme le rempart de la démocratie. Elle résiste aux sollicitations des civils politiciens. Quel rôle va-t-elle jouer dans la période électorale ?  

 

Général   Ndegeya : Les missions de l’armée sont clairement définies dans  la constitution.

La sécurisation directe des élections est assurée par la Police Nationale , l’armée n’intervient qu’au second plan. Toutefois, il est de notre devoir, après analyse des scénarios probables, de prendre des précautions pour éviter le dérapage.

 

Burundi News : L’armée burundaise était réputée très bien instruite. C’est une des deux armées du monde où  pour être officiers, il fallait détenir un diplôme universitaire de 4 ans. Aujourd’hui, certains nouveaux officiers sont incapables de comprendre un texte de français. Est-ce que vous allez recommencer avec l’Iscam pour former les officiers ou  prévoyez-vous sa suppression ?

 

Général   Ndegeya : Plus de 100 candidats officiers ont été recrutés l’année dernière, la préparation du prochain enrôlement est en phase d’achèvement.

Toutes les armées du monde cherchent à se spécialiser pour s’adapter à l’évolution technologique du moment. C’est dans ce sens qu’un projet de restructuration de l’ISCAM est en cours de finalisation. Des projets de jumelage de cet institut avec les académies militaires des pays amis sont en cours, en l’occurrence avec l’Ecole Royale Militaire (ERM) de Belgique.

A ma connaissance, en plus des formations officielles et diversifiées organisées  au sein du MDNAC, nos officiers participent massivement aux formations diplômantes organisées dans les établissements d’enseignement privé après les heures de service.

 

Burundi News : Peut-on dire que l’armée est unie aujourd’hui ou il y a encore un pas à franchir ?  

 

Général   Ndegeya : L’Unité Nationale en général et l’unité dans l’armée en particulier s’inscrivent dans la politique globale du gouvernement. Les résultats  obtenus jusqu’aujourd’hui sont très satisfaisants vu l’esprit de corps qui existe au sein de la FDN. C ’est cette unité dans l’armée qui sert de charpente à l’ Unité Nationale.

 

Burundi News : Tout récemment, des FDLR ont été signalés au Burundi. Est-ce que la guerre de ces miliciens pourra se déplacer au Burundi ? Est-ce que l’armée est capable de contrer ces FDLR en période électorale ?  

 

Général   Ndegeya : Ayant pour origine une conférence de presse organisée par S.E. le MDNAC, ces informations, d’ailleurs prises au conditionnel, ont été amplifiées délibérément par certains médias privés ; mais après vérification, le porte-parole du MDNAC a procédé à leur réajustement. Moi-même j’ai donné des précisions y relatives à la Radio BBC-GAHUZAMIRYANGO. Il n’y a pas de présence FDLR sur notre territoire.

Des patrouilles conjointes FDN-RDF s’effectuent régulièrement autour de la zone frontalière à hauteur de la KIBIRA. Un dispositif important de nos Forces contrôle notre frontière commune avec la RDC en vue de parer aux exfiltrations éventuelles suite au ratissage en cours FARDC-MONUC.

 

Burundi News : Vous mon général, quel est votre commentaire sur la classe politique burundaise ? Quels sont les conseils que vous les donneriez concernant les élections ?

 

Général   Ndegeya : La classe politique devrait surpasser les querelles partisanes et reléguer l’intérêt personnel à l’arrière-plan au profit de l’intérêt général, et ainsi servir le peuple qu’elle représente.

Concernant les élections, il faudra respecter les lois en vigueur, c’est tout.

 

Burundi News : On parle de la grande muette. Est-ce que l’armée n’a pas une opinion sur la politique burundaise ?  

 

Général   Ndegeya : Encore une fois, l’armée doit être neutre et apolitique.

 

Burundi News : Je vous remercie.

 

Général   Ndegeya : Merci également.