Burundi news, le 23 octobre 2007

Burundi News remercie d'abord Radjabu Hussein qui a accepté de répondre à nos questions pour sa première sortie médiatique. Notre site remercie aussi les intermédiaires, membres des différentes associations et ligues des droits de l'homme qui ont servi d'intermédiaires.

Nous avertissons les lecteurs que l'interview a été envoyée à Radjabu par des intermédiaires et nous n'avons pas pu réagir par rapport aux réponses données. Nous avons décidé de publier l'intégralité de ses réponses et il ne s'agit en aucun cas de la propagande.

 Ainsi, vous vous réfèrerez à BN pour Burundi News et à E/R pour l’Emissaire de la Rédaction.

Burundi News salut Honorable Radjabu à travers toutes les personnes qui peuvent lui parvenir, c'est-à-dire les membres de l’Administration pénitentiaire et des organisations des Droits de l’Homme.

BN : Vous êtes emprisonné à Mpimba, dans quelles conditions êtes-vous ? Est-ce que votre avocat n’exagère pas ?

 

E/R : Radjabu a compris que Burundi News veut confirmer les conditions d’illégalité de son emprisonnement, son isolement, mais personne n’assume cette responsabilité. Radjabu dit que tout cela ne l’étonne pas. Ce qui lui fait mal se sont les tortures, les harcèlements, les intimidations, la chasse à l’Homme faits à l’endroit des milliers de centaines de paisibles citoyens qui se sont inscrits en faux contre le congrès illégal de Ngozi et qui sont à tort et à travers taxés de pro-Radjabu. Leurs familles souffrent de l’injustice qui,  pourtant était l’ennemi de l’idéologie du parti vainqueur des élections de 2005. Pour lui, l’Honorable Hussein Radjabu ne peut en aucune manière traiter de la sorte un compagnon de lutte.

 

BN : Quel est le motif de votre emprisonnement ?

 

E/R : Honorable Radjabu a été emprisonné pour avoir refusé de cautionner l’organisation d’un congrès illégal qui s’est tenu à Ngozi en date du 7 Février 2007 et dont l’objectif était d’affaiblir le parti vainqueur des élections de 2005. En vue de défendre l’idéologie pour laquelle il avait lutté, Honorable Radjabu a voulu qu’il y ait l’ordre d’abord au niveau du parti, puis dans le pays. C’est simple que ceux qui voulaient passer par le désordre pour satisfaire les intérêts personnels ne pouvaient pas être en harmonie avec lui et ont alors décidé de l’emprisonner.

 

BN : Honorable, est-ce que  Radjabu de la campagne électorale n’a pas changé après l’arrivée au pouvoir ?

 

E/R : Honorable Radjabu n’a jamais été au pouvoir. Ce sont les citoyens burundais qui ont repris le pouvoir après un combat sans merci à quoi il s’était livré pour défendre la démocratie. Honorable Hussein Radjabu était connu depuis l’année 1994 quand il s’est officiellement engagé à lutter pour la défense de la démocratie. Il est resté le même et n’envisage même pas changer. Honorable Radjabu a lutté contre le régionalisme, l’ethnisme et toute autre sorte de discrimination. Pour lui, changer signifie s’inscrire dans la logique de ces maux. Seules certaines personnalités au sein du parti CNDD-FDD ont montré la volonté de changer.

 

BN : Les burundais attendaient qu’on vous accuse de corruption, de la vente de l’Avion Falcon 50, et d’autres dossiers de détournement des fonds publics, et voilà qu’ils apprennent que vous n’êtes pas accusé des dossiers de malversation. Ils apprennent aussi que le président de la République aurait lui-même vendu cet avion. Avez-vous eu de l’argent sur cette vente ?

 

E/R : Honorable Radjabu ne s’est jamais préoccupé des affaires en rapport avec les marchés publics. Il n’a jamais été en contact ni physique ni téléphonique avec les hommes à la recherche ou ayant gagné les marchés publics. Vous n’avez qu’à demander à toutes les personnes physiques et morales qui peuvent en dire un mot. La course aux biens matériels n’a jamais fait partie des préoccupations de l’Honorable Radjabu  depuis la lutte à l’heure actuelle.

 

BN : Est-ce que vous êtes conscient des erreurs que le parti CNDD-FDD a commises ?

 

E/R : Ce ne sont que des personnes qui peuvent faire des erreurs. Une organisation ne peut pas faire des erreurs, ce sont les membres qui peuvent le faire. Un pays ne peut pas faire des erreurs, ce sont les décideurs qui peuvent faire ces erreurs. Certains membres du parti CNDD-FDD l’ont trahi en le considérant comme un organisme qui est là pour les couvrir dans les erreurs. Si le parti pouvait parler, vous l’entendrez un jour éclater en sanglots à la vue de certaines personnalités passer à côté.

 

BN : Vous avez donné l’impression de diriger le pays à la place du président, les burundais le considéraient comme un figurant. Pourquoi avez-vous réagi de la sorte ? Est-ce une entente ou pas ?

 

E/R : Honorable Radjabu informe qu’il n’a jamais dirigé le pays, il a seulement dirigé le parti CNDD-FDD qui est le vainqueur des élections de 2005. Est-ce qu’il aurait signé un seul décret?  Aurait-il un jour tenu un Conseil des Ministres à la Place du président ? Demandez au premier Vice-président de la République, demandez aux Ministres, personne ne vous dira le contraire. Il affirme seulement avoir rencontré les Ministres issus de son parti dans le cadre des discussions  des affaires en rapport avec le parti CNDD-FDD. Celui qui a des doutes peut demander aux Ministres Elie Buzoya, et autres non issus de ce parti. Ils vous diront que je ne les ai jamais cherchés. Au contraire, ils ont à maintes reprises voulu me voir  car le parti ne pouvait leur aider en rien, seuls leurs Directeurs Généraux pouvaient les aider.

 

BN : On parle des tentatives d’assassinat. Qui veut votre peau et pourquoi ?

 

E/R : Si, il y a eu des tentatives d’assassinat et d’empoisonnement à son endroit. Mais, l’Honorable Hussein Radjabu ne veut pas quelqu’un pour le venger. Ceci est dû à une politique basée sur la jalousie tout court. Si les personnalités comme le Prince louis Rwagasore, Pierre Ngendandumwe et S.E. Ndadaye Melchior pouvaient un jour parler, elles vous donneraient la réponse sur la raison de leurs assassinats.

 

BN : Si vous étiez libéré, que feriez-vous? Allez-vous rejoindre le Parlement ou le maquis ?

 

E/R : Même ceux qui l’ ont harcelé jusqu’à la Prison centrale voulaient qu’il prenne fuite, mais il a refusé. Il ne pouvait pas fuir le processus de paix en cours dont il est le véritable artisan. Le maquis est un moyen mais pas une solution. La hache de la guerre au Burundi doit être enterrée. Les Burundais ont besoins de mettre de côté la haine pour vivre ensemble. Seule la compétition politique devrait être prioritaire dans le pays.

 

BN : La nomination de Karenga Ramadhan et Nahayo Immaculée aux postes de Ministre a été interprétée comme un rapprochement entre  ceux qu’on qualifie de Pro Radjabu et le Président Nkurunziza.Qu’est-ce que vous en pensez ?

 

E/R : Le Ministre Karenga Ramadhani était ami à Radjabu comme il l’était au Président Nkurunziza, pendant que Nahayo Immaculée était la mère d’une famille qui a beaucoup contribué tout le long de la lutte du CNDD-FDD. Celle-ci n’était pas présente dans le congrès de Ngozi pour la simple raison qu’elle était à l’extérieur du pays. Vous noterez qu’à son retour, elle a officiellement déclaré être pour le congrès qui s’était déroulé. Vous pouvez  lui demander elle n’a jamais parlé à l’Honorable Hussein Radjabu depuis. Celui-ci s’est opposé à son limogeage au poste de l’Assemblée Nationale parce que c’était illégal. Quant à Karenga, il s’est inscrit en faux contre la commission préparatoire du Congrès de Ngozi, mais pas contre le congrès. Dès lors, il n’a jamais rien dit. Vous comprenez donc que si leur nomination a fait allusion à un rapprochement, cela concerne le Président Nkurunziza et ses Ministres.

 

BN : Avez-vous l’intention de créer un autre parti politique ou simplement vous allez abandonner la politique?

 

E/R : Un nouveau parti politique défendrait une nouvelle idéologie. Hussein Radjabu a son idéologie pour laquelle il s’est livré au combat pour la défense de la démocratie. Radjabu  n’a pas couru derrière la politique, il l’a confrontée ; aucune raison ne viendrait donc rompre ses rapports avec la politique.

 

BN : Quel est votre regard sur les généraux anciens FDD?

 

E/R : Aujourd’hui ils sont tous intégrés à la FDN ou à la Police Nationale. Ce n’est pas du tout concevable de pointer du doigt l’ancien mouvement politique armé de leur provenance. Ce serait  mettre en cause l’intégration. Au Burundi, il y a beaucoup de généraux et Radjabu leur souhaite bon succès dans leurs carrières. Radjabu n’a pas de rancune contre ces généraux, il déplore fort ceux qui les ont utilisés. Il ne peut donc s’en vouloir à personne. Un Général est là pour toute la nation. Si vous êtes Général est que vous vous intéressez à un seul parti politique, c’est que vous voulez vous déclasser vous-même. Si les généraux veulent faire de la politique, ils peuvent le faire là où ils sont sans pour autant se mêler des affaires des partis politiques.

 

BN : Avez-vous un message à transmettre aux Burundais ?

 

E/R : Même si il y a des problèmes dans le pays, le peuple burundais est appelé à rester serein, on va y apporter des solutions progressivement. Il faut aussi aider pour que les accords signés avec le Mouvement Palipehutu-FNL en septembre 2006 soient mis en œuvre, pour enfin combattre les voleurs à mains armées. Les burundais doivent savoir qu’il est grand temps de respecter et faire respecter la loi pour que chacun se sente libre conformément à la loi.

 

BN : Les chefs du CNDD-FDD vous accusent d’avoir pris l’argent du parti. Qu’en est-il au juste?

 

E/R : Il y a Président élu par le congrès illégal de Ngozi, les deux vice-Présidents, le Secrétaire Exécutif et son Adjoint, le Commissaire aux Finances, etc…Si ce sont ceux-là que vous appelez les chefs, ce n’est pas surprenant qu’une telle question puisse se poser. Ce ne sont pas eux les dirigeants de ce parti car parmi eux, il y en a qui n’ont jamais dépassé les frontières nationales, d’autres n’ont jamais voyagé à bord d’avion, et d’autres encore ne savent pas même organiser un parti au niveau de la Province. La fortune du parti CNDD-FDD se trouvait dans sa force politique. Sans les membres, le parti ne peut pas avoir de la richesse. Ce qu’ils disent, ce sont des chantages. Les comptes du parti étaient bien connus et les finances du parti étaient bien saisies au sein du Commissariat Général aux Finances. Beaucoup de personnes, moi inclus, se sont sacrifiés pour le parti mais sont aujourd’hui écartés. Il fallait les encadrer et mettre de côté les ambitions. Construire une maison en étages sans avoir fourni aucun effort c’est comme construire une tombe. On a longtemps cherché à accuser Radjabu d’avoir de très belles maisons à Bujumbura comme en Europe, mais comme il l’a toujours dit, les biens matériels n’ont jamais retenu son attention.  Il n’a aucune maison et il ne regrette pas. Il sait très bien que sa maison est le parti mais aujourd’hui qu’une antipathie qui l’a envahie oblige les enfants de sortir, ce n’est plus une maison.

 

Je vous remercie beaucoup.