INTERVIEW AVEC LE CHEF D’ETAT MAJOR GENERAL DU FRONT NATIONAL POUR LA REVOLUTION AU BURUNDI , LE GENERAL DE BRIGADE RUKUNDO MOISE.

 

  Burundi news, le 19/07/2011

 Depuis que la nouvelle rébellion burundaise,  FRONABU-TABARA,  a publié son communiqué qui fait office de manifeste, beaucoup de burundais ne cessent de nous demander de plus amples détails sur ce mouvement. Nous vous livrons l’intégralité d’une interview exclusive que le Chef d’Etat Major Général du mouvement a bien voulu nous accorder. Il a répondu à cœur ouvert à nos questions, sans faux fuyants : il nous donne son identité, l’objectif du mouvement, ce qu’il pense du Président Nkurunziza, les relations entre le FRONABU-TABARA et l’ armée burundaise, les relations entre FRONABU-TABARA et l’ ADC-IKIBIRI et les relations du mouvement avec la communauté internationale…

Le commandant de cette nouvelle rébellion est un ancien de l'Iscam comme il le dit. Nos lecteurs nous excuseront de ne pas donner sa promotion et de respecter son anonymat comme il nous l'a demandé.

  

BURUNDI NEWS(B.N) : Monsieur le Chef d’Etat Major du Fronabu-Tabara, merci d’avoir accepté de nous accorder cette interview.

CHEF D’ETAT MAJOR(CEM) : C’est moi qui vous remercie pour avoir bien voulu nous accorder cette tribune.

B.N : Depuis que votre manifeste a été rendu public,  beaucoup de burundais ne cessent de nous interpeller voulant savoir votre véritable identité. Certains pensent même que le manifeste n’était qu’un canular ! Une invention de Rukindikiza.

C.E.M :(rire) Dites moi…et excusez moi de vous répondre par une question : vous n’avez pas senti que derrière cette préoccupation il y avait un sentiment genre «  C’est trop beau pour être vrai ! » ?

Eh bien le Front National pour la Révolution au Burundi, Fronabu-Tabara existe bel et bien depuis le 24 Mai 2011. Ce front a été réclamé par un grand nombre de Burundais meurtris par une gouvernance autocratique qui est en train d’asphyxier le Burundi. Je profite de cette occasion pour présenter nos excuses parce que la mise en place de la structure motrice de la Révolution a pris du temps. Mais aujourd’hui, toutes les batteries sont en marche pour mener à bien cette noble mission.

B.N : Que dites- vous à ceux qui vous comparent avec le mouvement de CIRAMUNDA …

C.E.M : Stop ! Je vous arrête ! Ne  nous mettez pas dans le même sac avec Monsieur CIRAMUNDA. Je n’ai rien contre lui mais je dois vous avouer honnêtement que les organisations qui sont sur terrain, je n’ai pas encore rencontré une qui répond à son nom.

B.N : Combien y en a-t-il et qui sont elles ?

C.E.M :Je ne suis pas habilité pour annoncer leur identité mais je peux vous assurer qu’il n’y a pas que le Fronabu-Tabara sur terrain ; mais à ce niveau tout le monde connaît tout le monde !

B.N : Pour revenir à votre mouvement, avez-vous un leadership politique ?

C.E.M : Bien sûr ! Laissez- moi vous dire que si le navire de l’ancien mouvement de libération CNDD-FDD est en train de sombrer rapidement, c’est parce qu’on sent que le militaire a supplanté le politique. Les militaires ont pris la place des hommes politiques , une ingérence qui s’est transposée même dans la gestion des institutions du pays. Or,  dans la gestion d’un Etat moderne, une telle interférence aboutit au chaos que vit le Burundi et condamne le mouvement de libération à la dislocation.

Au FRONABU-TABARA,  nous répondons à une structure politique civile qui sera annoncée sous peu. En attendant, il y a le  porte- parole , Monsieur NTWARI  David, qui sera la courroie de transmission entre le Front et la population.

Le Fronabu-Tabara est un mouvement bien organisé avec une structure et un message qui sèment la panique chez l’ennemi. Il suffit de voir le déploiement que la dictature de Nkurunziza enclenche pour faire disparaître notre manifeste chaque fois qu’il est distribué. On a observé cet acharnement après notre passage à Mwaro, aux ponts Muha et à Mabanda. Notre Révolution est déjà un cauchemar pour Nkurunziza !

B.N : Le Général de brigade Rukundo Moïse s’exprime facilement en français,  ce qui n’est pas toujours le cas pour les généraux de la rébellion burundaise. Peut -on avoir votre back ground ?

C.E.M : Nous ne sommes pas une rébellion, nous sommes un mouvement pour la Révolution au Burundi. Le rebelle,  c’est Nkurunziza et sa clique. Passons. Pour ce qui est de mon cursus, je sais lire et écrire, Dieu merci ! J’ai fait le tour de pas mal de pays où il y avait des foyers de tensions armées, ce qui constitue à mon humble avis un apprentissage sur le tas non négligeable. Et puis je suis un homme féru de la lecture ; malheureusement de plus en plus je n’ai plus le temps pour la lecture. A côté de ce coin d’autodidacte, je suis lauréat de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (N.D.L.R :l’ISCAM est l’académie militaire burundaise).

 B.N : Quel était  votre numéro matricule à l’Armée burundaise ?

C.E.M : Vous n’y pensez pas ! Ce n’est pas encore le moment. Et puis, quelle importance ! En Côte d’Ivoire où j’ai passé quelques temps j’ai rencontré des combattants qui s’appelaient Rambo, Cobra, Barracuda, Mortier, et que sais- je encore. Moi j’ai choisi RUKUNDO Moïse  pour éviter dans un premier temps que des foudres ne s’abattent sur tous ceux qui ont un lien avec moi ; par ailleurs, le plus important c’est  pas mon identité complète. Mais l’action qu’on va mener.

B.N : A propos de livres,  quelles sont vos dernières lectures ?

C.E.M : « Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » de Pierre PEAN et « Dix ans avec de Gaulle 1940-1950 » de REMY. J’ai entre mes mains la revue IWACU qui parle des 50 personnalités qui ont retenu l’attention de l’hebdomadaire. Mais comme je vous le disais,  je n’ai plus le temps pour la lecture. C’est ça le prix de la Révolution, renoncer à ce qu’on aime pour sauver la nation.

B.N : Est-ce un regret ?

C.E.M : Pas du tout ! Quand le devoir de sauver la patrie vous appelle, c’est plutôt une fierté et un honneur. Il n’y a donc pas lieu de regretter quoi que ce soit.

B.N : Si vous devriez résumer l’objet votre Révolution, quel en serait le résumé ?

C.E.M : Le Front National pour la Révolution au Burundi, FRONABU-TABARA entend instaurer au Burundi un système de gouvernance qui met en avant l’amour du prochain ; notre Révolution doit aboutir à un Burundi  nouveau gouverné par l’amour du prochain. Là où il y a l’amour du prochain ,il y a la justice pour tous, il n’ y a pas d’opposants à abattre, il n’y a pas de prisonniers politiques, il n’y a pas de réfugiés politiques, il n’y a pas de pensée unique, il n’y a pas de parti-Etat, il n’y a pas de détournement des biens de l’ Etat ; bref c’est le paradis sur terre là où l’amour du prochain règne.

A notre révolution il faut ajouter le fait que notre Révolution réunit toutes les ethnies ce qui est une première dans l’histoire de la lutte armée au Burundi.

B.N : Avez-vous des contacts au niveau des forces de défense et de sécurité burundaises ?

C.E.M : L’armée et la police sont frappées de plein fouet par la dictature de Nkurunziza. C’est la désolation qui ronge ces corps. L’injustice, les deux poids deux mesures ont étés érigés en mode de gestion de ces corps. Autant dire que ces corps ont grandement besoin de notre Révolution. Les corps de défense et de sécurité sont malades ; ils ont donc besoin d’un médecin, c’est le Fronabu-Tabara !

J’ai appartenu à ces corps mais je n’avais jamais vu un tel désordre, un tel désarroi. Certes même par le passé ce n’était pas le paradis mais ceux qui étaient censés imprimer un ordre nouveau ont lamentablement échoué. Aujourd’hui quand on visite ces corps, on y perd son latin. Evidemment ces corps sont à l’image de leur commandant suprême ; Nkurunziza peut avoir probablement les qualités d’un bon footballeur  mais il n’a pas les qualités d’un homme d’Etat. Or une armée et une police qui sont la résultante d’une guerre civile, ont besoin d’un homme d’Etat comme commandant suprême.

B.N : Manifestement, vous ne portez pas  dans votre cœur le Président Nkurunziza. Et je réalise  qu’ à aucun moment vous ne l’avez appelé Président de la République. Ne reconnaissez -vous pas son autorité et sa victoire ?

C.EM : Nkurunziza lui-même ne reconnaît pas sa victoire ! Si tel était le cas, il ne chercherait pas à instaurer un parti unique, il ne tuerait pas ou n’emprisonnerait pas les opposants. S’il a effectivement la grande majorité du peuple avec lui, pourquoi a-t-il peur de cette opposition insignifiante au point de mettre en place une loi qui la supprime.

B.N : A vous entendre, on a l’impression que vous êtes une copie de l’ADC-IKIBIRI.

C.E.M :(rires) Notre révolution fait recours aux armes, l’ADC-IKIBIRI exprime ses revendications par la voie pacifique. La différence est de taille ! Nous, nous avons décidé de faire recours au langage que Nkurunziza comprend facilement : la force. En plus notre front recrute dans tous les partis politiques y compris au CNDD-FDD pendant que l’ ADC-IKIBRI est constitué par les partis politiques qui ont refusé le hold up électoral de 2010.

B.N : Avez-vous des pays qui soutiennent votre cause ?

C.E.M : Beaucoup de pays reconnaissent avec nous que Nkurunziza et son équipe sont en train de conduire le Burundi dans la cour des Etats voyous. Le Burundi est devenu une république bananière. Regardez au niveau de la coopération bilatérale et  multilatérale, les robinets ne cessent d’être fermés. Maintenant, est -ce que  ces pays soutiennent le Fronabu-Tabara ?

 Je peux affirmer sans risque de me tromper que la communauté internationale soutiendra au Burundi toute alternative qui démontrera qu’elle a la force , la capacité et la volonté de stopper  la descente aux enfers de notre pays. C’est à nous de démontrer que nous constituons cette alternative. Nous y  travaillons.

(A SUIVRE)

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