Interview exclusive : inédit

INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC L’ANCIEN MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES, HONORABLE J.Marie NDENDAHAYO
Propos recueillis par Albert SHINGIRO

Ottawa le 18 avril 2005(ABARUNDI.ORG)- Après 10 ans d’exil dont deux sans sortie médiatique, l’ancien Ministre d'État chargé des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale sous feu le président Cyprien Ntaryamira, monsieur J.Marie NGENDAHAYO, sort de son silence et s’exprime sans détours sur la situation socio-politique de son pays, le Burundi.

J.M. Ngendahayo et A. Shingiro

L'Honorable J.Marie NGENDAHAYO est un vieux briscard de la politique burundaise. Élu député du FRODEBU en 1993 dans la circonscription électorale de Cibitoke, puis nommé ministre de l’information et porte-parole du gouvernement par son compagnon de lutte, feu président Melchior NDADAYE, cet homme a tout vu, tout entendu, tout vécu, tout subit. Il a même frôlé la mort au mois de juin 1995 à Bukinanyana (Cibitoke) en compagnie de l’ancien ambassadeur des États-Unis au Burundi, le Sénateur Robert Krueger. En visite privée aux États-Unis, l’élu de CIBTOKE a accepté de répondre à nos questions.

Abarund.org : Bonjour monsieur NGENDAHAYO

J.M.NG : Bonjour monsieur SHINGIRO

Abarundi.org : Merci d’avoir choisi abarundi.org pour votre première sortie médiatique après tant d’années de silence.

J.M.NG : C’est plutôt moi qui vous remercie.

Abarundi.org : Même si vous êtes bien connu au sein de l’échiquier politique burundais, permettez-moi de vous poser cette question. Qui est Jean-Marie NGENDAHAYO? Pourriez-vous nous faire un bref aperçu de votre feuille de route politico-professionnelle?

J.M.NG : Il est difficile et inconfortable de parler de soi. Je résumerais toutefois mon parcours en disant que je suis Burundais, Ganwa de par la filiation paternelle et maternelle. Mon père était du clan des "Ababibe" et ma mère de celui des «Abatare». Ma région natale est la province Cibitoke en Commune Mabayi mais je suis né et j'ai grandi à Bujumbura. J'ai une Licence de Philologie-Romane de l'Université du Burundi et je suis enseignant de Littérature francophone de profession. Je suis marié et suis père de deux jeunes demoiselles de 20 et de 16 ans aujourd'hui. J'ai enseigné et j'ai servi au sein du Ministère de l'Éducation Nationale au Bureau d'Études pour les Programmes de l'Enseignement Secondaire (BEPES). J'ai ensuite travaillé respectivement au sein du bureau de la délégation de la Commission de l'Union Européenne et au bureau de la représentation de l'Unicef et du FNUAP à Bujumbura. Durant toute cette période, j'ai mené avec beaucoup d'autres amis des activités en faveur de l'éclosion de la démocratie et surtout en faveur de la promotion des droits de la personne humaine. C'est donc en toute logique que je me suis retrouvé dans la formation politique qui, alors, incarnait de façon éclatante les aspirations de la vaste majorité de la population burundaise pour un nouvel ordre socio-politique mettant en avant l'équité, le travail et la démocratie. Un «Burundi nouveau» en quelque sorte. Et c'était sous la bannière du FRODEBU dirigé par feu le président Melchior NDADAYE. L'honneur m'a été donné par la population de Cibitoke d'être élu comme représentant du peuple en juin 1993 et le président NDADAYE m'a ensuite nommé Porte-Parole de son Gouvernement et Ministre en charge de la communication.

A partir du coup d'État de juin 1993, je vais être en charge de facto de la diplomatie burundaise avant d'être nommé officiellement au sortir de négociations politiques Ministre d'État chargé des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale. C'était sous la présidence de feu le président Cyprien NTARYAMIRA. Lors de la nomination du président Sylvestre NTIBANTUNGANYA, je deviens Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale. Je démissionnerai de ce poste le 25 juin 1995 et m'exilerai en Afrique du Sud. De Pretoria, je poursuivrai des activités diplomatiques et politiques au sein du FRODEBU sous la direction du Dr Jean MINANI et je lui signifierai mon départ du mouvement en 1998. J'ai ensuite travaillé pendant une courte période comme Consultant Free-Lance avant de m'engager comme Conseiller Politique et Diplomatique du CNDD-FDD alors dirigé par le Colonel Jean-Bosco NDAYIKENGURUKIYE. Sous la direction de Pierre NKURUNZIZA et avec le consentement du parti, j'ai demandé une re-installation au HCR pour des raisons de sécurité. C'est ainsi que je vivais depuis bientôt presque trois ans en Finlande où je suivais une formation en pédagogie à la faculté de polytechnique de la ville de Jyväskylä.

Vous voyez combien c'est difficile de parler de soi, j'espérais être bref et j'ai été très long en fin de compte... Je m'en excuse.

Abarundi.org : Non monsieur NGENDAHAYO; vous n’avez pas à vous excuser, en tant qu’élu du peuple et après 10 ans d’exil, les burundais ont le droit de savoir un peu plus sur vous.

Abarundi.org : Dernièrement, vous avez fait un tour au pays. Qu’est-ce qui a motivé votre retour au pays et quelles ont été vos premières impressions durant les premières heures qui ont suivi votre arrivée à Bujumbura?

J.M.NG : Le parti a jugé qu'il était temps que je rentre et il a fait appel à moi et j'ai répondu «présent». Je dirais d'abord que cela faisait dix ans que je n'étais plus revenu au pays. Quant aux impressions, elles sont multiples et complexes. Mais fondamentalement, j'ai été subjugué par l'évolution des esprits : les gens vont désormais à l'essentiel, c'est-à-dire qu'ils s'intéressent à ce qui va les faire vivre et les faire vivre en paix. Le discours du politicien ne les intéresse désormais que si il est ancré sur ce qui garantie la vie, la sécurité et le mieux-être social. Les gens ne se laissent plus entraîner dans des aventures sans lendemain et sans consistance. C'est tout un peuple qui donne l'impression de se réveiller d'un terrible cauchemar et se demande si ce qui lui est arrivé est réel ou relève de l'univers onirique. La précarité des familles et la déliquescence de l'état m'ont profondément désolé.

Abarundi.org : Depuis la mort de l’ancien Ministre de l’intérieur, feu Simon NYANDWI, des rumeurs sur votre nom comme futur ministre de l’intérieur courent dans la capitale et même à l’étranger. Qu’en est-il au juste? Avez-vous été contacté par le parti à ce sujet?

J.M.NG :Vous avez pris connaissance, comme moi, de la déclaration officielle du CNDD-FDD disant que le nom d'une personne proposée a ce poste a été soumis au chef de l'État. Je n'en dirais pas davantage. Comprenez-moi.

Abarundi.org : Le président du parti CNDD-FDD, monsieur Pierre NKURUNZIZA, vient de donner, via une déclaration musclée, un ultimatum de quelques jours, sommant au président Domitien NDAYIZEYE d’appliquer sans délais le reste de l’Accord global de cessez-le-feu. La politique étant ce qu’elle est, l’homme pourrait ne pas s’exécuter dans les délais voulus par votre parti. Dans cette hypothèse, avez-vous prévu une stratégie politique de rechange?

J.M.NG : Il faut comprendre la déclaration du CNDD-FDD comme un «ultimatum» et davantage comme un vigoureux rappel au chef de l'État à poursuivre sans atermoiements et sans louvoyer le chemin qui mène le pays à la fin d'une transition dont tout le monde est fatigué. Il est urgent d'avoir des autorités responsables devant la nation et les institutions pour que nous puissions enfin dialoguer souverainement avec nos partenaires et ainsi redémarrer l'économie du pays en ayant affermi la paix et la sécurité pour tous et pour chacun.

Abarundi.org : En politique, l’usage du mot «ultimatum» est un geste politique très délicat surtout lorsqu’il n’est pas suivi d’effets dans les délais voulus. Vos commentaires?

J.M.NG : C'est justement parce que je sais ce qu'implique ce terme que je vous ai parlé de «rappel vigoureux». Nous ne sommes plus en guerre. Aujourd'hui, le temps est à la réconciliation et au dialogue. Ceci ne signifie nullement que la fermeté dans la défense de certaines valeurs importantes est à exclure.

Abarundi.org : Vous avez vécu en Afrique du Sud jusqu’en 2002. Au mois de juin de la même année, vous avez quitté dare-dare le pays de MADIBA pour la Finlande. Pourquoi avez-vous quitté ce pays de cette façon?

J.M.NG : J'ai quitté précipitamment l'Afrique du Sud car ma vie et celle de ma famille étaient en danger. J'ai appris qu'il a été dit que j'aurais manque d'égard aux autorités sud-africaines. Ceci est évidemment sans fondement et je garde des liens étroits en Afrique du Sud et cela jusqu'au niveau le plus élevé de la hiérarchie politique de ce pays que j'aime et respecte de tout mon cœur.

Abarundi.org : Durant votre séjour en Finlande, vous êtes resté discret et vous avez passé plus de deux ans sans sortie médiatique de grande envergure. Pourquoi acceptez-vous de parler aujourd’hui?

J.M.NG : Je crois qu'il y a un temps pour toute chose...

Abarundi.org : Que voulez-vous dire par là?

J.M.NG : J'avais d'autres responsabilités qui ne nécessitaient aucunement que je m'adresse à la presse. Aujourd'hui que je reviens au pays, il est normal et respectueux vis a vis du public national que je m'exprime dès lors que je prétends revenir sous les feux de la rampe de la scène politique du pays.
Abarundi.org : Vous avez frôlé la mort au mois de juin 1995. Si j’ai bonne mémoire, vous étiez tombé dans une embuscade en compagnie de l'ambassadeur des États-Unis au Burundi à l’époque, le Sénateur Krueger. Pourriez-vous nous rappeler les circonstances de cet incident?

J.M.NG : Ce serait trop long et en parler ici. Mais sachez que nous étions allés à Cibitoke, les ambassadeurs Robert Krueger des États-Unis, Léandre Bassole de l'OUA et moi-même, suite à de multiples requêtes du gouverneur d'alors. Mr MVUTSE voulait que nous aplanissions la discorde totale qui régnait entre lui et le chef de la région militaire d'alors sur la façon de protéger les populations en cas de «contact» entre l'armée et ceux qui étaient appelés rebelles à l'époque. Le gouverneur a fini par être assassiné à l'occasion d'une seconde embuscade un moins plus tard. Je saisis l'occasion pour saluer la mémoire d'une personne pour qui je garde une estime incommensurable pour son courage et son amour sans borne pour ses administrés.

Abarundi.org : Un certain Clemenceau Georges a dit un jour: «Celui qui quitte votre parti pour aller dans un autre est un traître. Celui qui vient d'un autre parti pour rejoindre le vôtre est un converti». Pensez-vous que le FRODEBU que vous avez quitté pour rejoindre les rangs du CNDD-FDD vous considère comme un traître?

J.M.NG : Je laisse cet exercice à ceux qui voudraient juger et étiqueter à leur choix.

Abarundi.org : On parle de plus en plus des prochaines élections après la période de prolongation de transition. Au sein CNDD-FDD, avez-vous déjà un candidat et quelle est son identité?

J.M.NG : Vous pouvez être tranquille, vous le saurez en temps utile.

Abarundi.org : Même si vous gardez au top secret le nom de votre candidat, nombreux sont des analystes qui estiment que l’identité du futur candidat du CNDD-FDD a été implicitement dévoilée lors du dernier congrès de votre parti à Gitega qui a porté de nouveau monsieur Pierre NKURUNZIZA à la tête du parti. Selon vous, ces spéculations sont-elles fondées?

J.M.NG : Il est normal que les analystes et les observateurs de la politique burundaise se perdent en conjectures à ce sujet. Il en est de même aujourd'hui pour le prochain pape... Pour ce qui nous concerne au CNDD-FDD, nous pensons que le nom du candidat sera présenté au grand public en son temps. Je ne pense pas, du reste, qu'il y ait d'autres candidats déclarés mis à part la princesse Esther KAMATARI.

Abarundi.org : Plusieurs sondeurs et analystes convergent vers une éventuelle victoire du CNDD-FDD lors des prochaines élections. La politique étant une équation à plusieurs inconnues, accepteriez-vous le verdict des urnes en cas de défaite surprise?

J.M.NG : Le CNDD-FDD a pris les armes pour défendre la cause du peuple. Il a réservé dans ses textes fondateurs une place sacro-sainte à l'idéal démocratique. Si les élections se déroulent en toute équité et en toute transparence, conformément à la loi et aux réglementations, il n'y a aucune raison de ne pas s'incliner devant le verdict populaire: «Vox populi vox dei» disaient les latins.

Abarundi.org : Une certaine opinion au Burundi doute de l’authenticité des relations qui existent entre le CNDD-FDD et votre voisin du Nord, le Rwanda (FPR). Vos détracteurs vont même plus loin en qualifiant ces relations de contre-nature. Quelle est votre opinion là dessus?

J.M.NG : Il y a énormément de raisons qui militent pour de bonnes relations avec le FPR. La première relève du bon sens politique, c'est aujourd'hui le parti au pouvoir dans un pays frère voisin au notre. Il est impensable de ne pas entretenir de relations avec une aussi forte formation politique qui dirige le Rwanda aujourd'hui. Deuxièmement, les deux mouvements ont emprunté des chemins similaires historiquement et politiquement dans leurs pays respectifs. Il y a des différences notoires, il est vrai, comme le fait d'avoir pris le pouvoir à Kigali par la force alors qu'au Burundi les choses prennent le chemin d'une négociation. En tout état de cause, nos dirigeants ont appris à se connaître et à s'apprécier mutuellement. Au CNDD-FDD, nous croyons qu'il est difficile, voire impossible, de construire la paix et la démocratie au Burundi si le Rwanda brûle. Et vice versa. Nos deux pays ont encore un long chemin à faire pour créer la concorde nationale et nos deux mouvements ont fait le pari de l'emprunter en concertation et dans le respect mutuel des différences et des originalités de chacun. Rappelez-vous l'adage kirundi qui dit : «Ingendo y-uwundi iravuna» A chacun sa méthode ou sa manière d'être ou de faire. Maintenant, je vous avoue ne pas comprendre du tout pourquoi il serait "contre-nature" que nos partis politiques respectifs aient de bonnes relations. Rappelez-vous que la première personnalité politique à être invitée officiellement au Burundi par le président Melchior NDADAYE fut le Général Paul KAGAME.

Abarundi.org : Comment expliqueriez-vous l’engouement actuel des burundais de l’ethnie tutsi envers le CNDD-FDD?

J.M.NG : Le CNDD-FDD a toujours été un mouvement de tous les barundi. Les média internationaux, par paresse intellectuelle et parfois par malice, l'ont souvent présenté comme «mouvement hutu». Ni son idéologie, ni sa direction ne défend les intérêts d'un groupe ethnique particulier. Tout mouvement politique d'une certaine importance pourrait être considéré comme étant hutu car mathématiquement parlant les hutu sont de loin la population la plus nombreuse. L'ANC en Afrique du Sud n'est ni un parti des Noirs ni un parti pour les Noirs. Il a combattu un système anti-démocratique pour le bénéfice de toutes les composantes nationales. C'est un mouvement comprenant des Noirs en grand nombre évidemment, mais il y a aussi des Métis, Indiens et beaucoup de Blancs.
Une des raisons pour lesquelles il a été difficile pour le CNDD-FDD d'adhérer aux Accords d'Arusha était justement le fait de diviser la classe politique burundaise en groupes ethniques. Notre mouvement perpétue aussi bien la tradition nationaliste de RWAGASORE que celle de la démocratie et la dignité retrouvée de Melchior NDADAYE. C'est donc pour cela que ce parti est si attractif pour toutes les composantes nationales.

Abarundi.org : Votre ancien parti le FRODEBU traverse une crise interne sans précédent qui s'est soldée dernièrement par une chicane directe entre le Dr MINANI et le président NDAYIZEYE? Comment pourriez-vous expliquer ce brouhaha au sein de ce parti?

J.M.NG : Je ne suis plus habilité à parler des affaires internes du FRODEBU, je n'en suis plus membre.

Abarundi.org : Tout choix politique doit être motivé. Pourquoi alors avez-vous quitté le parti de votre ancien compagnon de lutte Melchior NDADAYE?

J.M.NG : J'ai quitté le FRODEBU dirigé par le Dr Jean MINANI pour plusieurs raisons. Mais les plus importantes étaient au nombre de deux à l'époque:
a) Une gestion de la direction du mouvement dépourvue de toute rigueur; les choses étaient
faites «au petit bonheur la chance»;
b) Une absence totale de contact direct avec la population burundaise amassée dans les camps de réfugiés en Tanzanie particulièrement. J'avais prévenu le Dr MINANI que si les choses continuaient ainsi à aller à vau-l'eau, le parti FRODEBU deviendrait dans quelques temps «une coquille vide».

Abarundi.org : Le cimetière où Melchior NDADAYE et ses proches collaborateurs reposent est très délabré. Certains éléments de la force de la mission africaine sont logés à quelques mètres de là et, semble-t-il, il leur arrive de temps en temps de se soulager là dessus. Personne, y compris les responsables actuels du FRODEBU ne se préoccupe pas de l'entretien de cet endroit. Peut-on parler d'oubli, de négligence, d'ingratitude ou tout simplement d'irresponsabilité politique de la part des anciens compagnons de NDADAYE?

J.M.NG : Je me suis recueilli au mémorial des martyrs de la démocratie à mon retour d'exil le mois dernier. Il n'est plus exact de dire que la place est à l'abandon. Il a fallu, c'est vrai, l'ire de beaucoup de personnes de par le monde pour que les choses soient améliorées quelque peu. En effet, toutes les tombes sont aujourd'hui dans une enceinte propre et entretenue. Seulement, il reste vrai que tôt ou tard, cette place devra être mieux aménagée pour manifester le respect et la reconnaissance du peuple burundais à l'endroit des illustres personnes qui y reposent. Il n'y a pas que cette place, le mausolée dédié au prince RWAGASORE et au Premier ministre Pierre NGENDANDUMWE mériterait davantage d'égards. Je songe aussi à la place de l'Indépendance; aux autres monuments non érigés qui devraient l'être pourtant, au nom de la mémoire, de la souffrance d'un peuple. Il faut que demain, les nouvelles autorités y pensent et initient un travail de mémoire qui console toutes les souffrances de toutes les ethnies et de toutes les régions du pays: face à ce que nous avons vécu, personne n'a l'apanage de la souffrance et encore moins du droit de la mémoire vénérée.

Abarundi.org : En guise de conclusion, auriez-vous un message particulier à adresser à vos compatriotes?

J.M.NG : Je vous remercie de m'offrir cette opportunité. J'invite chaque Burundaise et chaque Burundais à ne plus vivre dans la peur. La peur est contre productive; elle perturbe l'intelligence de l'esprit et du cœur. J'invite tout le monde à envisager le futur avec optimisme et détermination. Je voudrais ajouter que nous avons tous beaucoup souffert ces dernières années et certains pourraient avoir tendance à penser que c'est la faute au multipartisme et à la démocratie en général. Il faut vivre les débats contradictoires avec respect de l'adversaire et en se souvenant que cette lutte vise à améliorer le sort de tous. Et si nous luttons, c'est uniquement parce que nous différons sur les chemins à prendre et non la finalité ultime. Il faut donc désormais se battre avec des idées et non plus avec des armes. Et, me trouvant actuellement aux USA, je paraphraserais le président John F. Kennedy disant à ces citoyens de ne pas attendre pour voir ce que le pays fera pour eux, mais plutôt ce que eux peuvent faire pour leur pays! «Ask not what your country can do for you. Ask what you can do for your country»

Abarundi.org: Au nom de toute l’équipe d’Abarundi.org, je vous remercie infiniment d’avoir accepté notre invitation et de nous avoir donné l’exclusivité de votre première sortie médiatique.

J.M.NG : C’est moi qui vous remercie. Au revoir