Burundi news, le 02/03/2010

"La production des excréments comme moyen de combat politique est inacceptable"

Écrit par Antoine Kaburahe

Lundi, 01 Mars 2010 18:20

Abbé Adrien 
Ntabona ©Iwacu

Des seaux remplis d’excréments ont été découverts dimanche dernier à l’aube devant le siège du MSD à Gishubi. Pour l’Abbé Ntabona, spécialiste de la culture burundaise, c’est un geste inacceptable.

L’Abbé Adrien Ntabona, comme de nombreux Burundais a été choqué par ce geste posé devant la  permanence du parti MSD à Gishubi :. Pour ce défenseur de la culture burundaise, le geste de Gishubi est plus grave qu’une simple injure genre « wa mavyi we !». (espèce de merde.) Ils sont allés chercher des seaux, les remplir d’excréments, les déposer devant la permanence de ce parti. C’est grave. Il ya eu une volonté arrêtée, une élaboration ». L’abbé Ntabona estime que ceux qui ont fait cela n’ont aucun respect pour eux-mêmes. Et de rappeler un proverbe burundais assez cru d’ailleurs : « ukubita Ukubita inkoni mu mavyi akagutarukirako » (frapper dans la merde c’est prendre le risque d’en être éclaboussé). L’anthropologue  burundais  rappelle que  les génocides ont commencé par des gestes, des insultes. « Il faut oser le dire » répète avec force l’Abbé Ntabona. Des Juifs étaient comparés à des scorpions, des  Tutsis  à des cancrelats, le summum de cette négation de l’humanité de l’autre a été atteint par l’anéantissement, l’extermination, le génocide.

Les dirigeants de partis doivent rééduquer leurs militants
Abbé Adrien Ntabona :«Comparer l’autre à la merde est une symbolique terrible. On nie l’autre.» ©Iwacu

Comparer l’autre à la merde est une symbolique terrible. On nie l’autre. On le compare à quelque chose de très sale qui sort de l’homme. « L’excrément dans toutes les cultures est  une vilaine chose. Ce sont des déchets puants dont on se débarrasse, que l’on enfouit».
Le geste posé à Gishubi devrait pousser les dirigeants des partis politiques à réagir. « Le silence face à la production de la merde comme moyen de combat est inacceptable, un dirigeant qui laisse passer cela  risque lui-même  d’être éclaboussé, et permettez-moi l’expression, emmerdé » .
D’après l’Abbé Ntabona, il est urgent que «  les dirigeants de partis rééduquent  leurs militants ».s’ils veulent gouverner, un minimum de hauteur, et de retenue est indispensable. Des gestes comme celui-là rendent « abject l’individu. »
« La guerre nous a habitués à trouver l’horreur normale», regrette l’Abbe Ntabona. Avec ces seaux remplis d’excréments devant une permanence d’un parti à Gishubi  , beaucoup d’observateurs estiment  que là on commence une  terrible descente dans l’abject, dans l’horreur. Comme s’il n’y a plus de limite…
Antoine Kaburahe