LE DOSSIER

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 02/01/2010

Organisation Burundaise “IZERE”                                                    Pays-Bas, le 28 Décembre 2009       

Trasmolenstraat 22

1333 CX Almere/ Pays-Bas

E-mail : izere2008@yahoo.fr                    

Rapport général

 

JOURNEE BURUNDAISE AUX PAYS-BAS.

 

En date du 28 Novembre 2009, "IZERE" a organisé une Journée de réflexion sur la situation sociale, politique et économique actuelle au Burundi, dans la Salle des Conférences de l'Hôtel de Ville d'Almere aux Pays-Bas.

La journée a été ouverte par une messe œcuménique (animée par les Révérends Pères Miltenburg et Buurman ainsi que le Pasteur Siméon) centrée sur l'amour et la réconciliation pour bâtir ensemble le Burundi.

Notre Journée Burundaise a connu non seulement la participation de nombreux Burundais mais aussi des Amis du Burundi. Figuraient parmi les invités: les représentants du Gouvernement Burundais, du Ministère de la Coopération des Pays-Bas, de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), de l'Association Néerlandaise pour les Nations Unies (NVVN), de Amnistie Internationale, des media's Néerlandais, de plusieurs représentants d'Entreprises et d'Ong's  Hollandaises.

Des activités culturelles étaient au rendez-vous passant du tambour Burundais à la poésie pastorale burundaise “amazina y'ubuhizi”, “amazina y'inzuki” ainsi qu'une exposition des objets d’art burundais et la présentation des livres sur le Burundi dont celui de Michel Kayoya, Mme W.Kabura, Mme Nzigamye ainsi que celui du Congolais Mr Kalunga.

Après avoir remercié les Pères Hollandais et le Pasteur Burundais pour la célébration eucharistique, le président d'IZERE a ouvert la rencontre en souhaitant la bienvenue à tous les invités qui ont bien voulu réserver cette journée pour le Burundi.

“C'est un honneur pour IZERE de vous accueillir dans cette jolie salle de conférences de l'Hôtel de Ville d'Almere. Votre présence ici est une expression de votre engagement à soutenir les Burundais dans leur lutte quotidienne pour la démocratie. Que les échanges d'aujourd'hui puissent contribuer aux différents efforts visant une paix durable au Burundi”, dira Mr André Nkeshimana avant d'ouvrir les débats sur les trois thèmes de la journée, en invitant les participants à échanger sur ces sujets sans aucun tabou mais dans le respet mutuel!

Suivra un débat très animé en trois épisodes, conformément aux thèmes présentés:

1. Le premier débat sur « les élections de 2010 » a été marqué par la participation active du Représentant de  l'Ambassade du Burundi pour le Benelux, Mr Bernard Bijonya; le Représentant de la CENI, Mme Adelaide Ndayirorere; le Représentant du Ministère de la Coopération, Mme Schaik; la Représentante de la NVVN, Mme Van Peski (récemment nommée Représentante des Femmes Néerlandaises auprès des Nations Unies pour l'an 2010) ainsi que le Représentant des Médias, Mr Kanza de la Radio -Nederland.

 Le débat sur ce thème a été ouvert par une intervention de Mme Luken, la personne de contact pour le Burundi auprès d'Amnistie Internationale -Hollande. Dans son allocution, elle a évoqué les derniers développements positifs et négatifs au Burundi.

-Soulignant les aspects positifs, Mme Luken a parlé de deux principaux facteurs à savoir la fin de la guerre et le nouveau code pénal, en ces termes: « L’intégration du FLN dans la politique, l’administration et l’armée, la démobilisation des enfants-soldats et le désarmement de civils même s'il n'est pas encore terminé; le retour des milliers de réfugiés Burundais avec l’aide de UNHCR (même si les réintégrer reste un grand défi économique et social), le nouveau code qui abolit la peine de mort, le fait que la torture et crimes de guerre, les violences contre les femmes et les enfants sont désormais sévèrement punissables,... constituent des notes d'espoir pour le Burundi ». Elle a fait remarquer que des efforts pour développer l’éducation, l’accès à la santé, l’intégration des Batwa et l'implication de la société civile (et des femmes notamment) dans les activités visant à défendre et promouvoir les droits humains, sont positivement observés. Enfin, elle a informé le public que le pays est passé, en matière de sécurité, du niveau d’alerte 4 au niveau d’alerte 3.

-S'agissant des aspects préoccupants, l'orateur a noté la situation socio-économique qui reste très vulnérable notamment pour les habitants des zones rurales, les Batwas, les rapatriés et les ex-combattants démobilisés; le taux de criminalité qui selon la BINUB s'est aggravé, la situation des prisonniers dans les prisons surpeuplées; le nouveau code qui punit l’homosexualité contrairement à l’esprit des Conventions Internationales que le Burundi a traitées et ratifiées; une inquiétude exprimée par de nombreux observateurs devant l’apparition des groupes de jeunes gens associés à des partis politiques qui se livreraient à des activités de type para-militaires, une augmentation des restrictions des droits civils et politiques qui auraient été régulièrement niés aux partis d’opposition et aux organisations de la société civile ainsi qu'une ingérence politique dans les décisions de la justice.

Elle a terminé son discours en saluant l'initiative d'IZERE et en encourageant toute initiative du genre pouvant servir à la consolidation de la paix, au respect et à la promotion des droits humains.

Les orateurs du jour prendront la parole l'un après l'autre sur ce premier sujet:

-Dans son intervention, le Général Bijonya passera en revue les différents aspects positifs et négatifs et démentira catégoriquement l'existence de groupes de jeunes gens associés à des partis politiques. Le représentant du Frodebu aux Benelux, Mr Ndahabonimana accusera tout de suite sans détour le Parti au pouvoir qui entretient, selon lui, au grand jour ces groupes de jeunes.

Le président des débats ne permettra pas d'autres interventions sur ce point qui commençait déjà à créer de la polémique dans la salle sous forme d'accusations mutuelles.

Deux scénarios ont retenu l'attention du public: le scénario positif (pour les optimistes) et le scénario négatif (pour les pessimistes).

-Pour ces premiers, les élections se dérouleront sans difficultés et la victoire sera acceptée par toutes les parties en compétition avec comme résultats le renforcement de la bonne gouvernance, l'amélioration de la situation sociale et économique suite à l'accroissement des investissements étrangers, le respect des droits de l'homme, etc.

-Pour les seconds, le scrutin butera sur l'entêtement et le refus catégorique des partis qui auront perdu les élections et qui contesteront les résultats pour des prétextes divers (tricheries, corruptions, intimidations, etc.). Les observateurs internationaux présents sur terrain seront incapables de changer quoi que ce soit! Cette situation de tension ne pourra pas être maitrisée et conduira inévitablement à des coups de force, la désobéissance civile, un conflit armé, des emprisonnements, une guerre civile et même un Coup d'Etat (pour les plus pessimistes!).

Voici la question qui a dominé les débats: « Comment favoriser le premier scénario et éviter ce dernier scénario catastrophe? »

Beaucoup d'intervenants donneront des propositions sous forme de recommandations:

- Selon son représentant, la CENI privilégie le scénario positif mais on ne peut pas ne pas réfléchir sur l'éventualité de ce deuxième scénario parce que cela s'est déjà produit dans d'autres pays: “la sensibilisation de Burundais et un dialogue permanent entre les différents partenaires politiques peuvent contribuer à éviter ce scénario catastrophe”, dira Mme Adélaide.

- Pour Madame Van Peski qui a déjà participé dans beaucoup de missions d'observations, la population doit rester consciente et informée des principes démocratiques. Il faut multiplier et faciliter le dialogue entre les différents partenaires pour éviter des conflits.

- Selon le général Bijonya, ce scénario serait fatal pour tout le peuple Burundais. En répondant à la question de savoir si l'armée et la police sont capables de sécuriser les élections, il confirmera qu'íl n'a pas de doute que ces corps soient capables parce qu' íls sont régulièrement préparés.

- Pour Mr Kanza, les médias peuvent constituer un couteau à double tranchant si on ne coordonne pas leurs activités pendant la période électorale. Tout le monde doit avoir accès aux médias:

« Ils constituent un instrument important et ils sont en principe libres mais il faut une gestion objective pour les rentabiliser au profit d'un bon processus électoral ».

- Pour Mme Ndayirorere, un autre scénario plausible est celui des élections qui n'auront pas lieu faute de moyens suffisants (matériels et financiers) pour l'organisation des différents scrutins.

- Mme la représentante du Ministère de la Coopération des Pays-Bas a tranquillisé le public sur ce manque de moyens tout en insistant sur l'importance de la collaboration bilatérale entre le Burundi et ses partenaires étrangers surtout en ce qui concerne le respect des droits de l'homme.

- Pour beaucoup de participants, le gouvernement et les partis d´opposition doivent respecter la loi et se respecter mutuellement: un dialogue continu évitera de désorienter la population!

-A l'intention de la Communauté Internationale, à l'U.E en particulier, il a été recommandé l'envoi de beaucoup d'observateurs internationaux pour suivre le déroulement des élections, avec un mandat clair afin qu´ils puissent agir en cas de besoin.

- Pour tous les intervenants, “les cas du Kenya et du Zimbabwe devraient servir d'écoles aux Burundais!” Le Ghana a été cité comme modèle à copier!

La même question reste toujours posée jusqu'aujourd'hui: Comment éviter le scénario catastrophe au Burundi? Et que faire si malgré tous les efforts cela arrivait ? Qui fait quoi en ce moment?

2. Le second débat sur la situation sociale et économique a été ouvert par la présentation des projets sociaux et économiques réalisés par IZERE au Burundi: les interventions dans les hôpitaux en partenariat avec les chirurgiens Hollandais, les droits de l'homme en milieu scolaire, le sport comme instrument à la réconciliation, les coopératives, le projet bancaire, une assistance à caractère humanitaire en faveur des orphelinats de Ngozi et de Bujumbura (Anawin), les cas sociaux, etc. 

Ce débat a vu une participation active des ONG's et surtout des Entreprises Néerlandaises:

- Interplast: Mr Scholtens a annoncé la deuxième mission chirurgicale programmée en mars prochain dans les provinces de Bujumbura, Ngozi et Kayanza, dans le cadre du partenariat IZERE-Interplast. L'appel a été lancé pour que les malades se présentent pour le screening aux endroits qui leur seront indiqués par IZERE-Burundi.

- Mr Koffeman de Urk Fish a parlé de leurs expériences en Ethiopie et a exprimé le souhait de collaborer pour un projet de pêche au Burundi.

- Mr W. Nuijen qui représentait le PUM-Nederland a déjà visité le Burundi et aura le plaisir de collaborer à la réalisation des projets au Burundi dans le domaine de l'énergie et du bâtiment.

- Mr E. Jacobs qui exploite déjà un projet touristique au Rwanda exprimera sa disponibilité à étudier avec nous les possibilités d'exploiter ce secteur au Burundi.

- MM Heesbeen et V/d Herik de Auxfam voudraient collaborer à la création du réseau bancaire pour la diaspora à travers le transfert des fonds, comme ils le font déjà au Rwanda et au Kenya.

-Mr Versteeg a exposé sur le projet “Sport comme instrument de la réconciliation” sur base de son expérience avec Mutare/Zimbabwe où il supervise un projet similaire.

-Mme Van Houte a donné ses impressions après son séjour au Burundi et a encouragé les Burundais de la diaspora à investir dans leur pays, après ses enquêtes sur l'apport de la diaspora au développement des pays des Grands Lacs,  pour le compte de CIDIN- Université de Nijmegen.

- Les sociétés Agrico (pomme de terre), Flora Holland (fleurs), Rumptstad et Enza Zaden (agriculture), Form Intl. (milieu), souhaitent participer à une mission de reconnaissance au Burundi.

- Les Burundais ont également eu l'occasion de présenter leurs projets: un projet de l'Association Tabarana “plaques solaires” présentés par Mr I. Nimpagaritse, un projet présenté par Mr F. Mwami en faveur des personnes victimes des problèmes psycho-sociaux et des organisations qui interviennent en matière de santé mentale; un projet de construction d'une école présentée par Mme M. Kandava et un projet Tawel qui rend des services à travers “les bons” en faveur des familles restées au Burundi, présenté par Mme M. Kigeme.

Parlant de l'EAC, les participants ont fait remarquer que ce cadre peut constituer une possibilité de stabilité et d´une paix durable accompagnés d'un développement économique tenant compte des atouts régionaux. Toutefois, il a été souligné le fait que le Burundi n'est pas préparé pour entrer en compétition eu égard à la situation économique défavorable par rapport aux autres membres de l'EAC en plus du problème lié à la langue de travail qui est l'Anglais. Le public a déploré également que beaucoup de Burundais ne soient pas jusqu'aujourd'hui informés des enjeux ou des avantages et des inconvénients éventuels liés à l'entrée du Burundi dans cette communauté. Il a été recommandé  une formation en faveur des groupes ciblés tels que les Hommes d'affaires, les ministères directement concernés, ... pour essayer de s'adapter et pouvoir fonctionner efficacement dans ce nouveau contexte régional.

Clôturant les échanges sur ce sujet, Mr A. Nkeshimana a invité les Burundais de la diaspora à entrer directement en contact avec les hommes d'affaires présents en vue d'un partenariat visant l'investissement dans notre pays profitant notamment de sa position géographique à la frontière du Congo.

3. Le troisième thème du débat sur “la situation des refugiés Burundais vivant aux Pays-Bas” a été ouvert par une note résumant les échanges qui ont eu lieu l'année dernière sur ce sujet en présence du représentant du Gouvernement Néerlandais et celui du Gouvernement Burundais.  

Selon Mr Van Offeren, la maison ASKV est disponible pour assister les personnes qui n'ont pas de permis de résidence en vue de reprendre éventuellement leur procédure d'asile ou de bénéficier de certains services publics tels que les soins de santé, le logement, etc.

Il a été noté que des cas de refus du séjour pour les Burundais sont toujours signalés ici et là.

A la dernière question sur l'optimisme face à l'évolution de la situation globale au Burundi, le public s'est montré d'un optimisme nuancé car les défis sont encore nombreux!

Enfin, les orateurs de la journée ont promis de faire le rapport de ces débats auprès des instances qu'ils représentaient en vue d'en faire le suivi. En effet, il a été recommandé de continuer à sensibiliser les Burundais par des conférences débats aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'étranger.

Notons que IZERE avait pensé à un programme spécial pour les enfants (de 14h jusqu'à 18h) pendant que les adultes échangeaient sur les différents thèmes de la journée.

 

Le Président d' IZERE a clôturé les travaux en remerciant vivement le comité d'organisation et les Institutions qui ont participé matériellement et financièrement, les intervenants ainsi que toutes les  instances qui ont contribué à la réussite des travaux de “la Journée Burundaise”.

La rencontre s’est terminée à l'heure prévue par un repas burundais agrémenté par de la musique Burundaise et Africaine et en compagnie de Mr Raymond, chanteur Hollandais.

NB: Veuillez visiter ce site si vous voulez vivre la Journée Burundaise en images:

http://www.access-rwanda-safaris.com/izere-jalbum/

 

Pour IZERE,

Secrétariat, le rapporteur général