Burundi news, le 30/12/2008

Association Burundaise “IZERE”                                                      Pays-Bas, le 20 Décembre 2008       

Trasmolenstraat 22

1333 CX Almere/ Pays-Bas

E-mail : izere2008@yahoo.fr

 

                  

Rapport général

 

JOURNEE DE REFLEXION SUR LE BURUNDI.

 

En date du 15 Novembre 2008, l'Association des Burundais vivant aux Pays-Bas "IZERE" a organisé une Journée de réflexion sur la situation sociale & politique actuelle et la reconstruction du Burundi, dans la salle des Conférences de la Mairie d'Almere aux Pays-Bas.

Faisant suite à une série de rencontres et des missions effectuées au Burundi et aux Pays-Bas respectivement en Janvier et Mai 2008, a connu non seulement la participation de nombreux Burundais mais aussi celle des Amis du Burundi, des représentants des Ministères de la Coopération et de la Justice, Amnistie Internationale, des représentants d'Entreprises et d'ONG's Hollandaises.

La journée a été ouverte par une messe (animée par les Pères Néerlandais Timmermans et Johan)  centrée sur l'amour et la réconciliation pour bâtir ensemble le Burundi.

Comme à l'accoutumée, des manifestations culturelles (tambours burundais, indingiti, exposition des objets d’art burundais) ont créé une ambiance de fête des retrouvailles de plus entre Burundais et Amis du Burundi. Notons que les enfants avaient un programme spécial sous la supervision de la fondation Kijken-Flevoland de 14h.00 jusqu'à 19h.00. 

Dans son discours d'ouverture, Mr André Nkeshimana, après avoir souhaité la bienvenue aux participants, a indiqué le cadre et les motivations du débat organisé à l'occasion de cette journée sur trois principaux thèmes:

-Les négociations entre le Gouvernement Burundais et le Palipehutu-FNL et les élections de 2010

-Les projets de développement du Burundi (secteur privé, PME, mission d'affaires au Burundi, ...)

-Le permis de séjour des Burundais aux Pays-Bas.

 I. Dans son mot d'introduction du premier sujet, le président d' IZERE a précisé que c'est dans le cadre général du suivi des différentes activités initiées par IZERE, mais qu'un débat sur ce thème intervient au moment où on observe une méfiance entre le Gouvernement et le Palipehutu-FNL et une absence presque totale de dialogue entre le pouvoir et les partis politiques qui trouvent chaque fois des arguments pour bloquer les négociations en s'accusant mutuellement en vue de se positionner et d'attirer la sympathie de la population. Ce qui constitue à la longue un malaise social de la population et une menace sérieuse au processus de paix.

Quant aux élections de 2010: Pour le Parti au pouvoir, l'objectif premier est d'y rester, chose compréhensif. Pour les Partis d'opposition, il faut à tout prix accéder au pouvoir, c'est aussi légitime. Mais alors, du côté de l'électeur, son choix dépendra du programme que les partis vont lui présenter notamment au niveau de sa sécurité physique, économique et sociale.

Le Représentant du Gouvernement Hollandais et celui du Palipehutu-FNL ont monopolisé la parole sur ce premier sujet, étant donné que le représentant du Gouvernement est arrivé très tardivement.

Mr Rukindikiza relèvera des manquements du Gouvernement dans les différents secteurs: les violations des droits de l'homme, la corruption, les défaillances de la justice au Burundi, les cas de tortures, les représailles contre les opposants politiques citant notamment Alexis Sinduhije, etc.

Le Représentant du Palipehutu a exprimé leur ferme volonté de se présenter devant l'électeur en 2010 avec un programme qui tient compte de ses préoccupations, principalement les Exclus. Son programme se résume en ce qu'íls ont appelé « contrat social ». Il a expliqué -sans convaincre - les objectifs du Palipehutu-FNL qui considère que le gouvernement n'a pas répondu aux attentes de la population: « le Palipehutu a opté pour la paix » conclura l'orateur.

Des inquiétudes ont été exprimées surtout sur le fait que personne parmi les partenaires politiques Burundais, ne semble être prêt à accepter que l'autre a gagné les élections honnêtement, que ce soit le Gouvernement, le Palipehutu-FNL ou les autres Partis qui ne sont pas au pouvoir.

Tout le monde reconnaît toutefois que « le Kenya et le Zimbabwé devraient nous servir d'école! »

En vue de dissiper les peurs des gens et d'essayer de garantir un scrutin serein (quand on sait que des armes circulent encore dans la population en plus des calculs politiques des uns comme des autres), il a été notamment recommandé la création d'une Commission Electorale en concertation avec tous les partenaires politiques.

Une recommandation spéciale a été adressée à l'Union Européenne (la Hollande en particulier) de manifester leur soutien à la démocratie et au peuple Burundais, par une présence massive des observateurs internationaux en vue d'éviter des dérapages à la Zimbabwéene ou à la Kenyanne.

Quant à la part de la diaspora Burundaise et le rôle que doit jouer un parlementaire dans le processus électoral en cours, les participants ont recommandé un débat sur ces sujets.

Enfin, il a été demandé à la médiation et à la communauté internationale en général (l'U.E et la Hollande en particulier) de continuer à soutenir le processus de paix en cours au Burundi.

Mme Nzigamye a prodigué des conseils aux Burundais à travers son livre « la voix d'une femme » où elle plaide pour la Communauté des Sans Ethnie où les ethnies ne seront plus un vecteur, ni un prétexte à la peur, à la haine et à l'élimination d'un autre concitoyen. Elle interpelle les Burundais (la Femme en particulier) et nous met en éveil pour un réel engagement et la sauvegarde de la paix: « ce livre devrait nous pousser à jurer par la paix et pour la paix », a conclut l'auteur.

Mr Albert Devos quant à lui a présenté le livre de l 'Abbé Michel Kayoya « Entre Deux Mondes » comme un cri qui reveille la jeunesse de notre pays, une méditation pour réveiller la fierté et la dignité de ses frères. « Aimer l'homme, l'instruire, le rendre conscient, l'éduquer, le rendre digne, libre, ... c'est cela la charité » nous dira ce prêtre assassiné en 1972 dans son premier livre « Sur les traces de mon Père ». Il nous interpelle tous à être débout et donner la paix à notre pays et le pain à nos frères en luttant contre le sous-développement. Il termine ses appels par des chants sur le développement à travers la beauté et les richesses de notre pays. 

II. Le deuxième thème sur la vie  économique et les projets de développement de notre pays a été introduit par les images relatives à la mission économique des Burundais de la diaspora qui a eu lieu en Janvier 2008.

Certains membres de la délégation présents ont donné leurs impressions sur la mission ainsi que les activités effectuées pendant leurs séjours au Burundi, chacun dans son domaine d'activités. Ils ont tous déploré l'état de pauvreté qui est à son plus haut niveau et ont lancé un cri d'alarme : « le pays  a besoin des bonnes volontés pour soulager la misère des populations ». Ils ont tous souligné que la population se montre optimiste malgré les malheurs qui la secoue au quotidien. 

Le représentant du Gouvernement Néerlandais a souligné la participation de la Hollande aux efforts économiques en se référant à l'engagement pris par le Ministre de la Coopération, Mr Koenders, d'accompagner économiquement le Burundi. Elle a également parlé du rôle que joue la Hollande dans l'encadrement des corps de sécurité en l'occurrence la police Nationale.

S'exprimant sur l'ultimatum adressé au Palipehutu-FNL par la médiation, le représentant du Gouvernement hollandais a rappelé que « les négociations durent longtemps et coûtent très chers ».

Le représentant du Palipehutu-FNL s'est exprimé sur ce sujet en regrettant comme tout le monde la situation de pauvreté à laquelle notre pays fait face.

Les hommes d'affaires Hollandais présents ont eu l'occasion de présenter les activités de leurs Sociétés ou entreprises avant de laisser la parole au public.

Beaucoup de questions ont été posées sur les interventions des différentes personnalités notamment en rapport avec la contribution de la Hollande en matière économique, le travail de INTENT en plus des inquiétudes exprimées en rapport avec la dévaluation de la monnaie Burundaise et la crise économique actuelle qui secoue le monde. Une paix durable n’est pas possible aussi longtemps que la situation économique reste alarmante et que les premières préoccupations de la population telles la pauvreté, les problèmes de santé, … n’auront pas trouvées de solutions.

L'opérateur économique Mr Nahimana Constantin a lancé quant à lui un appel aux investisseurs étrangers à s'associer aux Burundais pour contribuer à la relance de l'économie Burundaise. Ils ont été appelés à créer un partenariat avec les opérateurs économiques Burundais pour pouvoir bénéficier des avantages du nouveau code d'investissement qui entre en vigueur en Janvier prochain.

Les hommes d'affaires Oskam (briqueterie), Hijtek (boulangerie), Drukwinkel-E'loord (imprimeries), Intent et Cimex (entreprenariat privé), Agrico (producteur de pommes de terres) et  Urk Fish (spécialisé dans le poisson- cfr son travail en Ethiopie sur le lac Tanu) se sont engagés, chacun dans son domaine,  à étudier les possibilités de faire suite à l'appel lancé par Mr Constantin, président de l'Association des Commerçants du Burundi, ACOBU.

Une mission d'affaires dans différents domaines est entrain d'être préparée par IZERE en vue de donner l'occasion aux Hommes d'affaires Hollandais de discuter et de pouvoir conclure des relations d'affaires en faveur du Burundi.

Le président de IZERE a parlé de la mission effectuée en Octobre au Burundi, organisée conjointement avec Interplast Holland. C'était une mission de suivi des projets IZERE dans le domaine médical, préparant un envoi d'une équipe de médecins Hollandais pour aider dans les opérations chirurgicales dans les hôpitaux Burundais, principalement dans le  domaine de la médecine plastique. Cette mission médicale aura lieu en Mai 2009.

Avant de clore ce dossier, Mr A.Nkeshimana a indiqué une série d'activités IZERE en cours de préparation et de réalisation notamment les coopératives populaires perçues comme centres de rayonnement régional, les Droits de l'Homme dans l'enseignement (en collaboration avec le syndicat Steb),  la briqueterie, le Sport et la Culture comme instruments de la réconciliation, les PME en partenariat avec IntEnt-Holland, etc.

Enfin, il a été annoncé que IZERE a adressé -en guise de suivi – deux correspondances aux Ministres de l'Agriculture et celui de l'Education Nationale en vue de les informer des engagements pris par certaines Entreprises Néerlandaises en Mai dernier, à l'occasion de la Semaine Burundaise aux Pays-Bas.

III. Permis de séjour des Burundais aux Pays-Bas:

Avant de commencer le débat sur ce thème, le Représentant de Amnesty International, Mme Luken a exposé sur les droits de l'homme au Burundi en insistant sur les développements positifs dont le jugement relatif aux massacres de Muyinga, les cas de tortures (moins de cas ont été enregistrés les six derniers mois), les efforts constatés dans la gestion des prisons, le nouveau code de déontologie du personnel du SNR. Elle a noté que le gouvernement burundais a accueilli favorablement la campagne d’AI visant la  prévention  et la répression des violences envers les femmes.

Toutefois, elle a souligné l'insécurité qui persiste aussi bien dans les villes que dans les campagnes : crimes et violences privés, à caractère politique ou policière ainsi que le banditisme. Elle a parlé des droits économiques dans ces termes: « Malgré les aides externes, pas d’amélioration significative du  niveau de vie des populations  -rurales en particulier-. »

Parlant des droits humains: elle a cité les intimidations, harcèlements, arrestations arbitraires, chantages, emprisonnements illégaux. Les cibles principales étant les journalistes, opposants et concurrents politiques, juristes, militants des droits humains,.. faisant allusion notamment à Alexis Sinduhije et aux arrestations de 25 membres de l’UDP en province de Ngozi, fin Septembre 2008.

Introduisant ce sujet, Mr A. Nkeshimana a présenté et remercié le représentant du Ministère de la Justice Hollandaise qui a accepté de venir participer à ces échanges sur la situation actuelle du Permis de séjour des Burundais: Mesdames et Messieurs, c'est pour nous une occasion de poser des questions et d'avoir des informations précises sur ce dossier. « Je vous prie d'être clair et bref pour permettre aux autres de pouvoir s'exprimer », a dit Mr Nkeshimana.

Le premier à prendre la parole sera le Représentant du Gouvernement Burundais qui venait juste d'arriver. Il a tenu d'abord à présenter ses excuses avant d'expliquer aux participants le principe de la souveraineté d'un pays en précisant le droit de chaque Etat de demander à un pays tiers d'accueillir ses ressortissants. Le Burundi l'a déjà fait à maintes reprises `notamment à l'égard des ressortissants Rwandais et Congolais: « aucun Etat ne peut obliger un autre à garder un ressortissant étranger ».

Suivra l'intervention du Représentant de la justice qui expliquera la différence entre le Retour volontaire et le Retour forcé. Il est prévu notamment un soutien financier à celui qui retourne volontairement dans son pays, conformément à la nouvelle politique du Ministère de la Justice à l'égard des Burundais. Il y a eu un accord entre les autorités du Burundi et des Pays-Bas concernées par cette question, suite à la nouvelle vision de la Hollande qui a revu les conditions de séjour des Burundais.

L'intervention de Mr Rukindikiza sera suivie avec beaucoup d'attention. Il s'est concentré sur «l'insécurité qui s'observe aujourd'hui dans tout le pays ». Il reviendra sur les injustices sociales au Burundi, les tueries des populations innocentes, etc.

Bien de gens attendaient apparemment le débat sur ce sujet avec impatience. Un débat quelque peu tendu aura lieu sur ce sujet sensible: en effet, les participants ont fait beaucoup d'interventions très souvent émaillés d'émotions mêlées à des énervements pour certains.

Débattant sur l'insécurité au Burundi, les points de vue étaient diamétralement opposés: les uns accusant le gouvernement pendant que les autres tentaient de défendre que ce ne sont que des cas isolés. Cédant aux émotions du public, Mr Rukindikiza appellera la communauté internationale à ne pas continuer à soutenir ce gouvernement qui n'arrive pas à sécuriser sa population.

Certains participants n'étaient pas d'accord: le Représentant du Gouvernement a rejoint l'Homme d'affaires Nahimana Constantin pour dire que la sécurité n'était plus un grand problème au Burundi, se référant sur le transport des ses camions en provenance du Kenya.

Les participants ont posées pas mal de questions notamment sur le protocole d'entente signé à Bujumbura en Août dernier par l'Ambassadeur Paul Munyembari. Ils ont signalé les cas de Burundais traumatisés, la séparation des familles (enfants séparés de ses parents), les emprisonnements,  les étudiants obligés d'interrompre leur formation, ...  

Après avoir échangé sur les différentes situations, il a été souhaité par le public de revoir cet accord entre les deux pays pour reparler des cas notamment où l'autorité Hollandaise retire le Permis de séjour aux Burundais en les mettant de facto dans une situation illégale « des sans papiers ».

Beaucoup d'invités trouvent que cette nouvelle vison sur les conditions d’asile à l'égard de certains pays dont le Burundi risque de ternir l’image de la Hollande qui est souvent cité comme un pays accueillant avec un système social exemplaire, etc.

Le représentant du Gouvernement Burundais et celui du Ministère Hollandais de la justice ont promis de faire le suivi de ce dossier en consultation avec les autorités concernées dans le souci de voir comment analyser les dossiers cas par cas et dans les conditions plus humaines suivies d'un programme clair d'accompagnement en cas de refus catégorique.

S'adressant à ses compatriotes sur ce sujet délicat, Mr A. Nkeshimana a souligné ,sur un ton assez sévère, que « IZERE ne collabore ni avec le Gouvernement Burundais, ni avec le Gouvernement Hollandais sur ce dossier, comme le disent certaines langues abusées. André Nkeshimana n'y est pour rien et regrette autant que tout le monde que ses compatriotes soient obligés de rentrer menottés actuellement ». Il a recommandé le dialogue avant de privilégier toute autre forme de revendications telles les manifestations comme cela avait été organisé -sans succès- ce même jour. 

Avant de remercier les participants pour avoir répondu favorablement à l'invitation de IZERE, après avoir exprimé toute sa reconnaissance à la Mairie d'Almere, aux financiers de cette journée ainsi que tous ceux qui ont contribué dans la préparation et l’organisation de cette rencontre; Mr André Nkeshimana, a dans son mot de clôture invité le public à poursuivre les échanges dans le cadre informel pendant la réception et un dîner à la Burundaise prévue pour clôturer cette rencontre.

La journée s'est clôturée à 22h30  conformément au programme d'activités, par la distribution des cadeaux aux différents orateurs (un t-shirt et un stylo IZERE) en guise de souvenir et sur un fond de musique Burundaise et Africaine.

Pour l'Association IZERE,

Secrétariat, rapporteur général.