LE PLAN MACHIAVELIQUE DE JEREMIE NGENDAKUMANA POUR DESTITUER LE PRESIDENT NKURUNZIZA

Par Gratien Rukindikiza

 Burundi news, le 29 septembre 2007

Celui qui demandait à Dieu de le protéger de ses amis en disant que pour ses ennemis, il s'en occupe, avait raison. Ce sont les soi-disants amis qui enfoncent les premiers le couteau. Il y a des amis et des amis. Le Président Nkurunziza devait se méfier de ses faux amis, même de ses faux conseillers. Radjabu, l'ancien président du parti CNDD-FDD en sait quelque chose. Ceux qui lui disaient chaque fois qu'il a raison ont été les premiers à l'accabler. Le successeur de Radjabu a bien appris la leçon, faire du Radjabu, voire pire, pour récupérer le pouvoir. Ces derniers jours, le plan machiavélique pour destituer le Président Nkurunziza était avancé. De quoi s'agit-il? Qui est-ce qui bloque ce plan?

Jérémie Ngendakumana a été propulsé à la tête du parti CNDD-FDD, non par les militants, mais en réalité par certains généraux qui avaient un agenda caché. Manassé Nzobonimpa, le seigneur de guerre de Kibira où il a commandé pendant la rébellion, était secrétaire général du CNDD-FDD à la destitution de Radjabu. Il s'est beaucoup impliqué et a même failli y laisser sa peau. Les multiples crevaisons des pneus de sa voiture n'étaient pas un hasard. Pourtant, la présidence du CNDD-FDD lui a échappé.

Jérémie s'est comporté dans certains cas pire que Radjabu. A l'Assemblée Nationale, il entre toujours par la porte du président de l'Assemblée Nationale et gare ses voitures juste à côté de ceux du président de l'Assemblée Nationale alors qu'il est un député comme els autres. Lors des réunions du parti, les voies discordantes ne sont pas admises. On ferme sa gueule ou on quitte le parti. Les militants se plaignent mais n'ont pas de tribune pour se plaindre. Ils assistent impuissants aux pratiques de ce néo-dictateur.

Pousser  le Président de la République à l'erreur

Le Président Nkurunziza a eu confiance en Jérémie Ngendakumana et il a failli la payer cher. Jérémie Ngendakumana a encouragé le Président Nkurunziza à ne pas céder aux revendications légitimes du Frodebu et de l'Uprona. Malgré les injonctions de la communauté internationale, Jérémie Ngendakumana a fait tout pour que le Président reste sourd et muet. La communauté internationale a bloqué les aides. Le Burundi est passé dans une phase proche de l'asphyxie financière publique. Nkurunziza est resté fidèle à lui-même dans sa faiblesse, ne pouvant pas dire non à Jérémie Ngendakumana, il a bloqué le pays. Le but poursuivi par Jérémie Ngendakumana était de pousser le Président vers la sortie. Ainsi, il était prévu dans ces jours un conseil des décideurs (Quelques poids lourds y compris quelques généraux proches de Jérémie) pour demander au Président de la République de céder sa place pour sauver le pays. Cette phase était prévue après la prise de contrôle de l'Assemblée Nationale.

Des promotions pour céder les places de contrôle de l'assemblée Nationale

Le président actuel de l'Assemblée Nationale Ntavyohanyuma devait partir dans le parlement de l' East Africa Community. Jérémie Ngendakumana devait alors accéder au poste convoité de président de l'Assemblée Nationale. Ce poste est très convoité car il permet d'accéder automatiquement par intérim en cas d'empêchement du Président de la République, de sa mort ou autres cas. Jérémie avait demandé en vain un autre poste pour Alice Nzomukunda, 1 ère vice-présidente de l'Assemblée Nationale, qui refuse de se soumettre à son diktat. Alice Nzomukunda a été la première à lancer les critiques ouvertes contre Radjabu. C'est elle qui s'était opposée à la publication des photos des opposants dans le journal Intumwa de Willy Nyamitwe. C'est elle qui a osé dire la vérité de ce qui se passe au Burundi aux militants du CNDD-FDD de Belgique il y a deux semaines. C'est aussi pour cela que Jérémie Ngendakumana a réuni aujourd'hui les mêmes militants de Belgique pour dire le contraire de ce qu'a dit Alice Nzomukunda.

A défaut de faire partir  Alice Nzomukunda de son poste, une campagne de diabolisation allait commencer sous la houlette de Willy Nyamitwe à travers son journal de la haine Intumwa. La campagne diabolisation d'Alice Nzomukunda sur sa vie privée a été orchestrée par Jérémie Ngendakumana comme si de son côté, il n'avait rien à se reprocher.

Après le contrôle de l'Assemblée Nationale et un accord secret avec quelques membres influents du Sénat, le choix serait alors laissé au Président de la République entre démissionner et être destitué par le congrès des deux chambres du parlement réuni. Jérémie Ngendakumana prévoyait une campagne auprès de l'opposition pour dire qu'il est en faveur du dialogue mais que ce Président Nkurunziza est têtu.  Il devait compter sur certains généraux qui ont peur de perdre leurs places en cas d'échec aux prochaines élections de 2010 et surtout en cas de destitution incontrôlée du Président de la République.

Tout a été fait pour que le système soit verrouillé  afin de réussir le coup. Cependant, certains cadres du parti du CNDD-FDD lui ont posé des problèmes à savoir Alice Nzomukunda et Manassé Nzobonimpa. Alice Nzomukunda a été élu 1 ère vice-présidente de l'Assemblée Nationale malgré les consignes de Jérémie aux députés du CNDD-FDD de ne pas voter pour elle. Le vote secret préféré par Jérémie Ngendakumana pour que les députés du CNDD-FDD ne votent pas Alice Nzomukunda s'est révélé inefficace car elle a obtenu  les 2/3 de l'Assemblée Nationale.

Le voyage de Bruxelles des deux frères ennemis

Une mission à l'étranger pour deux chefs d'un parti, deux poids, deux mesures. Une mission était prévue pour la Belgique afin que le parti CNDD-FDD puisse convaincre la communauté internationale du bon chemin suivi par le Burundi. Jérémie Ngendakumana devait être accompagné par Manassé Nzobonimpa mais le premier ne le voulait pas. Il a refusé de signer  son ordre de mission. C'est la Présidence de la République qui a en fin compte signé l'ordre de mission pour Manassé Nzobonimpa. Selon une source de l'aéroport, Jérémie Ngendakumana a voyagé en première classe et le secrétaire exécutif du conseil des sages du CNDD-FDD, Manassé Nzobonimpa, a voyagé en classe économique. On s'imagine mal les deux personnalités politiques partant pour une même mission dans deux classes différentes de l'avion. Cela suppose qu'un des deux ne voulait pas côtoyer l'autre.

Jérémie Ngendakumana avait fait tout son possible pour ne pas voyager avec Manassé Nzobonimpa d'autant plus qu'ils n'ont pas la même vision des problèmes burundais. Le premier est pour le blocage du pays et le deuxième ne cesse de réclamer auprès du Président de la République d'écouter la raison et s'affranchir de temps en temps de certains conseillers. Le discours de Ngendakumana prévu pour Bruxelles doit changer car celui qui l'accompagne a une autre version; ce qui ne plaît pas au président du CNDD-FDD Jérémie Ngendakumana.

Après le sommet, la chute sera dure

L'homme qui est devenu un des plus  puissants du Burundi a atteint le point de chute. Son voyage a permis de le mettre à nu. Le Président de la République vient de décider de débloquer la situation en acceptant les conditions posées par le Frodebu et en acceptant de remettre aux postes les administrateurs communaux déchus pour appartenance politique. Cette décision va à l'encontre des conseils de Jérémie Ngendakumana. La vision de Manassé Nzobonimpa a pris le dessus. Par ailleurs, le Président de la République a bien compris le sens des conseils de Jérémie Ngendakumana et a décidé de le lâcher.

Jérémie Ngendakumana reprend le cycle de destitution de Radjabu. Décembre 2007 sera décisif et il ne sera plus président du CNDD-FDD en 2008. A vouloir tout, il risque de tout perdre. Ce n'est pas le journal Intumwa qui pourra le sauver. Willy Nyamitwe ne fera que ce qu'il a fait du temps de Radjabu. Il a préféré fermer le site du parti CNDD-FDD pour ne pas prendre partie au moment où il n'était pas sûr de la destitution de Radjabu. C'est ce qu'on appelle l'opportunisme complaisant. Comme je le disais avec Radjabu, le CNDD-FDD a à choisir entre perdre avec Jérémie Ngendakumana ou gagner sans lui avec des changements significatifs.